jeudi 30 septembre 2010

vendredi 1er octobre - à propos du dernier opus de paris moscou

Sur le site du duo Paris Moscou, on ne trouve ni morceaux, ni extraits de son dernier opus ; en revanche on peut écouter/voir trois vidéos
http://www.accordions.com/duo/

- "L'hiver" de Chalaïev
- une pièce de concours de Koniaiev
- "Boutade" de Baselli et Rossi

Depuis que j'ai reçu le disque, j'ai pu l'écouter non pas plus attentivement, mais plus complétement. Je me rends compte que l'ensemble des treize morceaux se répartit grosso modo en deux sous-ensembles : d'une part, neuf titres, eux-mêmes subdivisés, et d'autre part quatre pièces pour enfants (10-13). Quant aux titres 01 à 09, je note en 01 "Moscou-Paris" et en 09 "Paris-Moscou", qui sont deux arrangements de morceaux populaires au sens où ils sont dans l'esprit de tous, qu'on peut les reconnaitre d'emblée et les fredonner. En 02, un "Hommage à Paco" (de Lucia), brillantissime ; en 04 et 08 deux morceaux en référence à Piazzolla, "Toccata" et "Comastor". Et puis en 05, 06 et 07, "Haïti", 1er, 2ème et 3 ème mouvement. Ces trois titres forment une suite où l'on peut sentir comment un compositeur comme Franck Angelis donne forme artistique à son émotion. Et comment deux interprètes comme Domi Emorine et Roman Jbanov se mettent au service de ce triptyque pour en tirer toute sa quintessence esthétique. A l'heure actuelle, ces trois pièces, au coeur de l'album, ont ma préférence. Disons que ce sont elles qui me touchent le plus. Mais je dis bien "à l'heure actuelle". Sans oublier en 03 une pièce émouvante, "Impasse", où là aussi on peut saisir quelque chose du travail de composition et d'interprétation qui transforme une émotion profonde et même une douleur sans nom en oeuvre d'art.

Et puis, comme toujours dans les disques d'importance, un son et un phrasé qui sont comme une signature immédiatement identifiable.

 

jeudi 30 septembre - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é

"Accordéon & accordéonistes", n° 101, octobre 2010. 72 pages. 7 euros.

On retrouve avec plaisir les rubriques habituelles déclinées de mois en mois. Mais, ce mois-ci, je m'en tiens à quelques articles, vraiment spécifiques à cette livraison.

- Une excellente "Tête d'affiche", pages 18-23, consacrée à Marcel Loeffler et à son dernier opus "Around Gus". On apprend à mieux connaitre cet artiste et l'on découvre aussi un excellent encart où Stéphanie Simon explique comment elle a fabriqué pour et avec Marcel Loeffler son accordéon baptisé "Gadji" (femme non manouche en langue manouche). Et puis il y a des interviewes d'André Minvielle, de Cédric Loeffler, de Mandino Reinhardt. Et aussi quelques mots de Marcel Loeffler à propos de l'expulsion des Roms. Très intéressant.
On peut écouter quelques extraits d'"Around Gus" et d'albums précédents de M. Loeffler sur son site :
http://www.marcel-loeffler.com/albums.html
- Un bon dossier informatif, pages 24-27, sur l'accordéon diatonique en Normandie. Paturages et collectage !
- Quatre pages, 28-31, annonçant "L'Odyssée de l'accordéon". Une initiative pleine d'avenir, en tout cas à suivre...
- Après, je saute quelques pages, y compris le dossier "Pédagogie", à pieds joints et je me retrouve à découvrir le "portrait" d'un chinois joueur de guimbarde : Wang Li. Pages 38 et 39. Tout de suite après, pages 40 à 42, "entretien" avec Duckmandu, un accordéoniste plutôt déjanté, présenté comme mi-punk mi-rock, ce qui semble un peu réducteur eu égard à son éclectisme foisonnant et débridé. Le parcours d'un petit canard !
- Je fais un sort particulier à un "entretien" avec Manu Comté, l'accordéoniste du groupe Soledad. Des éclairages intéressants sur ce quintet, ses projets et son style. La référence à Piazzolla, le travail avec des compositeurs contemporains, comme Devreese, et les compositions originales de Soledad. Pages 44 et 45.

J'aurais aimé quelques chroniques jazz et accordéon classique, mais on ne peut tout avoir. C'est déjà, en l'état, une bonne livraison.

mercredi 29 septembre 2010

mercredi 29 septembre - duo paris moscou

Il y a quelques jours, j'ai reçu un courriel de Domi Emorine et Roman Jbanov annonçant la sortie de leur dernier opus : "Duo Paris Moscou présente Franck Angelis".

Ce midi, à notre retour de Toulouse où nous étions allés passer quelques jours pour assurer l'intendance, Nadja et Sébastien étant frappés par une sorte de grippe qui se manifeste par de fortes fièvres et des crises de toux épuisantes, ce midi donc, le cd nous attendait dans la boite à lettres. Agréable retour !


La couverture est magnifique. portraits des deux membres du duo. A l'intérieur, quelques lignes pleines de chaleur et d'amitié. Première impression : à première vue, un sentiment de sympathie. Envie d'écouter. Mais il faut d'abord que j'aille à Nay rendre visite à mes parents. J'hésite à écouter le cd sur le lecteur de ma voiture, mais finalement j'y renonce. J'ai déjà dit à plusieurs reprises qu'une écoute dans de telles conditions me met toujours mal à l'aise, comme si je manquais de respect vis-à-vis des artistes. J'attendrai donc.



De retour à la maison, première écoute. Tous les morceaux ont été composés par Franck Angelis. On sent entre les trois musiciens une profonde complicité. En première écoute, c'est l'impression d'avoir affaire à un disque de culture qui domine. J'entends par là un disque qui a été composé et interprété par des artistes de haute culture, qui ont assimilé celle-ci pour la traduire dans leurs créations. Par exemple, parmi les titres compris entre "01. Paris-Moscou" et "09. Moscou-Paris", on relève une "Toccata" en hommage à Piazzolla, ou  "Comastor", allusion au même, ou encore "Comme Chopin". En "02, Hommage à Paco", en référence à un concert de Paco de Lucia. Mais aussi, parmi quatre pièces pour enfants, un certain "Ragaluc", qui s'inspire du ragtime.

Bien entendu, j'ai conscience qu'il ne s'agit que d'impressions superficielles, mais cependant déjà bien définies, et qu'il me faudra bien d'autres écoutes pour saisir tout ce tissu culturel que j'évoquais plus haut. Et puis, bien sûr, il y a la maitrise technique des deux membres du duo. Mais cela, on le savait déjà.

vendredi 24 septembre 2010

samedi 25 septembre - de la part de sylvie...

