vendredi 31 décembre 2010

samedi 1er janvier

Depuis le mois de juillet, un relevé statistique s'est ajouté aux fonctionnalités de mon blog. Je le consulte de temps en temps. C'est ainsi que j'ai vu que le nombre de visites par mois "tournait" autour de 1800, soit en moyenne 60 visites par jour, avec un minimum de 40 et un maximum de 90. Ce n'est pas beaucoup, mais cela suffit à mon bonheur.

J'ai en effet grand plaisir à penser que chaque jour un certain  nombre d'amateurs d'accordéon vient  faire un tour sur mon blog et qu'à cette occasion ils ont, à leur tour, un moment de plaisir. Certains de ces visiteurs sont des amis, les uns rencontrés à l'occasion d'un concert, les autres rencontrés par courriel interposé ; d'autres encore sont là, présents, mais encore anonymes.

A vous tous, je souhaite une très heureuse année 2011, pleine de bonnes choses et en particulier de concerts et d'albums d'accordéon ou de bandonéon. Si nous formulons tous in petto le voeu de bons disques et de bons concerts, c'est sûr, nous serons exaucés.

Amitiés !

samedi 1er janvier - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é

Vendredi, dernier jour de l'année 2010. Treize heures : claquement du volet de la boite à lettres. "Accordéon & accordéonistes", n° 104, janvier 2011, 70 pages, 7 euros.

Ce dernier numéro a quelque chose de spécial. Marc Perrone y figure non en "Tête d'affiche", mais en "Dossier" comme rédacteur en chef. A l'intérieur, pages 16 à 38, ce dossier retrouve le nom de "Tête d'affiche". Il est réalisé par Françoise Jallot.  En fait, le-dit dossier est subdivisé en deux volets : d'une part, quatre pages où Marc Perrone évoque des centres d'intérêt ou des amis qui lui sont chers. Par exemple, le cirque et Bonaventure Gacon ou Romain Guimard ; Ronan Robert, François Parisi ; le cinéma ; des femmes accordéonistes, comme Casilda Rodriguez, Myriam Bonnin ou Laure Chailloux ; mais encore "ses" révélateurs ; André Minvielle, Allain Leprest ; l'Italie ; etc... etc... D'autre part, dix-huit pages où ses amis évoquent à leur tour la personnalité de Marc Perrone. L'ensemble, comme une mosaïque ou comme un portrait impressionniste, forme un beau portrait, fidèle à son modèle.

A ce dossier, j'ajoute deux autres articles :

- pages 44 à 47, un "In memoriam", signé Francis Couvreux, qui rend hommage à trois personnages du jazz musette, morts en 1996 : Jo Privat, le gitan blanc (sous-titre que je trouve quelque peu étrange), René "Didi" Duprat, poète du médiator, Didier "Buffalo" Roussin, des cordes au service des lames.

- pages X et XI du cahier "Pédagogie", par William Sabatier, un article sur "Uno", tango de 1943 de Mariano Mores et Enrique Santos Discépolo. Oeuvre présentée comme l'un des tangos essentiels de l'histoire de la chanson tanguera argentine.

Sinon, quoi ? Les rubriques habituelles, "Echos" et "Nous y étions". Toujours aussi colorées, souriantes et sympathiques. Tout aussi habituelle, la rubrique intitulée "Chroniques" où je déplore, comme d'habitude, l'absence de présentation d'albums de jazz ou d'accordéon classique, d'autant plus que le musette est du coup sur-représenté. Mais ce choix éditorial correspond je le suppose aux intérêts du lectorat de la revue. S'il en est ainsi, les choses ne sont pas sur le point de changer...   

jeudi 30 décembre 2010

vendredi 31 décembre - richard galliano à l'olympia

Françoise, en partie masquée par l'écran de son ordinateur, me dit : " Ecoute ça ! "Historia de un amor" ! C'est Cardenas qui chante ! ".  Cardenas, on l'avait entendu à Bordeaux et je me rappelle - sans blague - que Richard Galliano en avait les larmes aux yeux. Et nous aussi. Et beaucoup de spectateurs aussi ! Un moment d'intense émotion.

La vidéo n'est pas de bonne qualité technique, mais l'émotion est intacte.

http://www.youtube.com/watch?v=R7lZAjw6Sn8

jeudi 30 décembre - jean-marie machado / danzas : fiesta nocturna

Ce matin, sur le coup de 9 heures, "les criquets" ont quitté la maison pour rejoindre Cauterets où  ils ont le projet de faire le réveillon avec des copains et de profiter d'une neige archi-préparée pour faire quelques descentes. Un mot d'explication : je les appelle "les criquets", car pendant leur présence il n'est plus centimètre carré qui échappe à leur déballage vestimentaire, et après leur départ, c'est le vide. On redécouvre la moquette, certes un peu fripée, et le carrelage du sol constellé de quelques taches diverses, on les redécouvre tout nus et ça fait un drôle d'effet. Tant d'espace tout à coup, le vertige nous guette !

Pour éviter le coup de blues qui nous pendait au nez, nous avons donc décidé, d'un commun accord tacite, d'aller faire un tour sur le boulevard des Pyrénées, histoire de voir les montagnes. Un temps magnifique : les sommets découpés au scalpel, la neige étincelante et la température... 15° !

Et puis, sur le chemin du retour, petit détour par le Parvis... Un album attire immédiatement notre regard dans le rayon jazz. Au dos, le nom d'Ithursarry. il n'en fallait pas plus...

- "Jean-Marie Machado / Danzas - Fiesta Nocturna", 2010, Bee Jazz Records.




Danzas est un orchestre de neuf musiciens : Machado, piano, Ithursarry, accordéon, Richard, saxophone, Stötter, trompette, Kornazov, trombone, Mienniel, flûte, Thuillier, tuba, Sieverts, contrebasse, Merville ou Larmigat, batterie.

La mise en place est très rigoureuse ; ça sonne comme un big band. Les titres donnent une idée de la multiplicité des sources d'inspiration : "Tangrock", tango et rock, "Cantamarruecos" aux accents méditerranéens, "Sarabande", "Paso oscuro", "Preludium",  "Little Dog Waltz" ou "Chinese Reggae".

On peut écouter "Cantamarruecos" sur un document YouTube :

http://www.youtube.com/watch?v=11JilpzpIDc

mercredi 29 décembre - de tango balkanico à barok tango

Comme j'écoutais "Barok Tango" pour essayer de m'en imprégner et aussi, je dois le dire, pour repèrer particulièrement les interventions de JuanJo Mosalini, la couverture de l'album m'a rappelé une autre image, qui lui ressemblait. Les couleurs, la tonalité, la construction, tous ces éléments évoquaient pour moi, de plus en plus précisément, un autre disque... Petit à petit, je me suis souvenu qu'il s'agissait d'un album du même Gerardo Jerez Le Cam, et que JuanJo Mosalini y était aussi présent.


Ce disque en effet, je l'avais classé sous le nom de Mosalini : "Tango Balkanico".

- "Tango Balkanico", Label Ouest, 2008
- "Barok Tango", 2010, ADF-Studio SM 

"Tango Balkanico", présenté sous la signature du Gerardo Jerez Le Cam Quartet, est interprété par celui-ci au piano, Mihai Trestian au cymbalum, Iacob Maciuca au violon et JuanJo Mosalini au bandonéon. Dans la plaquette de présentation, Gustavo Beytelmann écrit ceci :"Aujourd'hui, grâce au talent et à l'originalité de Gerardo Jerez Le Cam, fin connaisseur des secrets du tango et des traditions balkaniques, nous assistons à un processus inverse [à celui qui a fait venir en Argentine des émigrants européens de toutes classes et de toutes origines géographiques ]. Il emmène le tango vers une de ses origines, apporte de nouvelles structures, de nouveaux airs, un instrument (le bandonéon) créant une alternative musicale qui transcende les références et qui peut aisément s'affirmer comme tango balkanique".  

"Barok Tango", plus précisément "Aria Lachrimae Consort / Barok Tango / Musique de Gerardo Jerez Le Cam, avec JuanJo Mosalini, bandoneon et Iacob Maciuca, violon", est présenté par Philippe Le Corf de la façon suivante :"[...] nous avons imaginé d'organiser une rencontre apparemment insolite et pourtant pleine de connivence où la rythmique du tango argentin se soumet au système de basse continue voire à l'écriture de fugue (forme baroque par excellence) et où les timbres des instruments anciens d'amour s'entremêlent avec le fameux chant instrumental du bandonéon". 

Les musiciens sont présentés ainsi :

- Aria Lachrimae Consort : Silvio Falla, violon d'amour, Philippe Foulon, violoncelle d'amour, Philippe le Corf, violone d'amour
- Avec la collaboration de Iacob Maciuca, violon d'amour, JuanJo Mosalini, bandonéon, Gerardo Jerez Le Cam, piano et clavecin.

C'est évidemment, dans l'un et l'autre cas, une musique très écrite, très rigoureuse, dont je dirais, au point où j'en suis arrivé de mon écoute, que le studium, suivant la terminologie de Roland Barthes, l'emporte sur le punctum. En d'autres termes, pour l'heure, le plaisir intellectuel est plus vif que le plaisir lié à l'émotion. L'intention musicologique est plus prégnante que la créativité mélodique, mais tout me porte à croire - intuition ! - qu'au fil des écoutes l'émotion se manifestera. Déjà, aujourd'hui, je me suis rendu compte en changeant de chaine et en écoutant plus fort que d'autres sensations m'étaient perceptibles.

ps : à titre de document, une vidéo Dailymotion où l'on peut entendre un morceau de "Tango Balkanico", "Brabadag".

http://www.dailymotion.com/video/xcdbaj_brabadag-tango-balkanico-jerez-le_music

mardi 28 décembre 2010

mardi 28 décembre - barok tango

La période des fêtes n'est assurément pas propice à l'écoute musicale. La maintenance occupe à peu près tout notre temps et consomme pour ainsi dire la quasi totalité de notre énergie. C'est ça "jouer les rôles de Papou-Mamou". On s'y prête de bonne grâce. Mais, parfois, nous éprouvons comme un manque... Difficile de le réduire, car l'un, à l'étage, écoute sa sélection ; l'autre au rez-de-chaussée écoute la sienne et les rythmes dans leur ensemble sont plutôt dissonants. Curieusement, cet environnement qu'il faut bien qualifier de cacophonique semble naturel à tout le monde... Un monde de flux sonore et de tolérance acoustique.

