mardi 29 juin 2010

mardi 29 juin - si l'accordéon m'était contet...

Je voudrais signaler ici à l'attention des amateurs d'accordéon que l'on trouve sur l'excellent site http://www.accordeon-bandoneon.com/ le programme des quatre dimanches de juillet qui seront animés par Pascal Contet sur France Musique. Je me permets ci-dessous d'en recopier les titres, mais on trouve des informations beaucoup plus détaillées sur le dit site.

N°1 FRANCE MUSIQUE / Emission du 4 juillet: 18 à 19h00
DES VAGUES ET DES LAMES par Pascal CONTET
De l' air, un souffle , des Airs... 1830- 1930

N°2 FRANCE MUSIQUE / émission du 11 juillet: 18 à 19h00
DES VAGUES ET DES LAMES par Pascal CONTET
Du Jazz aux Iles lointaines
1930 à aujourd'hui

N°3 FRANCE MUSIQUE / émission du 18 juillet
DES VAGUES ET DES LAMES par PASCAL CONTET
SUD, EST , Des Europes et des accordéons

N°4 FRANCE MUSIQUE / émission du 25 juillet
DES VAGUES ET DES LAMES par Pascal CONTET
Cousins et déracinés
qui suis-je donc ?

Pour ma part, j'attends beucoup de ces quatre émissions. J'y vois un moment important sur le long chemin de la reconnaissance de l'accordéon.

lundi 28 juin 2010

lundi 28 juin - paris jazz corner : oswaldinho do acordeon

J'avais noté, dans mon post du jeudi 24, l'opération "- 20%" proposée par Paris Jazz Corner jusqu'au 8 juillet. J'en ai profité pour passer quelques commandes et, en particulier, celle d'un album a priori sympathique :

- "Um Bom Forro / Oswaldinho do acordeon", Edition européenne Alo-Alo, DG Diffusion, 2008.

Le facteur aurait vraiment mis beaucoup de mauvaise volonté s'il n'avait pas déchiffré mon adresse. Le côté artisanal du colis, le caractère manuscrit des lettres m'enchantent. Il est évident en effet que c'est une personne et non une machine qui les a calligraphiées.

Conformément à la pratique de Paris Jazz Corner, le cd est accompagné d'une courte notice technique, qui elle aussi me ravit. J'ai l'impression qu'elle a été rédigée spécialement pour moi ; elle a comme un parfum de passion pour la musique et pour l'accordéon en particulier. En tout cas, tous ces éléments donnent une couleur personnelle à l'envoi.


La pochette donne un bon équivalent de la musique et du style de l'album. Un disque de forro, de très bon forro, avec un accordéon très présent, brillant, festif, sans aucun excès de virtuosité gratuite. Après l'avoir écouté cet après-midi, nous l'avons réécouté ce soir, en dînant assez frugalement sur la terrasse tiède. Le chat blanc du voisin était couché de tout son long dans l'herbe, sans doute pour y chercher un peu de fraicheur, et quelques oiseaux rivalisaient à qui produirait la trille la plus aiguë dans les branches du prunier. Je leur ai demandé s'ils aimaient cet accordéon de forro brésilien, ils ont redoublé leurs efforts.

Deux heures plus tard, l'équipe du Brésil "sortait" le Chili de la coupe du monde de football. Un bon prétexte pour écouter une nouvelle fois Oswaldinho. Insensiblement la nuit est tombée ; le chat blanc est parti ; les oiseaux sont muets ; il ne faut pas réveiller l'oiseau qui dort. Il est temps de fermer les volets.



vendredi 25 juin 2010

vendredi 25 juin - chaîne de moral...

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

Françoise m'a invité à participer à une "chaîne de moral" en citant trois "choses" qui "me sapent le moral" puis trois autres qui me le "remontent". Le jeu m'a amusé et même plus que cela, car tout me porte à croire qu'il n'est pas si anodin qu'il y parait.

Trois "choses" qui me sapent le moral ?

- d'abord, l'impérialisme de la "communication", autre nom de la sophistique, c'est-à-dire cet art du discours qui ne cherche pas la vérité ni l'objectivité, mais qui a pour seul but l'efficacité et la satisfaction d'intérêts égoïstes, sous diverses apparences hypocrites. Ce qui me déprime le plus, c'est le degré de sophistication de cet art et l'audience qui lui est offerte par le biais des media.
- ensuite, le constat, jour après jour, que les gens qui sont censés être au service de leurs concitoyens sont pour la plupart d'abord soucieux de se servir eux-mêmes. J'enrage de voir ces élus de la nation, d'une avidité sans fond, venir nous expliquer que leur comportement n'a rien d'illégal. Et c'est vrai, mais justement ce qui me choque, c'est leur habileté à interpréter les textes pour en tirer tous les avantages possibles... en toute légalité, en toute impunité légale.
- enfin, les visites que je fais à mes parents en leur maison de retraite. Ma mère, clouée sur un fauteuil roulant, mon père qui se plaint en permanence de douleurs au ventre. J'ai compris en les observant et en passant du temps avec eux que l'autonomie commence avec la possibilté de manger, de boire, de pisser et de déféquer sans l'aide d'un tiers. Et cette observation est pour moi une vraie souffrance, un clou dans mon moral.