Sylvie Jamet, dont on connait la passion pour l'accordéon et la générosité pour faire profiter le plus grand nombre de ses trouvailles, m'a envoyé une gerbe de courriels tous plus intéressants les uns que les autres. Avec plein de liens. J'aurais voulu tous les répercuter, mais finalement j'ai décidé de m'en tenir à quatre vidéos, toutes tirées d'un même concert.

http://www.youtube.com/watch?v=ogVcv9ivYv0

Mie Miki / Vladimir Tonkha - Sofia Gubaidulina/1

Sofia Gubaidulina - " Sieben Worte " für Violoncello , Bajan und Streicher Mie Miki - Akkordeon ( Bajan ) Vladimir Tonkha - Violoncello Leitung - Robin Engelen Generalprobe , Dornach 2.3.2002


http://www.youtube.com/watch?v=GIovqjkgWX8

Mie Miki / Vladimir Tonkha - Sofia Gubaidulina/2

Sofia Gubaidulina - " Sieben Worte " für Violoncello , Bajan und Streicher Mie Miki - Akkordeon ( Bajan ) Vladimir Tonkha - Violoncello Leitung - Robin Engelen Generalprobe , Dornach 2.3.2002


http://www.youtube.com/watch?v=YCzCwxlrGKI

Mie Miki / Vladimir Tonkha - Sofia Gubaidulina/3

Sofia Gubaidulina - " Sieben Worte " für Violoncello , Bajan und Streicher Mie Miki - Akkordeon ( Bajan ) Vladimir Tonkha - Violoncello Leitung - Robin Engelen Generalprobe , Dornach 2.3.2002


http://www.youtube.com/watch?v=BzkyWNoObB0

Mie Miki / Vladimir Tonkha - Sofia Gubaidulina/4

Sofia Gubaidulina - " Sieben Worte " für Violoncello , Bajan und Streicher Mie Miki - Akkordeon ( Bajan ) Vladimir Tonkha - Violoncello Leitung - Robin Engelen Generalprobe , Dornach 2.3.2002

... Et, qu'est-ce qu'on dit ? On dit :"Merci Sylvie !"

... D'autant plus que, comme pour les fusées des feux d'artifice, chaque vidéo est à l'origine d'une explosion de tags, qui à leur tour... Etc... Etc... Une arborescence sans limites. Un labyrinthe inépuisable.

samedi 25 septembre - un blog, dédié à l'accordéon, qui vaut le détour...

Françoise, qui a décidément le don de la documentation, je dis le don car je n'ai jamais compris sa méthode, à moins que "battre la campagne, le nez au vent" ne soit le dernier avatar de la méthode cartésienne, Françoise donc, inspirée par son don divagatoire, vient de me faire découvrir un blog dédié à l'accordéon, que je trouve fort bien fait, forme et texte, subjectif, mais bien argumenté. Vraiment, ça vaut le détour...

http://membres.multimania.fr/yveschoffel/cdaccordeon.html

vendredi 24 septembre - piazzolla selon concertino

J'ai dit [cf. dimanche 12 septembre - l'ensemble d'accordéons concertino] comment Jean-Marc Licavoli m'avait révélé l'existence d'une formation d'accordéonistes moldaves : Concertino. Depuis, et toujours grâce à Jean-Marc, j'ai pu écouter un disque entier de cet ensemble. Un disque consacré entièrement à Piazzolla : "Oblivion", "Libertango", "La Muerte del Angel", "Ave Maria", "Fugata", etc... et les quatres saisons : "Primavera", Otono", Invierno", Verano". Une lecture très spécifique de Piazzolla à l'instar de celle de Chopin par le Motion Trio. Je disais à Jean-Marc, dans un récent courriel, que c'était le mot "symphonique" qui me venait spontanément à l'esprit en écoutant ce disque. J'y retrouve en effet toutes les connotations associées à cette notion, du moins dans ma représentation. En même temps, c'est toute une culture musicale qui me semble s'exprimer à travers cet opus. Piazzolla me parait moins "écorché vif", moins "à fleur de peau" que dans mon imaginaire ; c'est le compositeur qui écrit une oeuvre structurée et rigoureuse qui apparait ici.

Et c'est vraiment intéressant.   

jeudi 23 septembre - d'hossegor à chopin via motion trio

Ce matin, entre 10 heures et 13 heures, on est allé défiler. Un cortège imposant. Une foule étrangement silencieuse. Rien de festif, mais beaucoup de sérieux. La pluie a fait mine de vouloir perturber la marche de protestation, mais apès quelques gouttes elle s'est éloignée de Pau. On a croisé des copains, on en a accompagné d'autres pendant un bout du chemin, on a parlé de choses et d'autres.

Mais, reprenons les choses dans l'ordre chronologique. Lundi soir, retour à la maison, vers 23 heures. Retour d'Hossegor où nous sommes allés passer le week-end. Nous étions arrivés à la villa vendredi sur le coup de midi. Françoise avait emporté un pot de daube de toro. Avec un verre de Madiran et trois Costa-Rica bien serrés, c'était agréable comme mise en bouche. Nous avions comme travail de vider l'abri de jardin à bout de souffle et de commencer à le démonter. Nadja, Sébastien, Charlotte et Camille devaient nous rejoindre vendredi soir. Ils sont arrivés vers minuit. Entre temps, au début du coucher du soleil, nous sommes allés, Françoise et moi, voir l'océan. Une sorte de totem veillait sur la plage. L'arbre à douches comme une vigie plus ou moins pirate.



Samedi, jusqu'à midi, démontage de l'abri. Nous avions bien préparé le travail. On a pu profiter agréablement du week-end. Le plaisir des filles, le plaisir des "petits" : un vrai bonheur. Parmi ces fragments de bonheur, comme les pièces d'un puzzle, la vie quoi, j'en retiens trois :

- le diner de samedi. Charlotte et Camille avaient choisi les tapas et on avait mis une nappe blanche.



- dimanche après-midi, goûter au Mar y Sol : crêpes au sucre pour Charlotte, au nutella pour Camille, limonade pour Camille, perrier- menthe pour Charlotte. Camille adore le nutella, mais là, ça fait beaucoup. Son estomac chavire, mais une petite course dans le sable suffit, ça passe vite.



- lundi, à 17 heures, comme prévu, les ouvriers ont fini de monter le nouvel abri. Le temps de le remplir et de faire nos bagages, on rentre à Pau. Il est alors 23 heures. Mon premier geste est d'aller vider la boite à lettres.


A 23 heures donc, je récupère le courrier dans la boite à lettres. Parmi les lettres et autres publicités, il y a un  avis de non distribution d'une lettre recommandée. Mardi matin donc, je vais retirer la-dite lettre au bureau de poste. Un courrier venu de Pologne. Je ne l'attendais pas si tôt. Le "Chopin" de Motion Trio.



Un disque surprenant. On retrouve bien le style du trio. On retrouve bien leur jeu et surtout l'articulation entre les trois accordéons. Et c'est un bonheur d'écouter la lecture que ces Polonais proposent de Chopin. Parfois, je reconnais bien Chopin tel que je le connaissais ; parfois, je suis sidéré par la manière dont ils se l'approprient. Et puis, en arrière-fond, on sent la présence du public : le disque a été enregistré live à Nantes le 29 janvier 2010 au cours de "La folle journée".



mardi 21 septembre 2010

mardi 21 septembre - gotan project : rayuela

Je découvre à l'instant un courriel de Ya Basta, dont je reçois régulièrement les newsletters. Si vous voulez  partager avec moi le plaisir de cette information, il vous suffit de cliquer sur les deux liens en fin de texte. 

«Dans la marelle comme dans la vie, il faut savoir de quel côté sauter».


"Amateur de belles lettres, Gotan Project convie le poète surréaliste Julio Cortázar, dont la voix d’outre-tombe hante la «Rayuela», texto «La Marelle», tiré du livre totémique du même nom. Exilé à Paris, l’écrivain argentin habitait au 4, rue Martel, dans le dixième arrondissement… Là même où Gotan Project est né ! «C’est ici qu’il est mort. Dès qu’on l’a su, il nous a semblé évident d’honorer la mémoire de ce grand auteur, à travers l’un des textes que tout jeune Argentin se doit de connaître». Des paroles ludiques reprises en chœur par des enfants pour une parabole philosophique autour du jeu de la vie, l’enfer ou le paradis. Fantomatique et fantastique ! Comme les deux remixes - l'un entre cumbia et reggaeton déjanté, signé par Daniel Haaksman, fidèle du label ¡Ya Basta ! records, l'autre plus space disco décalé, du label berlinois Man Recordings.