Bref, il a bien fallu ce matin aller faire les courses nécessaires pour remplir les réfrigérateurs qui commençaient à sonner creux. Forcément, après les obligations, sans avoir à nous concerter, nous avons tacitement décidé d'aller voir s'il n'y aurait pas quelque nouveauté au Parvis. Accordéon ou bandonéon. Et en effet, après une rapide recherche, notre attention est attirée par un disque de belles couleurs chaudes, des tonalités boisées, une image d'instrument à cordes, et un titre :"Barok Tango". Mais surtout, un nom : JuanJo Mosalini. Une référence de confiance qui suffit pour déclencher notre pulsion d'achat.



Comme je viens de le dire, la situation à la maison rend à peu près impossible l'écoute de cet album de belle facture ; ce que l'on entend nous convainc cependant qu'il s'agit d'une création pour le moins intéressante. Rencontre d'un style, le tango, et d'instruments baroques. En attendant, pour se faire une idée de cette musique, on peut visionner sur YouTube le document de 7  minutes ci-dessous :

http://www.youtube.com/watch?v=SGIkS_bmGS8

lundi 27 décembre 2010

lundi 27 décembre - anouar brahem, jean-louis matinier, richard galliano

Il y a quelques jours, jeudi 27, je crois, Françoise a retrouvé, sur un blog qu'elle lit régulièrement,  trace du très bel album d'Anouar Brahem, "Le pas du chat noir". Un disque ECM. Du coup, on a eu envie de l'écouter à nouveau. Et d'écouter aussi "Khomsa", où Richard Galliano intervient. Et, pour finir, cet autre album ECM, "Le voyage de Sahar", du trio Anouar Brahem, François Couturier et Jean-Louis Matinier.

Mais Françoise raconte ça très bien. Avec un lien en prime vers "Khomsa". Je lui laisse la parole.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

Par la même occasion, on pourra lire un beau poème d'Apollinaire tiré d'"Alcools" : "Neiges".

Et, pour ma part, j'y ajoute ce lien vers "Le pas du chat noir"... histoire de boucler la boucle.

http://www.deezer.com/fr/music/anouar-brahem/khomsa-123173#music/result/all/le%20pas%20du%20chat%20noir

dimanche 26 décembre 2010

dimanche 26 décembre - à propos d'entre onze heures et minuit...

Dans mon post en date du vendredi 24, j'ai fait la liste des albums que j'avais sélectionnés pour répondre à la demande pressante de la tribu de lui fournir, entre onze heures et minuit, de l'accordéon-pour-danser. Mais, dans la précipitation, je n'avais pas donné de pistes pour juger de visu ou plus exactement de auditu la pertinence de mes choix. C'est chose faite ci-dessous :

http://www.myspace.com/broyetsabandeofficiel

http://www.myspace.com/freebidou

http://www.myspace.com/helenodos8baixos

http://www.lastfm.fr/music/Clifton+Chenier

http://www.myspace.com/pontyboneandthesqueezetones

http://www.myspace.com/tangatarea

De même, j'ai parlé de quelques breuvages que j'avais sélectionnés pour la soirée du réveillon, mais je n'avais pas montré les bouteilles qui les contenaient. Il me faut réparer ce manque. D'abord, ces deux merveilles dans leur environnement :

- "Domaine Faure-Tonin", 1971, Appellation Bordeaux Contrôlée. Francis Menguin & Fils, viticulteurs à Escoussan. Mise en bouteilles au domaine.
- "Château la Nère", 1983, Appellation Loupiac Contrôlée, Y. Dulac & J. Séraphon, proprétaires récoltants à Verdelais.

 Bien sûr, d'ici la fin janvier, les "cadavres" partiront Dieu-sait-où dans la benne à ordures. Mais en attendant, il m'est difficile de ne pas m'attarder devant ces merveilles. Créations culturelles s'il en est...

 Je les ai disposées devant la fenêtre, à contrejour, pour profiter encore de leurs couleurs. Sombre, du rouge ; dorée, du blanc. Dorée étant, de toute façon, un terme bien trop général pour traduire ce complexe de jaunes, d'orangés et de bien d'autres nuances, comme une sorte d'arc-en-ciel. Et devant cette vision me reviennent les sensations gustatives. Presqu'impossibles à décrire, sinon pour un poète. Ou pour un philosophe comme Michel Serres qui a écrit, dans "Les Cinq Sens" un texte superbe sur un sublime Sauternes, je crois.
 Mais évidemment ces vins n'ont qu'un temps, même si leur souvenir persiste, et il faut songer, sinon à les remplacer, du moins à en assurer le relais. A cette fin, j'ai sorti de la cave, au demeurant fort modeste, deux bouteilles auxquels nous allons faire un sort vite fait :

- un "Banyuls, Cuvée du Grand Maître", Appellation Banyuls Contrôlée. Banyuls hors d'âge élevé dans les caves des Templiers à Banyuls-sur-mer. Vin tiré à cinq mille exemplaires : magnum n° 00810. Mis en bouteilles à la propriété. Je suis attaché à cette bouteille, car elle faisait partie de la cave de mon père avant qu'il ne se retire à Nay, à la maison de retraite Saint-Joseph. C'était un cadeau de la Cave des Templiers pour le remercier de sa fidélité.

Il faudra évidemment choisir et cuisiner le plat en consonance avec ce vin et ce ne sera pas une mince affaire. Une réunion de famille sera nécessaire pour régler ce problème délicat.


- "Château Dillon", 2003, Appellation Haut-Médoc Contrôlée. Cru Bourgeois, mis en bouteille au château, lycée viticole de Bordeaux-Blanquefort. C'est un vin que nous avions commandé en 2006. Il nous parait qu'il est temps de vérifier comment il a vieilli. J'ai bien envie de le goûter avec du rôti froid. J'imagine un accord assez corsé et rustique.
  

Bon, c'est pas tout ça, le repas mijote à feu doux, Charlotte et Camille ont une petite faim, il est temps d'interrompre cet exercice d'écriture pour leur préparer une petite gourmandise apéritive, qui faisait mes délices quand ma grand-mère me la préparait dans l'attente de passer à table. On peut donc parler de tradition familiale ; je suis fier de la perpétuer et je suis toujours plein d'émotion quand je vois les filles me dire qu'elles se régalent. La recette ? Plus que simple : une tranche de pain d'un kilo taillée à environ un demi-centimètre d'épaisseur, bien grillée, puis frottée longuement avec une gousse d'ail fendue dans le sens de la longueur ; un filet d'huile d'olive et quelques grains de fleur de sel.

"C'est un délice, dit Charlotte" ; "C'est un délice, dit Camille, en écho". Du coup, je leur prépare une nouvelle tranche et c'est un vrai bonheur, car cette préparation représente à peu près tout ce que je suis capable de faire en cuisine. Ce n'est pas que je ne m'emploie pas à pallier cette incompétence avec constance, mais le fait est là : il me manque sans doute un apprentissage de longue date, celui que l'on réalise dans l'enfance, dans la proximité des fourneaux. Il me manque les tours de main et quand je prends quelque recul par rapport à mon comportement je me dis qu'il doit être assez touchant mais plutôt encombrant, tant il est vrai que souvent il serait plus facile aux autres de faire à ma place que de réparer mes erreurs. Mais en même temps je n'arrive pas à trouver ridicule ma bonne volonté maladroite. Disons que c'est un style.      

samedi 25 décembre 2010

vendredi 24 décembre - entre onze heures et minuit

Soir de réveillon. On a bien mangé, on a bien bu, merci petit Jésus. Nadja, Sébastien, Charlotte et Camille nous avaient rejoints pour ce réveillon de Noël. Sur le coup de onze heures, fidèles à la tradition familiale, on interrompt le repas avant le dessert, histoire de digérer un peu verrines, foie gras, langoustines, rôti de boeuf, ses cèpes et ses pommes de terre sautées, et c'est le moment où les filles me réclament de l'accordéon pour danser. La musique que l'on écoute avec les pieds, c'est pas trop mon truc, mais pour la circonstance je fais un effort.

Finalement, tout le monde a bien transpiré et apprécié mon choix jugé éclectique. J'avais choisi B. Roy et sa bande, "17 rue du plaisir...", FreeBidou, "Baby Foot Party", puis "O Forro de Heleno dos 8 Baixos", suivi d'un Clifton Chenier, "The Best of Clifton Chenier / The King of Zydeco & Luisiana Blues", puis de Ponty Bone, "Fantasize", et pour finir, le très classe "Tango Alla Baila / Tangata Rea", édité par le très classieux Winter & Winter.

J'avais choisi un champagne A. Desmoulins & Cie, d'Epernay, cuvée de réserve sur les verrines. C'est un champagne auquel nous sommes fidèles depuis 1989, date à laquelle ce producteur avait contacté tous les Desmoulins de France et de Navarre ; Desmoulins, c'est le nom de famille de Françoise. A suivre, un Loupiac, Château de la Nère, de 1983 sur le foie gras. Un vin sublime avec des couleurs de terre rouge sous le soleil déclinant et des arômes de fruits confits. Sans blague, sublime ! J'avais ouvert ensuite un Gewurztraminer 2008, Albert Schoech, sur les langoustines. Un vin tonique pour réveiller ces délices à la carapace rose. Sur le rôti de boeuf, un domaine Faure-Tonin, Francis Menguin et fils, viticulteurs à Escoussan, une bouteille de 1971. Certes le bouchon fut difficile à tirer, certes il a fallu passer le vin avec précaution pour le transvaser dans la carafe, mais quelle couleurs, je devrais dire quelles couleurs, un rouge profond avec des reflets orangés à la rencontre de sa surface avec les parois du verre. Une bouteille de 1971, ça se boit religieusement et ça prépare bien l'esprit aux rituels de Noël.