C'est aujourd'hui le Jour-J de la sortie mondiale officielle du nouveau clip «Rayuela» sur le web et tous les écrans des télévisions. Cliquez sur l'image ci-dessus pour le visionner en HD sur la chaîne VIMEO Officielle de Ya Basta records et la chaîne officielle YOU TUBE de GOTAN PROJECT".

En pratique, cliquez sur l'un des deux liens ci-dessous.

http://www.youtube.com/gotanofficial

http://vimeo.com/15119135

Bonne écoute ! Bon visionnement !

mardi 14 septembre 2010

mardi 14 septembre - astoria histoire du tango

Astoria est une formation du type musique de chambre qui se consacre à l'interprétation de pièces d'Astor Piazzolla. A ma connaissance, cette formation, dont la composition n'est pas permanente, a produit trois cds :

- "Astor Piazzolla / Tiempo del Angel / Astoria", Astoria 2006
- "Astor Piazzolla / Adios Nonino / Astoria", Outhere, 2007
- "Astor Piazzolla / Histoire du Tango / Marc Grauwels / Astoria", Outhere, 2010

Pour se faire une idée de la musique d'Astoria, ci-dessous le lien vers leur site.

http://www.e-astoria.be/index.php

On y trouve de quoi écouter des morceaux des deux premiers cds, mais pas - pas encore ? - du dernier. La formation du premier disque comprenait deux violons, un alto, un violoncelle, une contrebasse, un piano et un accordéon, Christophe Delporte. Celle du deuxième, deux violons, un alto, un violoncelle, une contrebasse, un piano, des percussions et un accordéon, toujours C. Delporte. Celle du troisième, qui a invité un flûtiste, est composée d'un violon, d'un violoncelle, d'un piano, de percussions, avec C. Delporte à l'accordéon et au bandonéon. Tous ces musiciens sont belges et de formation classique.

Depuis que j'ai découvert Astoria, je suis leur parcours à travers leurs cds, car j'apprécie beaucoup leur jeu très maîtisé. Je pense  par exemple dans le dernier cd à une version magnifique de "Soledad", mais je pourrais citer aussi "Concierto para Quinteto". Jusqu'ici j'avais un grand plaisir esthétique à les écouter, mais un plaisir, je m'en rends compte aujourd'hui, d'abord intellectuel. J'avais conscience d'avoir affaire à une oeuvre obstinée et de longue haleine, et cela dès le premier album. J'avais envie de les accompagner dans leur démarche. Depuis hier, il s'y ajoute une dimension affective à haute densité émotionnelle. Cette nouvelle dimension me montre à quel point - s'il en était besoin - l'émotion esthétique est à l'intersection de qualités intrinséques à un objet, ici une création artistique, et de l'état d'esprit, disons l'état d'âme du récepteur.

Je m'explique. J'avais reçu il y a quelques jours un avis de passage d'un employé chargé de relever les consommations d'électricité au compteur de la villa de mes parents. Rendez-vous entre 12 heures et 17 heures. Cette villa est vide, vide d'occupants, mais pleine d'objets, depuis que mes deux parents sont en maison de retraite à Nay. Il fallait tout de même relever le compteur. Je suis arrivé peu avant midi, j'ai ouvert toutes les portes et fenêtres, j'ai récupéré un peu de vaisselle et du linge : draps, nappes et serviettes, et j'ai attendu l'employé en question jusqu'à 14 heures. Comme il n'était pas passé, Françoise est venue me relayer et je suis allé rendre visite à mes parents le reste de l'après-midi. Elle a trié du linge, passé l'aspirateur et enlevé sur les fauteuils quelques traces de moisissures. En fin d'après-midi, je l'ai rejointe. Toujours pas d'employé en vue. Un voisin, rencontré devant le portail, me dit alors que celui-ci est passé à midi moins le quart.

Pendant notre retour à Pau, sans avoir besoin d'en parler, nous nous sentons épuisés. Epuisés non par le ménage ou par la route, non ! Epuisés de tristesse : cette villa que nous vidons à dose homéopathique, c'est une vie entière qui disparait au fur et à mesure que l'on emporte des objets pour leur redonner vie à Hossegor. Et encore, je ne parle pas des boites qui, ouvertes, montrent des jouets (les miens, il y a à peine moins de soixante ans), des lettres, des choses apparemment banales, mais conservées comme traces d'une histoire, comme traces de jours heureux. Je ne parle pas du travail que Françoise a accompli en triant du linge. Ce drap où nous avions dormi, cette nappe réservée au réveillon de Noël. Je ne parle pas non plus du regard plein de compassion que je porte sur mes parents : nous n'en parlons jamais, mais nous savons bien qu'ils ne reverront jamais de leurs yeux live ce qui d'année en année, d'achats et achats,  a construit le concret de leur vie. Comment parler par exemple de leurs 33 tours et de leurs cds ? Comment les imaginer, dans leur séjour si lumineux, écoutant Barbara, Gainsbourg, des airs d'opéra, dont ils avaient acheté une anthologie en douze disques, ou encore Franck Pourcel ? A part deux photographies des "petits", ils ne veulent pas s'entourer de quelque objet que ce soit ayant participé à leur environnement.

Et puis, après avoir essayé d'adoucir leur destin - mais sans illusions - il faut les quitter. Je les accompagne au foyer. C'est le rituel du goûter. Ils se tiennent tout près l'un de l'autre. Je leur tourne le dos, je salue les aides-soignants et les résidents. Certains me sourient ; d'autres semblent ailleurs. Et puis, arrivé à la porte, je me retourne, je leur fais un petit salut de la main ; ils me répondent en agitant une main et, je le dis, c'est déchirant. En avançant d'un pas, ils disparaissent à mon regard et je disparais à leurs yeux. Cet instant est insupportable.

C'est pour tout cela que sur le chemin du retour nous étions épuisés. Vidés ! Sans nous concerter, au lieu de rentrer à la maison, nous sommes allés boire une orange pressée et un thé dans la galerie marchande de l'hypermarché. Thé ou Café. Nous savions bien qu'après, nous irions faire un tour au Parvis. A tout hasard. Et justement, le hasard, c'était le dernier opus d'Astoria. Sa musique me touche au plus haut point. Quelque chose de poignant. Punctum, à coup sûr. Mais je sais bien que cette émotion est inséparable de mon état d'esprit, je sais bien que l'émotion esthétique que je ressens résulte d'un mixte d'impressions liées à l'écoute et de sentiments liés à l'infini tristesse qui me tient.

A tout jamais, cette "Histoire du Tango" sera indissociable de l'état d'âme qui était le mien au moment où je l'ai écoutée. Et je pense que par une sorte d'effet de halo cette perception s'étendra dorénavant aux autres albums d'Astoria.

ps : on peut voir et écouter Astoria sur facebook à partir du lien ci-dessous :

http://www.facebook.com/pages/Astoria/58331433938

dimanche 12 septembre 2010

dimanche 12 septembre - l'ensemble d'accordéons concertino

Dans son dernier courriel, Jean-Marc Licavoli me fait connaitre un orchestre dont j'ignorais jusqu'ici le nom : "Concertino". Il s'agit de sept accordéonistes moldaves, que Richard Galliano avait invités dans la région de Nice cet été et que Jean-Marc, lui-même stagiaire, avait découverts à cette occasion. Il me dit son admiration pour ces musiciens et me donne l'adresse de leur site.