A minuit, Charlotte et Camille sont allées avec Sébastien dans une chambre pour ne pas troubler la visite du Père Noël. Elles n'y croient plus, bien sûr, mais pour rien au monde elles ne renonceraient au rituel et à sa théorie de faire-semblant. A minuit cinq, le téléphone sonnait (appelé depuis mon portable) pour nous annoncer que le Père Noël avait bien déposé les cadeaux au pied du sapin, déjouant encore une fois notre vigilance. Les filles sont arrivées en trombe. Elles sont restées un instant figées, pétrifiées, hypnotisées devant la pyramide de paquets et puis elles se sont précipitées... On connait la suite.

Les cadeaux ouverts, on a mangé le dessert, bu de l'eau sur la glace, bu du café pour se tenir éveillés. Et puis, j'ai choisi d'autres morceaux de Clifton Chenier, de Ponty Bone, etc... jusqu'aux tangos de Tangata Rea.



 

jeudi 23 décembre 2010

jeudi 23 décembre - haïkaï de l'avent

Un haïkaï est un poème japonais composé de trois vers écrit suivant le rythme syllabique 5/7/5. Les haïku sont des instantanés, au sens de cette notion en photographie. Ils visent à évoquer l'état d'âme suscité par une sensation. Leur forme est simple, mais rigoureuse. Ils sont comme un souffle dans le silence, comme une ride à la surface d'une eau plane. Ils sont comme une image fugace dont le souvenir résonne comme un écho interminable.

Cet après-midi, on est allé faire encore quelques courses pour le réveillon : poule, cèpes, saumon fumé, langoustines, caraco pour Charlotte, jeu vidéo pour Camille... On a garé la voiture au parking souterrain du centre commercial Bosquet. Il pleut. Le fond de l'air indique qu'il neige en montagne.

La rue s'agite
Un accordéoniste
joue "Revoir Paris"

mercredi 22 décembre 2010

mercredi 22 décembre - ceci n'est pas un magritte

Extrait du premier chapitre du livre "Ceci n'est pas une fenêtre" - Petite méditation sur l'irréalité du monde - de Paul David, 74 pages dont 20 en couleurs, paru aux Edition Doyenné 2006.

" Dans les années 1928 ou 1929, René Magritte peignait une toile intitulée : "La trahison des images". On y voyait l'image d'une pipe ordinaire, traitée dans une facture très réaliste. L'objet était immédiatement identifiable, ce qui dispensait les naïfs de poser la sempiternelle question :  "Qu'est-ce que cela représente?…" Toutefois, on pouvait lire, tracée en écriture cursive, juste au dessous de l'objet, la phrase suivante : "Ceci n'est pas une pipe". Or, cette phrase intriguait ! Pourquoi l'artiste avait-il éprouvé le besoin d'indiquer que "ceci n'est pas une pipe", alors que tout le monde voyait bien qu'il s'agissait d'une pipe ?…


Mais, en 1966, soit dix huit années après l'exécution de "la trahison des images", René Magritte peignait un autre tableau sur le même thème, intitulé cette fois "les deux mystères". On y découvrait dans l'angle inférieur droit, une reproduction exacte du tableau précédent, encadré et posé sur un chevalet tandis que, dans l'angle supérieur gauche on voyait l'image d'une autre pipe, semblable à la première (bien que plus sombre et d'un format agrandi) qui semblait flotter dans l'espace.




Du coup, les spectateurs, même les moins futés, commençaient à soupçonner qu'il ne s'agissait peut-être pas seulement d'une histoire de pipes. En effet, ce qui apparaissait dans le coin inférieur droit, ce n'était pas une simple pipe, mais tout le tableau de 1928 "la trahison des images", tandis que l'objet qui semblait flotter librement dans le coin supérieur gauche avait toute l'apparence d'une "vraie" pipe, beaucoup plus "présente" que celle du tableau primitif, puisque celle-ci n'était qu'une représentation picturale enchâssée dans un cadre et posée sur un chevalet, alors que la "vraie" pipe, elle, se trouvait dans l'espace extérieur, c'est à dire l'espace "réel".

Il n'y avait donc pas deux objets identiques dans "les deux mystères", mais plutôt deux "objets" différents que l'on aurait pu désigner par les mots "tableau" (la trahison des images) et le mot "pipe" pour l'autre objet.


Il semblait donc que la pipe agrandie du deuxième tableau fut un peu plus "réelle" que la pipe figurant dans le tableau de l'angle inférieur droit intitulée "La trahison des images", bien que les deux objets représentés fussent visiblement en interaction.

Notre illusion consiste à percevoir des entités indépendantes : êtres ou phénomènes. Nous avons l'impression que notre individualité et les choses de notre monde "existent" en soi ".

...

" Ceci n'est pas le père noël ".




Pau, 22 décembre 2010, 16h43. 13° !

lundi 20 décembre 2010

lundi 20 décembre - il n'y a pas que l'accordéon... quoique...

On prépare les fêtes. Entre farniente et courses en tous genres. Ce matin, on a décoré le sapin avec Charlotte et Camille. Demain, elles installeront la crèche à leur façon. Demain, nous irons, Françoise et moi, faire les achats alimentaires. Pour l'heure, les menus ne sont pas définitivement fixés. Françoise passe beaucoup de temps à faire de la couture : elle fait l'ourlet des pantalons que nous venons d'acheter pour mon père - il a tellement maigri qu'il a fallu "descendre" d'une taille et trouver des ceintures élastiques - ; elle élargit ici et raccourcit là les robes que nous venons de recevoir pour ma mère ; elle coud les étiquettes à leur nom sur tous ces vêtements et sur d'autres encore. Travail fastidieux, mais nécessaire, bien qu'interminable.

Le disque de Soledad publié en 2001 tourne sur le lecteur de cds. Dans le fascicule de présentation, Richard Galliano dit toute son estime pour ce quintet. Compositions de Piazzolla, de Capelletti, de Galliano - "Tango pour Claude"-. On se souvient :"Saint Martin de Crau, Soledad un jour, Galliano le lendemain".

On a bu le thé ; j'ai parcouru le dernier numéro - numéro double, 3179-3180 - de Télérama qui se présente comme un "Spécial Villes". Un dossier bien documenté, pages 11 à 64, qui s'ouvre avec un entretien d'un sociologue, Olivier Mongin, qui a écrit un ouvrage intitulé "La condition urbaine".  L'ensemble de l'entretien est intéressant, mais un passage en particulier m'a paru lumineux ou, si l'on veut, très éclairant, comme un coup de projecteur. Le journaliste pose la question suivante :"Comment expliquez-vous que la vision étatique en France n'empêche pas l'oeuvre du libéralisme, c'est-à-dire la privatisation de l'espace ?". D'habitude, la réponse résulte de considérations plus ou moins bien étayées sur les effets de la mondialisation, sur ses pressions. Ici, la réponse est tout autre :"Mais le néolibéralisme, dit Olivier Mongin, contrairement à ce qu'on croit, n'est pas le tout marché, c'est l'Etat qui se met au service du marché !". Et c'est bien vrai, en effet, le néolibéralisme n'est pas contre l'Etat, il n'est pas opposé à l'Etat, ni soucieux d'avoir affaire à un Etat modeste, faible ou fragile. Tout au contraire, il est favorable à un Etat fort, capable d'imposer des règles strictes... à condition que celles-ci soient favorables au marché et qu'elles lui assurent protection et garantie de sécurité.

Cette phrase d'Olivier Mongin m'a ouvert des horizons de compréhension insoupçonnés. Surtout qu'en lisant sa réponse, j'ai pensé à une émission de télévision, que je ne saurais maintenant identifier, où un journaliste donnait cette information, à savoir qu'un nombre important de députés continuent à exercer, en même temps que leur mandat électoral, une activité d'avocats d'affaires, soit dans leur cabinet, soit comme collaborateur d'un cabinet d'avocats. On s'interroge souvent sur la force exercée par les lobbies sur les députés. Ici, la question ne se pose même pas : ce sont les acteurs de l'appareil d'Etat qui jouent le double rôle.

J'ai fini ma tasse de thé et puis j'ai remis Soledad dans le lecteur. Comme un grand courant d'air frais.  

dimanche 19 décembre 2010

dimanche 19 décembre - richard galliano sextet : dvd bonus

J'ai déjà eu l'occasion de dire quelques mots de l'édition du Bach de Richard Galliano en sextet, présentée comme une édition de luxe limitée et composée du cd déjà publié, augmenté d'un dvd bonus de 37 minutes, enregistrées en concert au théâtre de l'Odéon le 17 mai 2010. Je n'ajouterai rien à mes propos quant au plaisir que nous a procuré ce document vidéo, plaisir qui ne faiblit pas au fil des écoutes, mais je voudrais les compléter par deux considérations indissolublement nouées, bien que de natures différentes, l'une relative à la réalisation, l'autre relative au comportement des six musiciens.

La réalisation a été assurée par Marie Guilloux de Morgane Production. Françoise et moi, nous avons beaucoup apprécié son travail, disons son oeuvre. Le cadrage est serré, même pour les plans d'ensemble, les zooms sont lents et fluides. Les mouvements de caméra et les cadrages orientent l'attention sans effets inutiles. Quelque chose de très classique, particulièrement réussi. De manière générale, je n'accorde aucune supériorité aux documents vidéos par rapport aux documents audios, car je considère que le son seul est plus propice à exciter l'imagination et à focaliser l'attention. Plus le document donne à voir des images, moins il sollicite l'imaginaire. Mais en l'occurence, la qualité de la prise de sons et de vues ajoute une dimension émotive spécifique : on sent la tension des interprètes, on respire presque au rythme de leur respiration, au rythme de leur jeu. On est forcément pris par l'intensité de leur regards, que ceux-ci se portent sur les partitions ou qu'ils se croisent à la fin de chaque morceau. Regard exorbité de Phillips ; yeux clos de Logerot. Il y a aussi un moment, que nous nous accordons à trouver émouvant, où Richard Galliano fait un pas pour serrer la main de Jean-Marc Phillips et puis continue son mouvement vers Sébastien Surel et puis, finalement, vers Apap, Logerot et Pidoux. On pourrait noter aussi comment de morceau en morceau les visages se détendent et comment les sourires sont de moins en moins crispés.

Avant de terminer ce commentaire, je voudrais ajouter que cette même réalisation traduit au mieux l'émotion, la créativité et la virtuosité de Richard Galliano quand il termine le concert en solo. Il me semble qu'on retrouve alors l'esprit du jazz, maîtrise, cadre et créativité.

Derniers mots : je n'ai cité, à propos de la réalisation, que le nom de Marie Guilloux, mais évidement c'est à toute la chaine des ingénieurs et des techniciens de l'image et du son qu'il faut, en la citant, rendre hommage.    
  

jeudi 16 décembre 2010

samedi 18 décembre - de libertrio à libertango

Cet après-midi, le temps est sec, le ciel est plombé comme avant des chutes de neige, il fait froid. On a donné du grain aux oiseaux ; on a accroché des boules de gras aux branches nues du prunier. Il est temps de commencer à préparer la venue des "petits" pour les fêtes. Demain, on installe le sapin, ses guirlandes et ses boules multicolores ; on sort la crèche et ses santons, que Charlotte et Camille disposent solennellement avec le plus grand soin.

En attendant, Françoise m'a confié deux tâches : les torchons et l'argenterie.

Les torchons, ça consiste à monter des piles les moins encombrantes possibles, pour faire de la place dans les placards pour les affaires des "petits". Je les sors donc des étagères, je m'installe par terre, je les classe par catégories et je les range comme des soufflets d'accordéons déstructurés.



L'argenterie, ça consiste à nettoyer et faire briller les couteaux, fourchettes, cuillères et autres ustensiles, qui s'alignent sagement toute l'année comme les soldats d'une armée en ordre de bataille, qui se préparent aux rudes combats des réveillons. Je m'applique, car je sais que ces objets fascinent Charlotte et Camille. Les couverts en argent sont indispensables au plaisir des fêtes. C'est un héritage de ma grand-mère maternelle, à qui ils avaient été offerts pour son mariage en 1905. Nous avons toujours le coffre en bois de santal qui contient ce trésor familial.



Pendant que je m'acquitte au mieux des tâches que Françoise m'a confiées, de son côté elle prépare le lit des uns et des autres, elle chasse la poussière, etc... etc... Vers quatre heures, elle me dit :"Plus je les écoute, plus je trouve de la finesse dans leur jeu". "Exactement ! J'avais déjà écrit quelque chose comme ça à leur sujet, mais, je suis bien d'accord avec toi, ça se confirme". Il s'agit de Libertrio et de leur album, "Du vent dans les cordes".

Mais, quatre heures, c'est le moment de s'octroyer une petite pause. On visionne sur le magnétoscope du séjour le DVD du concert du Richard Galliano Sextet, enregistré le 17 mai 2010 au Théatre de l'Odéon à Paris en ouverture du dixième festival Jazz à Saint-Germain-des-prés. Un moment de plaisir, forcément. Un moment un peu court : 37 minutes, mais la durée n'est pas l'essentiel. On écoute avec une attention extrême l'allegro et l'adagio du "Concerto pour haubois, violon, cordes et basse continue en ut mineur, BWV 1060".  On reconnait "La Sicilienne en mi bémol majeur". Puis, "Le Menuet et la Badinerie" et enfin, solo, l'"Aria" de R. Galliano et "Libertango" de Piazzolla.

Le thé était délicieux. Le concert nous a rappelé ceux auxquels nous avons eu le bonheur d'assister, Odyssud à Blagnac, Saint-Martin de Crau, mais aussi Tangaria à Carcassonne et combien d'autres, dont le souvenir est toujours aussi vif. 

Bon, il est temps de reprendre le cours de nos activités. Et Libertrio tourne...  


vendredi 17 décembre - à propos de sa petite entreprise...

A propos de sa petite entreprise qui ne connait pas la crise, un complément :

- ci-dessous l'image d'accueil du site de Richard Galliano, où l'annonce du concert de l'Olympia et l'image du cd consacré à Bach se confondent ou se court-circuitent. Il faut en effet y regarder de près pour lire le détail des quatre lignes décrivant le programme du concert. Tout me porte donc à croire qu'il y a là une stratégie pour lier le Bach et la future édition d'un cd - sans doute édition de luxe limitée - de l'enregistrement de ce concert.


mercredi 15 décembre 2010

vendredi 17 décembre - la crise ? sa petite entreprise ne connait pas la crise


Un jour, il y a de cela plusieurs mois, Françoise, qui visite chaque jour le site de Richard Galliano, me dit :"Viens voir ! La photo de couverture de son Bach est sortie". Et en effet, pendant plusieurs semaines, on a pu voir cette image, très sobre, très Deutsche Grammophon, très concert classique. En tout cas, ni new musette, ni jazz, ni rythmes latins. Lumière sombre, mais pour autant ce n'est pas "Luz Negra".

Et puis, un jour, son Bach est sorti dans les bacs. Avec une étiquette :"L'étonnante rencontre entre l'accordéon de Richard Galliano et la musique de Bach / The amazing encounter between Richard Galliano's accordion and Bach'music".


Au dos, les titres, les membres du sextet, l'indication : Universal Classics & Jazz France, A Universal Music Company, et la date de sortie : 2010.

Et puis, mercredi matin, Françoise, qui continue à visiter le site de Richard Galliano chaque jour, me dit :"Viens voir ! Il sort une nouvelle version de son Bach !". Moi, perplexe :"Ah ! Bon !". Je m'approche et nous lisons sur l'étiquette en bas de couverture :"Edition de luxe limitée / Cd+DVD / En concert exceptionnel le 13 décembre 2010 à l'Olympia". Notre perplexité redouble. Nous sommes le 15 décembre ; le concert a eu lieu le 13. Il est impossible qu'il s'agisse de l'enregistrement de ce concert". "Alors quoi, mon cher Watson ?"

Eh  bien ! Il suffit de lire au dos - oui, entre temps on est allé au Parvis acheter l'objet, qui jusqu'ici avait échappé à notre sagacité - et donc au dos, on lit la liste des titres - en français - et celle des musiciens, mais encore - voilà la clé, cher Watson - "DVD Bonus / Richard Galliano sextet / En concert au Théâtre de l'Odéon le 17 mai 2010". Et les mêmes indications que dans le disque princeps : 2010, Universal Classics & Jazz France, un label Universal Music".


Mais, en fait, déjà l'étiquette sur la couverture, qui fait mention du concert des soixante ans de Richard Galliano à l'Olympia, donne à penser qu'un enregistrement en sera tiré. Et déjà donc le travail du désir s'est mis en mouvement. Et l'on sait bien qu'il ne pourra, au fil des jours, que s'accroitre. Il sera d'autant plus vif que la sortie sera éloignée. Comme l'écrivait à peu près un personnage racinien :" Car le désir s'accroit quand les faits se reculent". Je cite de mémoire, mais le sens y est. Et donc Françoise n'a pas fini de continuer ses visites quotidiennes au site de Richard Galliano, jusqu'au jour où elle me dira : "Viens voir ! Son Olympia est sorti ".   

Et moi, de me dire in petto qu'assurément Richard Galliano est un monument de l'accordéon, une référence, qu'en tout cas son jeu est souvent génial, mais qu'aussi il est bigrement bien soutenu par une équipe marketing fort efficace. C'est pourquoi, à l'instar de Bashung, il peut dire que sa petite entreprise ne connait pas la crise.  

mardi 14 décembre 2010

jeudi 16 décembre - libertrio se met en quatre

J'avais eu connaissance de l'existence de Libertrio par un article de Françoise Jallot dans la revue "Accordéon & accordéonistes" (n° 96, avril 2010, page 6). J'avais noté alors l'adresse du quartet pour lui commander son premier opus : "Du vent dans les cordes".

http://www.libertrio.com/article.htm

Plus récemment, j'ai exploré leur site myspace. Et j'avais été intéressé à l'écoute des morceaux proposés.

http://www.myspace.com/libertrio

J'avais derechef fait le projet de leur passer commande... Mais, d'autres préoccupations interférant, je n'avais pas donné suite. Jusqu'à ces jours derniers où Françoise, un soir, me demanda si je connaissais un groupe nommé Libertrio. Bien sûr ! Mais je ne pouvais lui en dire plus. Retour au point de départ : "Accordéon & accordéonistes", adresse du groupe, courriel pour commander "Du vent dans les cordes".

Eh bien, ce midi, il y avait l'album dans notre boite à lettres. Une lettre Max venue d'Arras, on ne pouvait se tromper. Vite fait, on s'est débarrassé des courses à l'hypermarché et, depuis notre retour, la galette tourne en boucle. Un disque d'emblée très agréable. Faussement simple. Je le qualifierais volontiers de léger, au meilleur sens du terme : rien de trop, aucun effet forcé. Juste une sorte d'évidence qui manifeste une culture intimement assimilée.