Après une petite visite à cet orchestre, je ne résiste pas au plaisir de partager à mon tour le plaisir que j'ai pris à le découvrir. Ci-dessous le lien :

http://www.concertino.md/

Quand on est sur la page d'accueil, activer "Look Our New Videos", en bas à gauche. On découvre alors avec surprise, du moins moi, 8 minutes 15 d'un concert donné par Richard Galliano (France) et "Concertino" (Moldavie) live in Organ Hall, Chisinau, Moldavie, en 2010. On peut écouter alors une interprétation du 3 ème mouvement d' "Opale concerto".

Après quoi, on peut encore écouter une interprétation d' "Oblivion" et une autre pièce. Et peut-être d'autres vidéos qui auraient échappé à ma vigilance.

Notons que sur le site de "Concertino", on peut aussi écouter des morceaux en mp3 : onglet MP3 en haut sur la page d'accueil.

dimanche 12 septembre - évocations

Nous avions décidé d'aller passer le week-end à Hossegor pour commencer à démonter l'abri de jardin et faire place nette pour un nouveau en bois de pin des Landes. L'occasion était trop belle : nous avons fait un détour par Dax où les gens de la ville, à peine trois semaines après la feria, se donnent entre eux, après le départ de la plupart des touristes et autres curistes, une sorte de re-fête. Toros y Salsa. Fête du toro dans les arènes ; fête de la danse et de la musique des Caraïbes sur les pelouses du parc Théodore Denis.

Nous avions une invitation pour le vernissage d'une exposition de photographies primées à un concours à l'initiative de la mairie. Nous avions envoyés quatre images, mais en dépit de leurs qualités - le jury dixit - elles n'avaient pas été retenues. Dix-sept photographies (1 m x 1 m) affichées sur la terrasse de la palmeraie du Splendid, au-dessus des berges de l'Adour. Des photos intéressantes. Trois, dont une façon Doisneau, qui nous plaisent vraiment. Parcourir cette exposition, c'est aussi pour nous une manière d'apprendre.

Après l'apéro offert par la mairie - un bel apéro, Tariquet, salé, sucré à volonté - une petite faim nous saisit l'estomac. D'un commun accord, nous décidons d'aller combler ce creux avec quelques tapas. Ce ne sont ni les casetas, ni les bodegas, ni les estanquets qui manquent. On choisit des éperlans frits, des brochettes de lomo, des calamars, le tout arrosé d'un Tariquet. Pour ne pas mélanger les vins. Après avoir hésité un peu, comme le soir tombe, que la route à faire est mal balisée et que je dois dépasser le niveau d'alccolémie tolérable, nous convenons qu'il vaut mieux rejoindre Hossegor sans attendre le concert de salsa.

Samedi matin : le quartier est calme. On croirait qu'il s'est vidé de tous ses habitants. Les seuls bruits, outre les chants des oiseaux et le passage de deux écureuils de branche en branche, sont ceux qui accompagnent notre petit déjeuner et celui des voisins : le bruit du couteau qui racle une fine pellicule de beurre et qui l'étale sur une biscotte ; le bruit du thé ou du café versé dans une tasse ; le bruit de la cuillère que l'on tourne pour faire fondre le sucre. Des bruits plutôt discrets, on en conviendra.

A midi, on va déjeuner sur la place des Landais. Etrange atmosphère : le centre ville commerçant est très animé et les boutiques fonctionnent bien ; les quartiers résidentiels semblent vides ; en fait, les habitants sont discrets, déjeunant en famille ou entre amis peu nombreux ; la plage et les restaurant de la place des Landais sont occupés comme au mois de juillet. On a le choix entre le Casablanca, le Rock Food, le Bar basque, le Royalty, la Plage, l'Océanic, le Casa, le Mar y Sol et Amigo. Notre choix se fixe sur le Mar y Sol, ses galettes de sarrazin et son pichet de blanc frappé. Après le déjeuner, pendant que Françoise va faire un tour à la  plage, je commence à dévisser les panneaux de notre cher mais vieil abri de jardin. Nous finirons la semaine prochaine avec l'aide des "petits".

En soirée, le désir nous vient d'aller "voir l'océan". Fascination des rouleaux et de la houle. Jusqu'à ce moment où une image, que la photographie ci-dessous essaie de restituer, me fait penser à la musique du Motion Trio. J'y vois trois bandes horizontales, parallèles mais distinctes et je m'imagine avoir sous les yeux une partition d'une oeuvre du trio. Plus je m'abandonne à l'hypnose de cette contemplation, plus l'analogie entre le mouvement de l'eau, une peinture abstraite et une partition du Motion Trio m'apparait avec évidence. Et me vient à l'esprit que, comme l'on parle de la pompe manouche, on pourrait parler de la pompe motion trio.





Sur le chemin du retour vers la villa, nous nous arrêtons sur le bord du lac. Un bateau improbable est là, à quelques mètres du bord. On dirait une sorte de chaloupe militaire, mais désaffectée. Vestige d'une guerre qui a anéanti toute vie autour du lac. C'est alors que me vient à l'esprit la musique de Philippe Ollivier évoquant la zone de Tchernobyl en suivant le fil de ce qu'il appelle son écriture automatique. Une sorte très particulière d'improvisation.


Et puis, le temps est si doux, si agréable, que nous nous asseyons sur le muret en béton qui sépare le parking et le bord du lac. On pourrait rester là une éternité. On écoute le clapotis des vaguelettes de la marée montante, qui viennent s'écraser mollement contre la base du muret. Le rythme de l'eau et le rythme du vent dans les tamaris se font écho. Tout est doux et suave comme un pastel, sauf mes sandales.


jeudi 9 septembre 2010

samedi 11 septembre - il aimait l'accordéon musette

Je l'appelais "Parrain". C'était mon grand-père paternel. J'ai cru pendant longtemps que les grands-pères s'appelaient parrains. Il avait eu vingt ans en 1914. Il avait fait toute la guerre. Il avait connu tous les champs de bataille célèbres. Mais il ne s'en vantait pas. Il avait été blessé deux fois. Il avait été enterré vivant et dégagé assez rapidement pour survivre car sa baïonnette dépassait du sol. Il avait ingurgité tant de tords-boyaux pour se donner du courage que sa tripe l'a tourmenté le reste de sa vie.

Un jour, en parcourant les allées d'un marché aux puces, je suis tombé sur deux photographies-cartes postales où l'on voit des militaires en convalescence dans un hôpital, à Marmande. Les deux images ont été postées le même jour, 21.7.15. L'une commence par "Chère Maman", l'autre par "Très chère Aimée". Mon grand-père est le cinquième en partant de la gauche au premier rang. Dans l'une et l'autre carte il s'excuse de n'avoir pas boutonné sa veste. Après il est reparti au front. D'origine paysanne, il avait fait une grande partie de la Grande Guerre comme estafette. Il me racontait sans gloriole comment la peur le tétanisait quand il devait remonter les tranchées. Il disait les boyaux. Encore et encore de la tripaille. Boucherie. Tripes à l'air. Obscénité.


Comme il s'ennuyait souvent au front, il avait pris l'habitude de couper les cheveux de ses compagnons. Il me disait que ça lui payait le tabac et les extras de gnôle. C'est ainsi qu'àprès la fin de la guerre, il s'était établi coiffeur sur la rive droite, la rive populaire, de la Garonne à Bordeaux. Il n'avait guère le choix, car troisième fils d'une famille de petits vignerons, il ne pouvait espérer aucun héritage. Il avait vite rompu tous liens avec ses frères et soeurs. Il s'était vite marié. Ma grand-mère avait appris la coiffure pour dame avant de se consacrer à son foyer.