Ce sont donc quatre musiciens : Bernard Sergeant, guitare, Philippe Decomble, basse, Raphaël Limousin, accordéon, Franck Marco, batterie, percussions. L'album est composé de douze titres : deux de Sergeant, deux de Decomble, sept de Limousin. Et un de Piazzolla, "Libertango". Ils se réclament du "New Musette" et du "New Tango", de Galliano, de Piazzolla et de Philippe Catherine. Ce qui m'a frappé en première écoute, c'est l'homogénéité du quartet, en ce sens que chaque instrument a une présence égale et qu'il en résulte un équilibre de l'ensemble immédiatement perceptible.

Ce disque dégage une sorte de bonne humeur, mais j'hésite à utiliser ce terme qui dénote trop souvent une musique qui se veut seulement festive. Ici, il s'agit de tout autre chose : la bonne humeur procède d'un travail exigeant. Je pense par exemple à "For Ever", à "Quintes et Tango", à "Liliswing", à "Song for Chantal". Ce sont des exemples, pas un palmarés, tant il est vrai que chaque morceau a sa propre personnalité.

Et puis, in fine,  titre 12, "Tempête sur Molène"... Comme un autre style, comme l'expression d'une autre recherche, d'une autre inspiration... L'annonce d'un prochain album ?

mercredi 15 décembre - du goût

Il y a quelques jours, j'ai arrêté mon zapping sur "Le cercle", une émission de Canal+ Cinéma consacrée à la critique des films nouveaux. Elle est conçue, réalisée et animée par Frédéric Beigbeder, dont l'humour façon héritier des beaux quartiers m'amuse. Il est entouré de six chroniqueurs, la plupart passionnés et sympathiques, à l'exception de deux d'entre eux, que je ne citerai pas ici, mais qui sont faciles à reconnaitre, car leur souci premier est de paraître à tout  propos plus intelligents, plus perspicaces, plus subtils, plus fins que leurs collègues. Parmi ces égaux, deux egos.

Bref, à un certain moment de l'émission, il fut question d'un film dont j'ai oublié le titre, film d'un réalisateur américain, qui est le remake d'un film français. Alors que le chroniqueur qui présentait le film américain manifestait son enthousiasme, l'un de ses collègues, prenant le contre-pied de ses analyses, entreprit d'en montrer toutes les faiblesses. Le film américain dure une demi-heure de plus que le film français. Pour le chroniqueur "négatif", c'est une faiblesse rédhibitoire. Pour le chroniqueur "positif", c'est dans cette longue durée que réside la qualité principale du film. Pour le "négatif", on n'a pas le temps de s'ennuyer en voyant le film français, nerveux, rapide, maniant avec maestria l'ellipse. Pour le "positif", c'est justement la durée étirée du film américain qui en fait tout le sel : on est pris par le suspens, on en sort les nerfs à fleur de peau. Etc... etc...

On l'a compris, l'ellipse est qualité pour l'un, défaut pour l'autre ; la durée est suspense et donc qualité pour l'un,  lourdeur et truc insupportable d'ennui pour l'autre. Deux positions inconciliables, d'autant plus qu'au fil de l'échange, on voyait bien que les enjeux s'étaient déplacés. Il ne s'agissait plus de défendre un jugement esthétique ou de fonder des impressions en les argumentant. Il ne s'agissait même pas d'avoir raison, il s'agissait d'avoir le dessus sur l'autre. Et chacun de s'enfermer dans sa position. Ils parlaient ensemble, ne s'écoutaient plus et même leurs voix se croisant plus personne ne pouvait les entendre.

Je me disais, en regardant leurs comportements, qu'ils avaient perdu une bonne occasion de faire évoluer leur jugement et du coup d'augmenter leur capacité de trouver plaisir au spectacle de ces deux films. Loin de moi l'idée de prôner une tolérance molle du type "des goûts et des couleurs, on ne discute pas" ou "tous les goûts sont dans la nature". En fait, ce qui est en jeu ici, c'est la possibilité, écoutant autrui et son argumentation, d'adopter, outre son propre point de vue, un autre regard sur une oeuvre. Il ne s'agit pas de changer d'avis, il ne s'agit pas de renoncer à ses impressions premières ; il s'agit de complexifier son jugement, ses critères de jugement et donc d'augmenter ses capacités de plaisir.

Revenons en effet à nos deux chroniqueurs. Au cours de leur échange, qui a fini par se réduire à deux monologues autistes, chacun s'est de plus en plus crispé sur sa position initiale, un véritable travail d'enfermement et de clôture. Il me semble qu'ils auraient beaucoup gagné à comprendre, l'un, en quoi le caractère elliptique d'un film était une qualité, l'autre, en quoi la durée étirée était une autre qualité. Ils ont préféré la fermeture. Ils ont perdu une bonne occasion de se cultiver, de complexifier leurs critères de jugement et, j'y reviens, de trouver matière à plaisir dans ce qu'ils sont portés immédiatement à rejeter.

Curieusement, cette réflexion m'a donné envie d'écouter à nouveau trois versions de la "Gnossienne n°1" d'Eric Satie :

- "Eric Satie, compositeur de musique, Teodoro Anzellotti, joueur d'accordéon, Sports et divertissements / Winter & Winter, 1998, titre 8
-  "Richard Galliano / New York Trio / Ruby, My Dear", 2005? Dreyfus Jazz, titre 5         
- "Beltuner", Ici Label, 2005, titre 8.

Trois versions très différentes : majestueuse, classique avec Anzellotti ; nerveuse, en trio jazz - accordéon, batterie, contrebasse -avec Galliano ; festive et manouche avec Beltuner. L'erreur serait, me semble-t-il, de se demander, en privilégiant tel ou tel critère, quelle est la "meilleure", de chercher à établir une hiérarchie, de chercher à les classer et à les mettre en ordre. Le problème, tout au contraire, est d'entrer assez dans chacune de ses oeuvres pour en saisir l'organisation et en reconnaitre les qualités intrinséques. Non pas écouter en arrivant armé de ses critères spontanés, mais écouter pour se donner les critères adéquats à l'oeuvre. Je le répète, il ne s'agit à aucun moment de proposer une attitude de tolérance molle ou de relativité généralisée - c'est ainsi que malgré tous mes efforts, je reste incapable d'apprécier l'accordéon "dents blanches, qui n'est décidément pas ma tasse de thé -, il s'agit d'argumenter cette idée que toute oeuvre, en l'occurrence toute écoute, implique, si l'on veut en tirer le maximum de plaisir, un travail d'élaboration des critères les plus adéquats. Travail sans arrêt remis en jeu. Le contraire d'une écoute armée d'attentes, de critères et de certitudes a priori.

Il faudra que j'approfondisse un peu cette idée, car tout me porte à croire qu'elle ne se réduit pas au jugement esthétique.

dimanche 12 décembre 2010

mardi 14 décembre - daniel mille... mais à qui sont ces pas sur ce sable ?



Dimanche, 10h. Temps magnifique sur le sud-ouest. La neige sur les sommets n'est plus qu'un souvenir. On a peine à croire qu'il y a deux jours encore les Pyrénées étaient d'une blancheur éclatante. Le ciel est d'un bleu délavé, d'une douceur de soie. On décide d'aller à Hossegor, ouvrir la villa, vérifier l'état du toit-terrasse après les trombes d'eau de ces dernières semaines, mettre les convecteurs en "hors gel" et éventuellement relever le courrier. Pau-Hossegor : 115 kilomètres. Quand nous arrivons, le voisin est en train de tondre sa pelouse. Quelques mots échangés pour entretenir nos bonnes relations, puis direction : "Le Pizzaïol". A deux heures de l'après-midi, on a fini de manger une salade, pour Françoise, et un spaghetti aux fruits de mer pour moi. Un petit rouge d'Espagne et un café bien serré. On décide d'aller faire une petite promenade digestive le long de la plage. Il fait exactement 18°.
Chemin faisant, tout en évitant de se faire surprendre par les vagues indolentes, mais rusées et imprévisibles, nous parlons encore de Daniel Mille.


Et puis, avant de revenir boucler la villa, nous décidons d'aller marcher le long du lac : ses plages et ses tags..



On parle encore de Daniel Mille, de son concert à la salle Nougaro, de ses disques. On ne se lasse pas de l'évoquer, au point que sa présence a comme quelque chose d'obsessionnel. N'est-ce pas ?



samedi 11 décembre 2010

lundi 13 décembre - rappel : spécial copinage

Je me rends compte que je n'ai pas dit depuis longtemps tout l'intérêt que l'on peut trouver, en tant qu'amateur d'accordéon, à consulter les deux blogs suivants, deux références en la matière :

- http://bayan.skyrock.com/686032015-Caroline-Philippe-FRANCE.html

- http://sylviejamet.over-blog.com/

L'un, de Caroline Philippe, est une véritable encyclopédie des accordéonistes ; l'autre, de Sylvie Jamet, en est en quelque sorte la bible. A parcourir pour connaitre le monde des accordéonistes aujourd'hui ou pour être au fait de l'actualité accordéonistique dans tous ses états.

Prévoir une bonne bière, voire deux, un canapé confortable et quelques canapés appétissants, plus quelques cafés. Débrancher le téléphone et la sonnette de la porte d'entrée. Quand on est entré dans le labyrinthe de leurs sommes, difficile de revenir au préoccupations quotidiennes. Deux voyages, différents et complémentaires, en Accordéonie.  

dimanche 12 décembre - unique, singulier, irremplaçable

Je ne sais si c'est un effet de l'âge, mais je suis assez enclin à le croire, au fil des concerts auxquels nous assistons, j'ai de plus en plus conscience du caractère unique, singulier, irremplaçable de chacun d'entre eux. C'est ainsi qu'au début de son concert à la salle Nougaro, notre dernier à ce jour, vers 21h20, lorsque Daniel Mille a attaqué "L'attente" avec son quintet, j'ai ressenti une impression d'une intensité étrange et troublante. Comme un vertige lié à la conscience aiguë que je l'écoutais pour la dernière et pour la première fois. Alors il ne s'agissait  pas seulemen d'écoute, il s'agissait du rythme de ma vie même en ces instants. Comme si la musique se confondait avec le souffle de ma respiration et les pulsations de mon coeur.