"Parrain" donc me coupait les cheveux et ça durait souvent une journée. Il s'occupait de moi en effet entre deux clients et comme il en arrivait toujours de nouveaux, j'attendais en observant et en écoutant. J'admirais les outils de mon grand-père. Ils m'étaient destinés, mais à sa mort on a oublié sa promesse et les outils ont disparu. A mon grand regret. Parfois, je devrais dire souvent, "Parrain" traversait la rue avec ses clients. Ils allaient s'en jeter un petit derrière la cravate au bistrot d'en face.

Le bistrot était tenu par une dame maghrébine, sa fille et son gendre. C'était rare à l'époque, les bistrots tenus par une femme. Elle s'appelait Madame Fathma et sa fille, je crois, Zohra. Du mari, on ne parlait jamais. J'imaginais qu'il voyageait et qu'il faisait sans cesse le tour du monde, sans s'arrêter. En fait, aujourd'hui, j'en suis sûr, il était en taule. Et pour un bail... Parmi les marins de passage que "Parrain" coiffait, il y en avait un qui avait beaucoup de succès dans les bars des quais. Succès auprès des femmes du port qui faisaient les cent pas devant le salon de mon grand-père, auprès des mélomanes aussi. Il avait un accordéon hénaurme et il en jouait à vous tirer toutes les larmes de votre corps. Je ne me rappelle plus ce qu'il jouait, mais je veux croire que c'étaient des valses musettes. "Parrain" le coiffait gratis, tant il admirait son talent. Dans mes souvenirs, il devait jouer une sorte de pot-pourri à géomètrie variable. Les limites de sa virtuosité en faisaient un improvisateur imprévisible et déconcertant. Parfois "Parrain" le foutait dehors, quand le norvégien - je me rappelle à l'instant sa nationalité - buvait dans son dos et d'un trait une bouteille d'eau de Cologne.

A la fin de sa vie, mon grand-père regrettait chaque jour davantage de n'avoir pas eu la légion d'honneur. Il estimait pourtant en être digne. Et je crois qu'il avait raison. Mais il manquait toujours une pièce à son dossier. Il ne suffisait pas de s'être fait trouer la paillasse pour sauver la patrie, il fallait encore pouvoir produire les documents officiels l'attestant. Peu de temps avant sa mort, quelques semaines, il a appris qu'il avait enfin cette légion d'honneur qu'il avait tant désirée. Mais alors, curieusement, prenant conscience du nombre de gens qui l'avaient obtenue sans véritable légitimité, il n'en avait plus envie. Peut-être trouvait-il humiliant d'avoir dû tant attendre cette reconnaissance.

Je pense à "Parrain" parce que je viens de lire un nouvel épisode du feuilleton de l'été : il s'agit d'un parlementaire, aujourd'hui ministre, qui a un jour écrit une lettre de recommandation pour l'attribution de la légion d'honneur à l'employeur de sa femme. Pour quelles raisons cette recommandation ? Pour quelle action d'éclat ? Pour quel comportement honorable et patriotique ? Pour le remercier des dons (en monnaie) qu'il avait faits au parti de ce parlementaire.

"Parrain", au terme de sa vie, n'avait guère d'illusions sur le fonctionnement de la société. Mais je suis content qu'il n'ait pas eu connaissance d'un tel fait. Honneur et patrie ! Mon grand-père aimait l'accordéon musette. Du moins, j'ai plaisir à le croire. Je serais prêt à parier gros que les gens, dont je viens de parler, qui s'échangent entre eux des privilèges sans vergogne, que ces gens-là n'aiment guère l'accordéon, encore moins musette. Ou alors pour s'encanailler et jouer au peuple le temps d'une valse. Une seule, ça suffira.    

mercredi 8 septembre 2010

vendredi 10 septembre - à propos de chango spasiuk

Dans le dernier post de son blog, "Aimez-vous Galliano ?", Françoise, sous le titre "Comment le chamamé nous fut conté à Trentels", raconte les impressions fortes que nous avaient laissées la rencontre avec Chango Spasiuk dans une conférence improvisée l'après-midi puis son concert avec son quartet le soir. Nous avons souvent parlé de ces moments rares et c'est un article lu dans le dernier Télérama qui a décidé Françoise à mettre ses notes en forme. Un bien joli texte où je retrouve mes propres impressions ravivées.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

Mais, chemin faisant, ce texte me rappelle un épisode de la conférence que j'avais oublié, que j'avais préféré oublier. Maintenant, ce rappel nous fait rire. Sur le moment, nous étions plutôt en colère.

Je cite Françoise : "Un auditeur de sa petite conférence nous donne l’illustration caricaturale de la méconnaissance, pour ne pas dire du mépris dans lequel cette musique peut être tenue . Il lui demande, et lui redemande, et lui demande encore, s’ il écrit la musique, insiste sur le fait qu’on ne peut la transmettre ni l’apprendre si elle n’est pas écrite… semble ignorer la tradition orale, avec le doute plus ou moins voilé qu’il s’agisse bien de musique… je tremble qu’il ne dise que c’est donc une musique de sauvage, voire qu’il ne s’étonne quand Michel demande à Chango de signer son disque, qu’il sache écrire son nom et ne soit pas analphabète…
Cet homme est un joueur d’accordéon amateur, peut-être un stagiaire…et en le regardant , en l’entendant , j’ai presque honte d’aimer l’accordéon !!!!"

Ce que Françoise ne dit pas et que j'avais moi-même oublié, c'est qu'alors que choqués par le comportement insistant de cette personne troublée d'avoir affaire à un bon sauvage capable de jouer une telle musique nous étions prêts à rentrer dans le lard d'icelle, notre regard a été attiré par le fait suivant : notre homme, fier sans doute de son statut d'individu civilisé, portait des chaussettes rayées multicolores dans des nus-pieds, à la façon des franciscains. Les nus-pieds, d'accord : "Pynandi / Los Delcalzos".  Mais des chaussettes rayées, non. Ce n'était pas possible, une telle faute de goût. Le fou rire nous a saisis. On était passé près de l'incident.

"La beauté sera convulsive ou ne sera pas" disait André Breton ; les nus-pieds seront sans chaussettes (rayées) ou ne seront pas.

jeudi 9 septembre - michael nyman & motion trio




Midi ! Le volet de la boite à lettres claque ! Le remplaçant du facteur parti en vacances passe plus tôt. Les chiens du quartier, dérangés dans leurs habitudes, ont oublié d'aboyer. Les gardiens manquent de vigilance. Sous le courrier des impôts : avis d'imposition, taxes foncières pour Pau et pour Hossegor, un colissimo d'Amazon : "Michael Nyman & Motion Trio, Acoustic Accordions", 2009, MN Records.


Un disque de Motion Trio est toujours pour moi un événement. Pour celui-ci, le trio s'est adjoint Michael Nyman comme co-compositeur et comme pianiste, et Nigel Barr, trombone et euphonium, comme cinquième membre du groupe et comme co-compositeur. On retrouve d'emblée le style du trio. Puissance, virtuosité et créativité. Un style que l'on connait bien, mais qui reste toujours surprenant par ses trouvailles harmoniques.





Bien entendu, une écoute n'épuise pas les richesses des dix morceaux de l'album. Il faut se laisser immerger dans cet océan sonore. En rangeant le cd dans son boitier avant d'ouvrir la porte à un ancien étudiant rencontré chez Leclerc, qui souhaite me faire part de ses travaux de recherche, je me dis que Motion Trio, Danças Ocultas et Soledad sont trois formations exceptionnelles, que je place au plus haut, et le désir me vient de les écouter en alternance. Pour le plaisir !



mercredi 8 septembre - à propos de malenki minki

Malenki Minki est un endroit de la zone interdite de Tchernobyl où Philippe Ollivier s'est rendu en mai 2008 accompagné par un ami qui savait comment y pénétrer en évitant le check point. Information importante à mon sens : il y a quelque chose de l'ordre de la contrebande dans cette prise de sons. Il y a aussi une prise de risques ; en termes de légalité et, de manière latente, en termes de santé. On est dans une une zone contaminée et source de dangers d'autant plus fantasmatiques qu'ils ne sont pas immédiatement visibles. Un monde d'ondes présentes bien qu'imperceptibles.

Au départ, j'avais été intéressé par le projet de Philippe Ollivier. Intérêt intellectuel. Studium. Mais, d'écoute en écoute, ce disque me touche de plus en plus. Pour décrire mes impressions, je dirais qu'il résonne en moi comme les vagues circulaires à la surface d'une eau calme frappée de plein fouet par un caillou. Punctum. Il résonne encore alors que le cd a fini de se répandre dans la maison. Il résonne et me donne encore à réfléchir. Studium.

Philippe Ollivier dit en effet que ses enregistrements sont plus proches de l'écriture automatique que de l'improvisation au sens habituel du terme. Il parle aussi de prise de sons comme d'une prise de notes. Matériaux pour alimenter une boite à idées en vue d'un futur travail d'écriture. Et justement, je suis très sensible à ce caractère "brut de décoffrage" que je perçois particulièrement dans deux morceaux, "Haute Tension" et "Avant de partir". Il y a là quelque chose d'obsessionnel ou d'hypnotique et en même temps de l'ordre de l'approfondissement. C'est à la fois inachevé et interminable au sens d'"inachevable", si je puis risquer ce néologisme. J'ai pensé au disque de Pascal Contet et Wu Wei, "Iceberg".

Ce n'est pas par hasard que m'est venu spontanément à l'esprit ce rapprochement avec "Iceberg". Dans l'un et l'autre cas, on est dans un monde réel, mais en tant que tel quasiment imaginaire, en tout cas invivable au sens où une vie "normale" n'y est pas possible. Mais dans les deux cas aussi on est au coeur d'une caractéristique fondamentale pour moi de la musique. On part de l'évocation d'un monde particulier, zone irradiée de Tchernobyl ou icebergs, et on a affaire à une traduction de cette évocation en sons. Mais cette traduction justement n'est pas simple description, sinon on serait dans le registre du documentaire ou du reportage. S'il s'agit d'un objet artistique, d'une oeuvre esthétique, c'est justement qu'elle met en mouvement notre imaginaire, qui peut à son tour se lancer sur les chemins de la création, même si elle ne prend pas forme d'une oeuvre.

Bref, "Malenki Minki" est un cd à la fois étrange et beau. En tout cas, sa charge émotionnelle est de forte densité. J'ai donc pensé à Pascal Contet ; on peut aussi penser à Nano ou pourquoi pas à John Cage. C'est assez dire où il se situe.

Un mot encore : à l'heure actuelle, parmi les pièces de ce disque, c'est "1.30" qui me fascine le plus. Un morceau de 2:43, que Philippe Ollivier présente ainsi dans son entretien avec F. Jallot : "A la fin d'une impro, Pascal Rueff, mon passeur à Tchernobyl, passe à un mètre de moi. Avec le dosimètre, il mesure 1.30 microsievert et me le dit sur un ton sarcastique. Je commence une autre impro, fort de cette nouvelle information. A deux mètres de moi, le brûlis est complétement contaminé ! Je suis incapable de dire dans quelle mesure ce genre d'éléments influence la musique, même si je crois vraiment qu'il y ait une influence". Je suis persuadé qu'il est impossible de mesurer et d'identifier l'influence de cette information sur mon écoute et sur mon goût pour ce morceau, mais j'ai la conviction qu'elle a une influence tant en ce qui concerne mon attention que le travail spontané de mon imagination.

La durée de ce cd est de 39 minutes. C'est peu, mais ici la durée en termes quantitatifs n'est pas un critère pertinent. Le critère pertinent, c'est la densité : le rapport entre la qualité de l'émotion et la durée mesurée.

mardi 7 septembre 2010

mardi 7 septembre - malenki minki


Dans le dernier numéro, 100, d' "Accordéon & accordéonistes", numéro fort riche à maints égards, j'avais été intéressé par un entretien de Françoise Jallot avec Philippe Ollivier. Il y était question de deux opus de cet artiste, qui après un parcours à travers le chromatique et le diatonique, se définit aujourd'hui comme joueur de bandonéon à part entière : d'une part, "OstinatO", en duo avec Yannick Jory au saxophone, d'autre part une improvisation solo, "Malenki Miki".


Si les deux oeuvres m'ont paru d'emblée intéressantes, mon attention a été particulièrement attirée par ce dernier album. Il s'agit en effet d'un cd solo, enregistré en plein air dans la zone interdite de Tchernobyl et constitué pour l'essentiel d'improvisations. A priori, l'entreprise est étrange. Disons que l'idée directrice, le projet ou, si l'on veut parler à la mode, le concept m'a intéressé. Pour reprendre les catégories de R. Barthes, mon intérêt quant au studium était d'emblée très fort. Mais il n'était question, à ce stade, que d'intérêt intellectuel. C'est pourquoi j'ai voulu tout de suite vérifier si l'effet esthétique était au même niveau.

Malgré la grève générale apparemment largement suivie, le disque est arrivé à 14 heures dans ma boite à lettres. On l'a trouvé en rentrant de la "manif" trempés comme des soupes, mais contents d'avoir pu croiser beaucoup de copains et fait un bout de chemin revendicatif avec un grand nombre d'anciens collègues.

- "Malenki Miki / Musique en liberté dans la zone interdite / Bandonéon, Philippe Ollivier". Production Fur Ha Foll. 2008.

A toutes fins utiles, ci-dessous le lien vers son site :

http://www.philippeollivier.com/

Eh bien, ce disque, en première écoute, est tout à fait à la hauteur de mon attente et du studium qui s'y rattache. Suivant les notions de Barthes, disons que le punctum - la façon dont cette création me touche - ne le cède en rien au studium.

Il s'agit donc bien d'une suite d'improvisations, non destinées à être éditées et enregistrées avec un couple de micros omnidirectionnels DPA 4060 avec bonnettes fixés à un trépied en plein air. Je n'ose dire en pleine nature tant le lieu parait plutôt représenter un état post-naturel.

La couverture donne un bon équivalent photographique de l'oeuvre sonore.


Le site de l'enregistrement donne une bonne idée de l'ambiance des lieux. Et une bonne image de ce qui a constitué la source d'inspiration de Philippe Ollivier.