Sensation si forte parce que j'ai alors conscience de la fragilité de ce moment. Je pense à cette théologie qui se représente le monde comme un processus ininterrompu de création continue, comme une succession de miracles par lesquels la vie tient ou, comme le disent certains philosophes, permane. A ce sentiment de fragilité est associée cette idée que c'est peut-être la dernière fois... Mais, paradoxalement, c'est aussi une première fois, car même si j'ai déjà entendu "L'attente" et si elle est présente à ma mémoire - en ce sens je la reconnais - cette interprétation est tout à fait singulière, unique, à nulle autre identique.

Finalement, la tension de ce paradoxe, son acuité m'explique assez bien cette sensation que j'éprouve de plus en plus en fin de concert, à savoir que je me sens vidé de toute énergie. Ce n'est pas de la fatigue à proprement parler, c'est l'impression bizarre d'être ailleurs, presqu'en apesanteur. Familièrement parlant, il me faut un peu de temps pour redescendre sur terre, y retrouver mes repères.

Mais, curieusement, je me rends compte que cette prise de conscience a un effet en retour, car de cette expérience  je tire une sorte de sagesse, à savoir qu'il faut se garder de dilapider les instants que l'on vit. En termes religieux, ce qui n'est guère mon domaine de référence, on pourrait dire :" L'inattention, au monde, aux autres, à soi-même, voilà le péché mortel par excellence". C'est parce que la musique est un art de la durée, de la mise en forme de la durée, qu'elle est de nature à provoquer cette réflexion. Je n'ai jamais éprouvé ce sentiment devant une oeuvre plastique, une sculpture, a fortiori une architecture, ni même à la lecture d'un poème. Il est vrai que ces oeuvres se déploient dans l'espace, hormis peut-être la poésie récitée et cette forme nouvelle d'art vivant que l'on nomme performances.

Bon ! Tout ça, c'est un peu nouveau pour moi ; il faudra approfondir un peu. On laisse mijoter à feu doux. On y reviendra...    

samedi 11 décembre - écouter... pas si simple

Comme j'évoquais, parmi les derniers concerts auxquels nous avons assisté, ceux de Soledad et de Galliano à Saint Martin de Crau, ou encore celui de Motion Trio à Carmaux et de Galliano, toujours, à Odyssud, et comme j'associais à cette évocation un sentiment de plénitude, de plaisir sans taches, je me suis rappelé un texte que j'avais écrit en janvier 2007 dans mon blog "Le bistrot des accordéons", où, suivant mon inclination pour une certaine spéculation intellectuelle, j'essayais de dresser la liste des facteurs en interactions capables de rendre compte de ce sentiment intense et rare. Je n'ai pas trop de goût pour la pensée théorique ou théoricienne à proprement parler ; par contre j'avoue un penchant certain pour tout ce qui s'apparente à un travail de formalisation, de mise en forme et de représentation formelle d'un phénomène. C'est ma manière de comprendre le monde et de m'y orienter.

Dans ce texte donc, j'essayais d'analyser les facteurs en interactions dans l'attitude d'écoute, en situation de concert ou d'audition d'un disque par exemple, et d'en dresser la liste. Après examen critique de cette analyse, je ne vois guère ce que je pourrais ajouter ou retrancher. J'avais alors identifié huit éléments :

- Su : l'auditeur, le sujet écoutant (son histoire, sa culture, ses intérêts intellectuels, ses pratiques culturelles...)
- O : l'oeuvre, l'objet de l'écoute (ses qualités formelles, son style, son histoire...)
- C : le compositeur (son monde d'appartenance, sa notoriété...)
- I : l'interprète, un ou pluriel (style, monde d'appartenance, notoriété...)
- P : le projet d'écoute de l'auditeur (en clair :"Pourquoi est-il en situation d'écoute , ici et maintenant ?"
- M : la chaine matérielle de l'émission à la restitution (question pour un cd ; question pour un concert )
- Si : la situation, c'est-à-dire les conditions spatiales et temporelles de l'écoute (salle, public, son...)
- A : l'état affectif de l'auditeur, du sujet écoutant, au moment de l'écoute (l'état de son moral, son état d'âme

Si l'on désigne par E la qualité de l'écoute et le plaisir qui en découle, on peut alors résumer cette analyse dans la formule suivante :

E = f [( Su, P), (O, C, I), (M, Si)].A

Autrement dit, la qualité de l'écoute telle qu'elle est éprouvée comme plaisir, est fonction du sujet et en particulier de son projet ; de l'oeuvre, de son créateur et des interprètes qui lui donnent vie ; du matériel, qui aussi à sa manière lui donne vie, et de la situation au moment de l'écoute ; et aussi de l'état affectif ou, si l'on veut, du moral de l'écoutant, cet état traversant d'une certaine façon tous les autres facteurs et leur donnant en quelque sorte leur couleur ou leur tonalité. On pourrait parler en l'occurrence de modulation de l'ensemble.

Cette formule, sous son apparence abstraite, rend assez bien compte, me semble-t-il, de la complexité de l'attitude d'écoute. Elle suggère le jeu des relations nécessaire à sa bonne réalisation. Elle nous alerte et nous rend vigilant quant aux éléments que nous devons essayer de contrôler pour tirer le maximum de plaisir de cette situation. Disons, en termes simples, pour en profiter au mieux... Ce qui n'est pas si simple : ça ne va pas de soi.

Cette formule, disais-je, rend assez bien compte, me semble-t-il, de la complexité de l'attitude d'écoute quand on vise à en tirer le maximum de plaisir. Je ne parle pas ici de l'écoute au kilomètre ou de l'écoute paresseuse qui se contente d'assimiler la musique à un bruit de fond. Je ne parle pas de consommation. Je parle de plaisir esthétique. C'est en ce cas que je parle de situation et d'attitude complexe. Il s'agit d'interactions, non de simple addition ou sommation d'éléments. Ce qui signifie que le plaisir ne résulte pas d'une simple accumulation de facteurs. C'est ainsi par exemple, alors que tout est réuni pour profiter au mieux d'un concert, qu'un photographe agité et bruyant vient tout gâter ; c'est ainsi, alors que tout semble parfait, que le public reste amorphe ;  c'est ainsi, alors que le concert est, si l'on peut dire, objectivement de grande qualité, que le retard pris sur l'horaire annoncé a cassé le moral et découragé la patience des gens ; ou encore, les difficultés de réglages, dans l'avant concert, ont été telles que les musiciens ont perdu tout feu sacré. A l'inverse, alors que plusieurs facteurs sont en défaut, alors que le concert s'est déroulé cahin-caha, un dernier rappel vient tout sauver et l'on gardera un souvenir émerveillé de ce moment. De même, un titre suffit parfois à sauver un album de qualité incertaine.

Cette formule, en mettant en évidence la complexité du plaisir de l'écoute, montre aussi qu'il n'est jamais possible de decréter a priori ce que sera la qualité de telle oeuvre ou de tel concert. Et je suis toujours étonné d'entendre des gens, par exemple dans les files d'attente, bardés de certitudes a priori, dire par avance ce qui va se passer. Je pense à cette dame, d'un âge certain, au Grand Théâtre de Bordeaux, disant à sa voisine :"Le violon, le piano, le violoncelle, c'est bien ; mais l'accordéon, qu'est-ce qu'il vient faire ici ?". Or, il se trouve que l'accordéoniste, c'était Bruno Maurice, dont évidemment elle ignorait tout, et que l'accordéon, c'était son Appassionata. Bon ! Pour être honnête, à la fin du concert, la dame, qui applaudissait avec enthousiasme, a dit à sa voisine :" L'accordéon, c'était très bien ; ça va bien pour le tango... L'accordéoniste, il est jeune, mais il était très bien aussi..."        

vendredi 10 décembre 2010

vendredi 10 décembre - anonymus nomine louis

En ouvrant mon blog ce matin, je découvre un commentaire :"anonyme a dit..." signé "louis" et posté hier, jeudi 9 décembre. Ce commentaire commence par ces mots :"Cher monsieur, je serais tenté de commencer mon message par "cher ami"..."

Je le dis sans détour, c'est aussi pour le plaisir de recevoir de tels messages, de tels signes d'amitié, que je tiens ce blog, presqu'un journal, mais pas tout à fait. J'avais en effet essayé de tenir le rythme quotidien dans "le bistrot des accordéons", mais la contrainte était trop difficile à respecter : manque de temps un jour, manque de matière un autre... Du coup, j'ai adopté un rythme de croisière qui tient d'une déambulation aléatoire et qui dépend des rencontres que nous faisons, Françoise et moi-même, à l'occasion d'un concert ou de l'écoute d'un disque.

Je n'ai pas le souci d'être lu par un grand nombre de lecteurs et il y a fort peu de temps que je me suis rendu compte, en ouvrant mon blog, qu'il était possible de savoir combien de consultations avaient été faites chaque jour, chaque semaine ou chaque mois. Ce nombre oscille au quotidien entre 45 et 80. Ce n'est pas beaucoup, mais cela me convient : j'imagine en effet que la plupart sont le fait d'amis, comme Louis. Et ces liens amicaux me donnent l'envie de continuer à publier textes et photographies.

Ils m'en donnent d'autant plus l'envie quand, comme dans le cas du message du message en question, je sens une véritable compréhension de mon projet. Quelque chose de l'ordre de la sympathie ou même du "compagnonnage".

Et donc, sans hésitation : "Cher ami, merci pour votre message amical...." et un bonjour amical à vous tous qui me lisez.

jeudi 9 décembre 2010

jeudi 9 décembre - à propos du tango

Le tango évoque évidemment une musique, une danse et une couleur, orange foncé. Couleur chaude s'il en est. Sans aller jusqu'à l'incandescence ou à l'indécence du rouge sang. Il évoque tout aussi immédiatement, par référence au latin, le toucher, sous ses deux dimensions : corporelle et affective. Sensation, émotion. Mais, tango, en latin, c'est aussi séduire ou duper, ce qui, à la réflexion, est peut-être la même chose. Le dictionnaire de ce bon professeur Félix Gaffiot donne comme exemples de ces significations : "duper un vieillard" et "séduire une jeune fille". On reconnait bien là l'innocence de l'universitaire. Pourquoi pas "séduire un vieillard" et "duper une jeune fille" ? En tout cas, le tango fait penser à un monde de marlous et de mauvais garçons. Mais aussi à un monde à fleur de peau ; un monde au toucher exacerbé. Le frôlement est déjà une sensation insoutenable et souvent une blessure vive. Que l'on feint de croire inguérissable, juste le temps de changer de partenaire.

Mais, il y a quelques jours, mon regard fut attiré, chez "les petits", par une revue de mathématiques intitulée "Tangentes". Je n'avais jamais fait le rapprochement avec le tango. Et pourtant ! S'il est vrai que la notion désignée par l'adjectif "tangent" correspond à l'idée de point de contact ou d'ensemble de points de contacts entre deux objets, on voit bien que le tango entre dans cette définition tant il est vrai que cette danse consiste, pour un couple de danseurs, à jouer sur leurs points de contacts. Jouer sur... c'est-à-dire se rapprocher et tout aussitôt s'écarter, s'éloigner. Une manière de faire semblant.

Mais, il faut aller plus loin, se rapprocher, s'écarter, s'éloigner, se perdre et se retrouver, n'est-ce pas ce que l'on appelle "prendre la tangente" ? C'est-à-dire s'esquiver, se dérober. Il y a du talent d'escrimeur dans le tango, du talent de voleur aussi. Escamoteur qui s'escamote lui-même. Illusionniste ! Arsène Lupin, aristocrate canaille, à la "Casa del Tango" à Buenos Aires.

C'est pour ça que j'aime le tango.

... Et tout à coup, je pense à "La Mala Cabeza, tango dégénéré", concert du duo Paco Serrano, chant, et Florian Demonsant au piano à bretelles.


dimanche 5 décembre 2010

mardi 7 décembre - au détour du zapping...

Il y a des soirées, comme ça, où, incapable de fixer mon attention sur telle ou telle émission, je zappe de chaîne en chaîne. C'est ainsi que dimanche soir, j'ai croisé à plusieurs reprises des musiciens en studio ou en concerts avec Richard Bona, j'ai entendu moult témoignages de ses collègues ou de ses amis ou encore de ses parents. Une sorte de portrait kaléidoscopique.

C'était sur France ô, une chaîne sympathique où la musique est reine : "Richard Bona : African Tale", 20h35 - 22h05.


Tout à coup, il était 21h14, mon zapping tombe sur une séance de répétition avec Marc Berthoumieux.


Le temps d'attraper mon petit Samsung et voilà ! c'est dans la boite. Il ne s'agit pas vraiment de musique tant les extraits sont courts, mais j'ai plaisir à saisir cette image inattendue.

samedi 4 décembre 2010

lundi 6 décembre - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é...

Le numéro 103 d'"Accordéon & accordéonistes" est arrivé. Numéro de décembre. 7 euros. 72 pages. A l'intérieur, un avis m'informait du fait que j'étais arrivé au bout de mon abonnement. A renouveler donc pour éviter une rupture de distribution.

Le numéro consacre sa "Tête d'affiche" à René Lacaille, kaméléon musicien. Pages 23 à 27, un bon entretien avec le patriarche de la Réunion. Un texte de Françoise Jallot, qui permet de mieux le connaitre et de belles photographies signées Bill Akwa Bétotè ou Willy Vainqueur. Où l'on voit qu'il ne manque pas de projets et où l'on vérifie qu'il est multi-instrumentiste avant tout.

Une quinzaine de pages d'"Echos", qui donnent toujours cette image bon enfant de l'accordéon. Pour preuve, maintes photos d'estrade où se pressent en rang d'oignons des accordéonistes tout sourire, bien qu'un peu impressionnés par la situation, et des accordéons rutilants. Plus chromés que ces instruments, tu meurs... Parmi ces pages, quelques publicités : Sud Claviers, Mornet Online, DVD Sylvie Pullès live, etc... Mais aussi, quelques adresses de radios promouvant l'accordéon.

Un compte-rendu, "Nous y étions", d'un spectacle chant et accordéon donné par Christiane Courvoisier et Michel Glasko. Le titre dit tout :"Mémoires en rouge et noir - Espagne 1936-1939".  Sous la même rubrique, un compte-rendu succinct de "L'Odyssée de l'accordéon". Avec des photographies, et peut-être le texte, de Caroline Linant. Toujours sous la rubrique "Nous y étions", une page sur Olivier Minet "Roubaix à l'accordéon".

Ma lecture étant fort subjective, je saute à pieds joints au dessus de quelques portraits, au demeurant sympathiques, et je m'arrête sur un "Entretien", page 36, où sont présentés Alain Chapelain et Albane Mahé, respectivement accordéon et harpe. Ils ont sorti un disque :"Libres Tangos".

Cahier "Pédagogie" : 4ème partie de "Doigtés, Technique, Articulation" de Jacques Mornet ; deux pages, VIII-IX, "Tango e(s)t poésie", signées William Sabatier. Toujours l'histoire et la culture du tango. En prime, les paroles de "Sur", "Chiquilin de Bachin" et "Mano a Mano".

Je passe sur quelques pages consacrées à des groupes où le chant - les textes - ont une importance primordiale. Ce n'est pas sans intérêt, mais pour ma part j'ai peu de goût pour l'accordéon comme simple accompagnateur. Disons que je préfère les morceaux purement instrumentaux. Ou alors que les textes soient dans une langue que j'ignore, de telle sorte que le sens du message m'échappe au bénéfice de la mélodie.

Un "Entretien" avec Ilan Zaoui, chorégraphe et chef de troupe, dont le spectacle, tel que décrit par F. Jallot, me parait digne d'intérêt. Dans le même cadre, "Entretien", un bon article sur les Yeux Noirs et sur leurs deux accordéonistes, en alternance et aux styles différents, Vincent Peirani et Dario Ivkovic.

Enfin, "Chroniques", avec une longue présentation d'un disque de Gus Viseur dans la collection "Archives de l'accordéon" chez Marianne Mélodie. Pour le reste, toujours la même remarque : jazz et classique sont à la portion congrue. Et quelques disques qui, me semble-t-il, relèvent de la catégorie :"L'accordéon au kilomètre"... Il faut de tout dans une revue généraliste comme "Accordéon & accordéonistes".

Le mois prochain, "Tête d'affiche", Marc Perrone.

dimanche 5 décembre - dans le rétro...

La première semaine de décembre s'achève. Aucun concert ne se profile à l'horizon de cette fin d'année. Je n'ai ni l'esprit de bilan, ni l'esprit de palmarés. Comment introduire une hiérarchie entre des moments de plaisirs radicalement différents ? Tous les concerts sont spécifiques ; j'ai le sentiment que toute tentative de classement entre eux est vaine et traduit surtout un manque de variétés quant aux critères que l'on applique. Pas question donc de se demander quel a été le concert le plus je-ne-sais-quoi et ainsi de suite jusqu'aux moins satisfaisants. Pas question non plus de se poser ce type de question à propos des accordéonistes que nous avons eu la chance d'écouter live. La seule question qui vaille, à mon sens, c'est de savoir reconnaitre la qualité spécifique de chacun, son originalité, sa personnalité.

En revanche, la période me parait propice à un coup d'oeil dans le rétro de 2010. C'est le moment, en parcourant la liste des concerts de l'année, de redonner vie à nos impressions et peut-être même d'en fabriquer de nouvelles.

C'est aussi la possibilité, amis lecteurs, de retrouver tous les comptes-rendus - subjectifs, forcément subjectifs ! -au fil des étapes de ce parcours chronologique.