On imagine une émotion d'autant plus intense que Tchernobyl est connoté de mort et en tout cas de dangers, mais de dangers invisibles, impalpables, latents. Aussi de dangers à retardement, dont les effets seront longs à se faire sentir, mais alors ils seront définitifs. Irréversibles. Pour définir ses improvisations, Philippe Ollivier parle de plans-séquences et d'écriture automatique. Comme on dit aujourd'hui, cela me parle. Je crois bien sentir ce qu'il veut dire. C'est une bonne expression de ce que je ressens en effet en l'écoutant. A un moment, dans l'entretien avec F. Jallot, il parle du silence et il dit qu'il n'a pas voulu l'occuper, le remplir, le meubler, mais au contraire s'en servir de support, d'espace où déployer ses notes. Il parle aussi de ce silence comme d'un effet de l'abandon humain. Je trouve assez joli le court-circuit "abandonéon". Le bandonéon comme instrument ad hoc pour exprimer l'abandon des lieux par les hommes. 

Il y a dans ce disque quelque chose de l'ordre de l'obstination, de la méditation, de la sagesse ; quelque chose qui a lieu à l'intersection de l'extériorité du paysage et de l'intériorité des impressions de l'artiste. Il y a de la répétition, mais ce n'est pas simple redondance, c'est une manière d'approfondir des sensations, de les identifier, de les apprivoiser.

Si je voulais caractériser mon premier rapport à ce disque, je dirais que je l'écoute comme une sorte de cheminement dialectique entre l'espace environnant - hostile ? étrange ? fascinant ? - et les sensations qu'on éprouve en s'y trouvant immergé - solitude ? béatitude ? angoisse ?-. Cet espace si spécifique produit par sa présence même des sensations spécifiques chez celui qui se retrouve en son sein, mais à leur tour ces sensations jouent comme un filtre à travers lequel cet environnement est perçu. 

En fait, le parcours de ce disque est pour moi comme la construction note à note de l'intersection objective/subjective où se forme le mixte, le mélange d'un espace ambigu comme une ile et de sa perception par un sujet qui s'efforce d'en donner une traduction musicale.

En bref, un très beau disque. Le bandonéon s'impose comme une évidence. Je ne saurais dire exactement pourquoi, mais je sens qu'il était l'instrument le mieux adapté au projet de Philippe Ollivier, entre le diatonique trop acide et le chromatique trop sûr de lui. La fragilité du bandonéon, sa manière d'avancer comme un funambule est ici parfaite.     


lundi 6 septembre 2010

dimanche 5 septembre - ... y'a pas que l'accordéon...

Françoise m'avait dit :"Le week-end sera magnifique ; ils annoncent 18 degrés le matin et 30 l'après-midi. Temps stable. Quelques averses et risques d'orages dans la nuit de dimanche à lundi. En tout cas, pas avant... On devrait en profiter". Comme elle a toujours trois projets au feu pendant que l'on peine à en concevoir un seul, je m'attendais à un feu d'artifice de propositions. Sans plus réfléchir , je dis :"Super !". Mais alors que je n'ai pas eu le temps de lui demander à quoi elle pense, elle me dit :"Il faudrait aller chez Leroy-Merlin louer pour le week-end une machine pour nettoyer les moquettes". Je dis :"Super !".

On a donc loué la machine ah hoc, un modèle professionnel, lourd, peu mobile, encombrant, un âne mort, mais performant en diable. On a acheté du produit de nettoyage et un spray spécial pour vaincre les taches obstinées.

La machine en question aspirait l'eau, mais nous avons ouvert les fenêtres aux quatre vents - façon de parler, car il n'y avait pas un souffle d'air - et nous avons étalé une quantité industrielle de torchons sur le sol ou sur les marches de l'escalier pour éviter de laisser les traces de nos pas. C'est une façon de renouveler l'espace de la maison.

Les prévisions de la météo étaient bonnes. Il a fait de plus en plus chaud tout au long du week-end. Lundi, sur le coup de six heures, un orage assez violent a éclaté. Avant d'aller chez Leroy-Merlin rapporter l'appareil de nettoyage, nous avons pris le temps d'enlever la farandole de torchons et d'admirer les résultats de notre travail.

Cet après-midi, on se remet à l'accordéon. J'ai très envie de revenir sur le site du Motion Trio, je suis très tenté par leur cd consacré entièrement à Chopin.











vendredi 3 septembre 2010

samedi 4 septembre - à propos de motion trio

... reçu hier après-midi un courriel d' "Accordeon-Bandoneon.com" proposant pour le mois de septembre un quizz sur le dernier opus du Motion Trio. Ce quizz mettait en jeu cinq exemplaires de cet album. Evidemment, j'ai joué. J'ai répondu à toutes les questions en donnant la bonne réponse, ce qui était assez facile avec la biographie et la discographie du groupe, complétées par les disques du trio que je possède, mais in fine j'ai appris que je n'avais pas été assez rapide. Les cinq exemplaires avaient déjà leurs (heureux) gagnants ! Peu importe. En fait, ce quizz m'a donné envie d'écouter à nouveau Motion Trio et c'est là l'essentiel. J'ai retrouvé intact le plaisir que me donne leur musique si singulière.

- "Motion trio Live in Vienna"
- "Motion Trio / Pictures from the Street"
- "Motion Trio / Play Station"

Et en allant faire un tour sur leur site, je me suis rendu compte qu'ils avaient encore "sortis" d'autres disques, l'un du nom de "Metropolis", un autre avec un compositeur et pianiste, Nyman, un dernier enfin intitulé "Chopin".

Sur le site du trio, on peut écouter certains morceaux (onglets "music" puis "on line") ; on peut aussi acheter, exclusivement en ligne, le disque consacré à Chopin :

http://www.motiontrio.com/pl

Mais on peut écouter encore d'autres morceaux sur leur site myspace :

http://www.myspace.com/motiontrio

Autre site où l'on retrouve deux de leurs albums, Deezer :

http://www.deezer.com/fr/music/motion-trio#music/motion-trio

... que l'on peut compléter en ajoutant le nom de Nyman à la recherche.

http://www.deezer.com/fr/music/motion-trio#music/result/all/motion%20trio%20nyman

Enfin, sur Radio France, il est possible d'écouter un enregistrement du trio lors de la "folle journée de Nantes, autour de Chopin". Enregistrement disponible en principe jusqu'à fin février, mais en fait accessible encore aujourd'hui :

http://sites.radiofrance.fr/francemusique/la-folle-journee-de-nantes/fiche.php?eve_id=255000163

Autant de ressources qui permettent de se faire une juste idée du talent de Motion Trio et surtout de les écouter avec le plus grand plaisir. Formation classique rigoureuse, instruments d'exception, créativité hors pair, le tout à la sauce "humour" plutôt british. Un cocktail explosif.

vendredi 3 septembre - around gus

J'avais noté la sortie le 6 septembre du dernier opus de Marcel Loeffler, "Around Gus", en quatrième de couverture du dernier "Accordéon & accordéonistes". Mais jusqu'à hier, l'album n'apparaissait pas sur les listes de distribution du Parvis, l'espace culturel de l'hypermarché Leclerc à Pau. Hier après-midi donc, coup de téléphone aux disques Dreyfus, juste pour apprendre que Sony est le distributeur. Un coup de téléphone au Parvis pour transmettre l'information au responsable des disques. Surprise ! Vérifiant celle-ci, il se rend compte que le cd est arrivé le matin même, en attente de mise en vente lundi. Mais évidemment il peut le mettre à ma disposition dès ce vendredi.



Pourquoi attendre plus longtemps ? Il est 14h30, je découvre "Around Gus". Je note qu'à l'instar de "Hot Club of Detroit", l'ancrage traditionnel est clairement affiché : Gus Viseur d'un côté, Django Reinhardt de l'autre. Les deux ayant comme intersection le swing manouche.