- mardi 2.02. Théâtre Saint Louis à Pau. Zaza Fournier.
- mercredi 10.02. Bistrot "Le communard", quartier Arnaud Bernard, Toulouse, Sextet "Manoeuvre".
- samedi 27.02. Conservatoire occitan, Toulouse, "Somi de Granadas" : Thierry Roques, accordéon, Lopez, Dayraud.
- jeudi 25 mars. Le Bijou à Toulouse, Raul Barboza, accordéon,  et Nardo Gonzales.
- vendredi 26 mars, Le Bijou à Toulouse, Raul Barboza, accordéon, et Nardo Gonzales.
- jeudi 8 avril, Espace Croix Baragnon, salle bleue, à Toulouse, "Hora Cero", Juan-Jo Mosalini, bandonéon.
- jeudi 29 avril, Espace Croix Baragnon, salle bleue, à Toulouse, "Pulcinella", Florian Demonsant, accordéon.
- vendredi 30 avril, Théâtre municipal, Carcassonne, "Tangaria", Richard Galliano, accordéon.
- vendredi 7 mai, Verfeil, région de Toulouse, "Palokortao", F. Demonsant, accordéon.
- jeudi 13 mai, festival de Trentels, église de Ladignac, récital de P. Contet, accordéon.
- vendredi 14 mai, festival de Trentels, Michel Macias, accordéon, et Pedram Khavarzamini.
- vendredi 14 mai, festival de Trentels, Manfred Leuchter, accordéon, et Ian Melrose.
- samedi 15 mai, festival de Trentels, duo François Heim, accordéon, et Thorel.
- samedi 15 mai, festival de Trentels, quartet Spasiuk, accordéon.
- samedi 5 juin, "La Coupole", Saint Loubès, près de Bordeaux, Marcel Azzola, accordéon, et Dany Doriz Quartet.
- jeudi 17 juin, Bistrot "Amanita Muscaria", Toulouse, Duo F. Demonsant, accordéon, et Paco Serrano, "Mala Cabeza", tango dégénéré.
- lundi 21 juin, Fête de la Musique, Pau, Quintet venu de la région de Béziers, accordéoniste anonyme.
- samedi 17 juillet, Arènes de Nogaro, "Accordéons Voyageurs", "Les Troublamours", Emmanuel Ferrari, accordéon.
- samedi 17 juillet, Arènes de Nogaro, "Accordéons Voyageurs", duo Régis Gizavo, accordéon, et  D. Mirandon.
- vendredi 23 juillet, "Errobiko Festibala" à Itxassou, Philippe de Ezcurra, bandonéon, et Quatuor Kairos.
- vendredi 20 août, "Hestiv'Oc", Pau, Trio "Verd e Blu" ; duo Casthana-Vinorel.
- samedi 21 août, "Hestiv'Oc", Pau, Trio Kepa Junkera, accordéon.
- dimanche 22 août, "Hestiv'Oc", Pau, "Yo Que T'Embreco", quatuor de la province d'Aragon.
- dimanche 22 août, "Hestiv'Oc", Pau, Duo A. Minvielle et Lionel Suarez, accordéon.
- dimanche 10 octobre, "Odyssud", Blagnac, Galliano Sextet, "De Bach à Piazzolla".
- samedi 16 octobre, "Festival Jazzèbre", Perpignan, Théâtre Municipal, Duo A. Minvielle et L. Suarez.
- samedi 16 octobre, "Festival Jazzèbre", Perpignan, Théâtre municipal, Trio Rabih Abou-Khalil, avec L. Biondini, accordéon, et Ricardo Ribeiro, chant, invité.
- samedi 23 octobre, Billère, salle Lacaze, trio Perrone, accordéon, A. Minvielle et M.-O. Chantran.  
- jeudi 4 novembre, Billère, "L'Ampli", Sextet "Rageous Gratoons", accordéoniste anonyme.
- samedi 6 novembre, Auditorium Jean Cayrou, Colomiers, Lionel Suarez Quartet interprète Carlos Gardel.
- vendredi 12 novembre,Centre culturel,  Saint Martin de Crau, "Soledad", Manu Comté, accordéon.
- samedi 13 novembre, Centre culturel, Saint Martin de Crau, Richard Galliano Sextet, " de Bach à Piazzolla".
- vendredi 19 novembre, salle F. Mitterrand, Carmaux, "Motion Trio"
- vendredi 19 novembre, salle F. Mitterrand, Carmaux, "Terem Quartet", A. Smirnov, accordéon.
- mardi 23 novembre, Zénith, Pau, "Gotan Project".
- vendredi 26 novembre, Show Case, Pau, fanfare "La Zikabilo", accordéoniste anonyme.
- mardi 30 novembre, salle Nougaro, Toulouse, "Daniel Mille Quintet".   
  

vendredi 3 décembre 2010

samedi 4 décembre - à propos du concert de daniel mille, salle nougaro

Dans mon post en date du 1er décembre, j'avais essayé de rendre compte du concert de Daniel Mille en quintet, salle Nougaro, à Toulouse, le 30 octobre. Depuis, Françoise a pris le temps de peaufiner le sien et du coup nos deux textes fonctionnent comme les deux volets d'un diptyque. Pour le vérifier, il suffit de suivre le lien... Emotions, connotations...

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

vendredi 3 décembre - daniel mille, salle nougaro : cinq photonotes

Cinq photonotes, pour le plaisir des yeux et pour arrimer un souvenir heureux à quelques images.

21h28. Julien Alour a commencé son bricolage. Présence de Daniel Mille. Son Cavagnolo, impressionnant, et cette façon d'installer une pulsation de tout son corps.


21h40.
 21h50.

 22h04. Solo. "Suerte, maestro", suivant l'expression des toreros. "Bonne chance !"


23h00. Un morceau, l'introduction d'un morceau à l'accordina. Un instrument qui transmet toujours une émotion très particulière. Comme une vibration fragile, mais obstinée.

mercredi 1er décembre - daniel mille quintet, salle nougaro, à toulouse

Mardi 30 novembre, salle Nougaro, à Toulouse, concert du Daniel Mille Quintet. Après une première partie assurée par le Jérémy Ribul Trio - piano, contrebasse et batterie -, le concert a lieu de 21h25 à 23h10. Le quintet était composé de Daniel Mille, accordéon, Alfio Origlio, piano, Jérôme Regard, contrebasse, Julien Alour, trompette, André Ceccarelli, batterie.

Je n'ai pas reconnu tous les morceaux et certains, que j'ai reconnus, je ne les ai pas identifiés. Mais j'ai les disques de Daniel Mille pour combler cette lacune. Ce sera un plaisir de mener mon enquête. En attendant, j'ai retenu de mémoire "Les soirs de pleine lune" et "Oblivion" d'"Après la pluie", "Les minots" d'"Entre chien et loup", "L'attente", "Fin d'été", "Les beaux jours" du dernier opus, "L"Attente".


J'ai beaucoup aimé le triangle : accordéon, trompette, contrebasse et la complicité entre le pianiste et le batteur. J'ai beaucoup aimé le look des cinq musiciens, tenue noire, veste et gilet à fines rayures, façon velours côtelé, pour Daniel Mille ; chemises et pantalons noirs pour ses quatre collègues. Je lis dans cette présentation impeccable une extrême politesse pour le public et j'y suis très sensible. C'est une manière de manifester la rigueur du quintet et de son leader. Première impression que l'enchaînement des morceaux confirme.


J'ai essayé jusquu'ici de m'en tenir à une description objective du concert. J'en viens maintenant à des considérations plus subjectives pour dire à quel point j'ai pris plaisir à ce concert. D'abord, la présence de Daniel Mille comme leader et commme compositeur. Beaucoup de morceaux ont, si je puis dire, un air de famille quant à la mélodie et du coup, de titre en titre, un monde se construit et c'est un charme particulier, un style immédiatement reconnaissable, qui opère. Charme difficile à traduire en mots, mais qui traduit bien cet univers de "transitions" que j'attribue à Daniel Mille : Après la pluie, et avant quoi ?... Le soleil ou encore des nuages ? Entre chien et loup, ce moment où l'on n'est plus très certain de ses perceptions ; Sur les quais : on part ou l'on reste ? Et bien évidemment : L'attente...  le temps suspendu...

Donc, je note l'enchaînement des titres et au fur et à mesure la construction d'un monde qui manifeste l'inspiration authentique de Daniel Mille. Sans parler de l'instrumentiste : un accordéon profond, sans éclats ni  paillettes ; sa voix qui vient souligner ou développer ou approfondir le jeu du soufflet... Une voix, comme un cri retenu, très émouvante. Tout en demi-teinte.

Et puis, il y a la trompette, comme je l'aime, non pas tonitruante et agressive, mais introvertie, fragile. Plusieurs duos avec l'accordéon sont des moments qui resteront dans ma mémoire. Et puis j'aime bien la manière dont Julien Alour démonte et remonte sans cesse son instrument pour le régler. Suspense ! Va-t-il finir son bricolage à temps pour tenir sa partie ? Bon, je plaisante ! Présence aussi de Jérôme Regard : juste ce qu'il faut. Un piano percussif, mais pas trop avec de jolis moments d'improvisation. Et puis, André Ceccarelli, qui a son fan club à Toulouse, c'est sûr, entre sons soyeux et vibrations cristallines. Tout le contraire de certains batteurs-bucherons.

Bref ! Un très beau concert avec juste ce qu'il faut d'unité et de variété, de maîtrise et de virtuosité. Un concert juste !

Et puis, dans le registre subjectif, j'ajouterais volontiers ce moment avant le concert. Fidèles à notre habitude - et pourquoi pas parler de stratégie, tant il se passe de choses intéressantes avant un concert ? - nous sommes arrivés à 19h30, soit une heure avant la première partie. Deux personnes grignotaient leur sandwich ; nous avons commandé deux verres de blanc doux et nous avons regardé l'exposition de photographies de musiciens affichées sur les murs. On entendait de la musique : les derniers réglages. Et puis, la porte de la salle s'est ouverte, Daniel Mille a traversé le hall d'entrée, bref salut... Et puis, il est revenu et m'approchant de lui je lui ai demandé s'il accepterait de me signer un disque. "Oui, mais...". Sous-entendu :"Je n'en ai pas sous la main". Et Françoise sort de son sac les disques que nous avions apportés... dans l'espoir d'une signature. "Signez celui que vous voulez !". Cette demande l'amuse. Un peu surpris il prend le lot en main, regarde et dit :"Mais vous les avez tous !". Et puis, il choisir "Après la pluie" et trace le dessin que l'on voit ci-dessous.  Il s'amuse aussi de voir que l'on a conservé les billets de Caveirac et de Junas...



Quelques instants plus tard, en traversant à nouveau le hall, il s'arrête et, en riant, nous dit :"Je ne pensais pas que quelqu'un pouvait avoir tous mes disques". On pense qu'il est trop modeste, car son oeuvre a de quoi susciter l'admiration.

Tout ça, ce sont autant d'ancrages pour le souvenir de ce concert. Mais déjà Françoise est repartie en chasse pour repèrer si, par hasard, Daniel Mille n'aurait pas inscrit quelque concert dans notre sud-ouest... Tout en écoutant ces cds pour retrouver tel ou tel morceau encore non identifié.

ps : je n'ai pas fait de recherche sur YouTube, mais on peut écouter des morceaux de Daniel Mille sur Deezer et sur Myspace...

http://www.deezer.com/fr/music/home/general-0#music/result/all/mille%20daniel

http://fr.myspace.com/search/music?q=daniel+mille