Après une panne d'électricité affectant une partie de Pau pendant presque deux heures, je reprends et l'écoute d' "Around Gus" et la rédaction de ces lignes. Premières impressions : je ne suis pas en général très touché par le jazz manouche - la pompe virtuose et speedée, c'est pas mon truc -, mais en l'occurrence je reconnais volontiers que le toucher de Marcel Loeffler, son phrasé, disons son swing, et le son de son accordéon me font plaisir à entendre. Je note que son accordéon, un Gadji, est le fruit d'une collaboration avec Stéphanie Simon et qu'en effet on le reconnaitrait entre mille.

En première écoute, j'ai beaucoup aimé les airs "sentimentaux" : "Le bal du petit jardin", "Lorsque Django jouait" ou "Balade en émotions" (Ah ! La clarinette de Raymond Halbeisen !). J'ai beaucoup aimé aussi "Soir de dispute" : c'est Gus Viseur qui doit être content d'entendre un tel héritier. J'ai moins apprécié les 8 minutes de medley, mais cela tient à ce que ce genre ne "m'accroche" pas. Je le perçois comme frustrant : on aimerait écouter plus de chaque morceau, mais déjà on est passé à autre chose. Et puis, on retrouve "La Flambée montalbanaise" avec Minvielle au chant. Minvielle et la flambée avec Suarez, Amestoy ou Loeffler : très intéressant. Minvielle est un chanteur de jazz, c'est certain.

A propos : Françoise a repéré hier soir une vidéo de Minvielle et Jean-Luc Amestoy interprétant "La Flambée...". Elle m'a transmis le lien, mais alors que "ça marche impeccable" sur son ordinateur, le mien reste muet. Peut-être une différence d'anti-virus sur nos deux machines. A toutes fins utiles, je donne le lien ci-dessous :

http://culturebox.france3.fr/all/5668/andre-minvielle-chante-la-flambee-montalbanaise/#/all/5668/andre-minvielle-chante-la-flambee-montalbanaise

On peut trouver facilement des vidéos de Loeffler sur YouTube, mais pour l'heure je retiens deux "liens" :

- une présentation du dernier opus de Loeffler sur le site des disques Dreyfus

http://www.disquesdreyfus.com/catalogue/369542-around-gus.html

- et surtout un choix sur Deezer tout à fait significatif...

http://www.deezer.com/fr/music/marcel-loeffler#music/marcel-loeffler

jeudi 2 septembre 2010

mercredi 1er septembre - c'est reparti

Pendant que "les petits" préparaient la rentrée à Toulouse, achetaient les fournitures scolaires et remettaient la maison en ordre de marche, Françoise et moi, à Hossegor, nous préparions le terrain pour la construction d'un nouvel abri de jardin. On croit, comme ça, qu'Hossegor signifie farniente, eh bien en l'occurrence, ce ne fut pas exactement le cas. Le vieil abri, que nous avions construit avec mon beau-père, fêtait cette année ses trente ans de bons et loyaux services. Local fidèle, nous ne t'oublierons pas. Nadja l'a vu construire ; Charlotte et Camille l'ont toujours connu là, caverne d'Ali-Baba, où s'entassaient vélos, barbecue, plancha, tentes, outils et autres saloperies diverses, comme des jouets de plage ou des parasols, sans compter un bateau gonflable tout rustiné. Profitant du beau temps, on a donc tout sorti, étalé, trié, nettoyé ou entassé en vue d'un voyage à la déchetterie. J'ai dégagé la végétation accumulée sur le toit et ça faisait un beau tas d'humus que j'ai répandu dans le jardin. En regardant tous ces objets, traces d'une histoire familiale et estivale, qui voisinaient avec le salon et les fauteuils de jardin, je ne pouvais m'empêcher de me faire cette réflexion :"Quel bordel !". Et cette autre in petto :"C'est la vie !". Et en y regardant de plus près, je trouvais le-dit bordel plutôt joyeux et coloré. De quoi me redonner du coeur à l'ouvrage. Mais sans plaisir excessif, car je ne pouvais oublier que "les petits" n'étaient pas près de nous et que les filles n'étaient pas là à fouiner pour garder une corde, un jouet, un seau ou une pelle, ou encore ces bocaux de confiture de sable que nous avions faits il y a quelques années.
Lundi, à 18h55 précises, nous nous sommes installés face au lac, sur le banc et la tablette d'un marchand d'huitres. L'éternité. La rencontre bleue du ciel et de l'eau. Au fond, une barrière de nuages au-dessus des Pyrénées. Au-delà, c'est l'Espagne.

A 19h00, on nous sert deux douzaines d'huitres, une demie de blanc sec, du pain et du beurre salé. La lumière est violente ; on sent des picotements sur le visage : la chaleur du soleil est encore vive et l'air est très sec. Contraste. Les huitres sont fraiches et le vin froid.
Françoise, qui lit ces derniers mots au dessus de mon épaule, me dit :"C'est un peu idyllique ton récit". Et en effet elle a raison. J'oublierais volontiers d'ajouter que depuis quelque temps je fais une sorte de réaction allergique aux huitres et qu'au moment d'aller me coucher, vers onze heures, j'ai commencé à sentir que "ça" ne passait pas et que "ça" ne passerait pas... Jusqu'à deux heures, j'ai été malade comme un chien. Passons.

Mardi, 23 heures 30. retour à Pau. Dans la boite à lettres, un colissimo que j'attendais :
- "Hot Club of Detroit / It's About That Time", 2010, Mack Avenue Records.
Un disque que j'avais commandé à la suite d'une chronique de F. Jallot dans le dernier "Accordéon & accordéonistes".
Un quintet composé de deux guitaristes, d'un saxophone, d'une contrebasse et d'un accordéon : Julien Labro, un français installé aux Etats-Unis. Je le connaissais par un disque de 2007, label Jazz Wagon et Ed Klancnik : "Jazz Wagon".
Le disque précédent se nourrissait de compositions de Duke Ellington, John Coltrane, Astor Piazzolla, Wayne Shorter, Thelonious Monk, Chick Corea, Joe Henderson, etc... Celui-ci, dont le titre est plus qu'explicite quant à ses sources, références et influences, a pour compositeurs Charlie Mingus, Lulu Reinhardt, Django Reinhardt, Miles Davis, Grappelli, et comme arrangeurs Evan Perri, Andrew Kratzat, Paul Perri, Carl Cafagna ou Julien Labro, tous membres du quintet. Sans oublier F. Chopin (arrangement J. Labro). Disons que si l'influence manouche est évidente et revendiquée comme telle, ce n'est pas la seule. J'ai été par exemple très sensible à une composition à la manière espagnole : "For Stephane". Il faut dire que le saxophone apporte son timbre à l'inspiration manouche et que cette alliance marche fort bien. J'ai retenu aussi "Nostalgia in Times Square", "Sacre bleu", "Sweet Chorus" ou "Heavy Artillerie / It's About That Time".
Un jazz à bien des égards très classique, voire rétro, et en même temps très actuel tant les influences sont revisitées par l'histoire du jazz. Je pense ici au rôle du saxophone. Quant à Julien Labro, il m'a fait penser à plusieurs reprises à Gus Viseur, à Jo Basile ou encore au meilleur Ludovic Beier. Evidemment aussi à Marocco ou à Art Van Damme.

Pour qui voudrait se faire une idée du style de Julien Labro et de celui du quintet "Hot Club of Detroit", trois liens "efficients", je veux dire très efficaces eu égard à l'effort à accomplir pour les activer.

http://www.myspace.com/julienlabro