Mais il y a aussi des "choses" qui me remontent l'ascenseur moral... J'en note trois ici.

- la présence de Charlotte et de Camille, le bonheur de les retrouver, de discuter de leur vie, d'aller acheter des fringues, le bonheur de les écouter faire des phrases dont je ne les imaginais pas capables. Le développement de leur langage, leur développemen tout court : un mystère qui m'enchante. Et puis, Charlotte solo avec tous les adultes de sa chorale qui l'entourent admiratifs. Et puis Camille à l'imagination industrieuse. Sans oublier "les petits", Nadja et Sébastien, leurs parents. Et tout ce monde, comme poissons dans l'eau, à Hossegor, "la maison de famille".

- les concerts d'accordéon. J'entends par là la recherche de ces concerts sur internet, la location, la route, l'arrivée sur les lieux, la reconnaissance de la salle, l'attente, le concert lui-même, les rencontres avec des musiciens, le retour. Et accompagnant tous ces moments nos discussions, nos échanges avec Françoise, notre complicité et notre compréhension réciproque à demi-mots. Si notre goût des concerts est assez récent, notre co-existence dure maintenant depuis plus de quarante-sept ans, les concerts n'en sont qu'une manifestation, et cette durée suffirait à me donner un moral d'acier, car même si elle dépend essentiellement de notre volonté, c'est une chance inestimable.

- enfin, ce qui me remonte le moral, c'est une certaine manière, que je cultive, de regarder le monde. Une certaine attention à la qualité esthétique des choses, indépendamment de leur valeur monétaire, de leur utilité, de leur fonctionnalité ou que sais-je encore... Une certaine façon de reconnaitre, d'identifier, de découper dans le flux du réel ce que j'appelle des objets d'art aléatoires, toutes choses qui n'on pas été faites dans une intention artistique, mais que, moi, par mon intention esthétique, je reconnais comme objets d'art. Du coup, le monde est beaucoup plus beau qu'on ne pourrait le penser et c'est un vrai bonheur.

Voilà ! A l'instigation de Françoise, j'ai fait mon petit exercice avec grand plaisir. Il ne me reste plus, à mon tour, qu'à solliciter quelqu'un pour prendre le relais...

jeudi 24 juin 2010

jeudi 24 juin - paris jazz corner : - 20%

... reçu le courriel ci-dessous de Paris Jazz Corner. Vu la quantité et la qualité des offres de cette boutique de distribution, il me semble que l'information mérite d'être diffusée.

WWW.PARISJAZZCORNER.COM VA CHANGER DE LOOK !!

ET EXCEPTIONNELLEMENT!

WWW.PARISJAZZCORNER.COM VOUS OFFRE 20% SUR TOUS LES ARTICLES PRESENTES SUR LE SITE : COMPACTS DISQUES, VINYLES ET PHOTOGRAPHIES DU 24 JUIN 2010 (0.01' HEURE FRANÇAISE) AU 08 JUILLET 2010 (0.00' HEURE FRANÇAISE).

ATTENTION ! CETTE OFFRE N'EST VALABLE QUE SUR LES COMMANDES REGLEES PAR CARTE DE CREDIT, VIREMENT OU CHEQUE, DURANT LA PERIODE DE LA PROMOTION ET N'EST PAS CUMULABLE AVEC D'AUTRES EVENTUELLES REDUCTIONS.

JAZZOPHILEMENT VÔTRE.

mardi 22 juin 2010

mardi 22 juin - un tour à la fête de la musique

Hier soir, 21 juin, fête de la musique, nous sommes allés faire le tour des podiums surgis à tous les coins de la ville et même entre les coins. Des duos, des trios, des quartets, quintets, sextets, etc... De la musique vivante. Après des jours et des jours d'intempéries et de temps pluvieux, enfin il fait beau. Disons qu'il ne fait plus froid et que le fond de l'air n'est plus saturé d'humidité.

On a l'impression que toute la ville est de sortie. Une sorte d'énorme ruban déployé le long du boulevard des Pyrénées, sur la place Royale, autour de la place Clémenceau et dans maintes rues adjacentes. Chaque bistrot a son orchestre. Chaque restaurant a le sien. Toutes les tables sont sur le pavé : les gens mangent dehors.

Au bout du boulevard des Pyrénées, face aux sommets qui s'estompent, derrière l'église Saint Martin, au pied du monument aux morts, un podium, dont le son nous attire irrésistiblement. C'est un quintet dont on apprendra qu'il vient de Béziers.
Ce sera le seul accordéon que nous entendrons en cette soirée de 21 juin. Il est 21h30.

Il joue une sorte de musique traditionnelle revisitée ; il chante aussi. C'est agréable. On l'écoute le temps de quatre morceaux, puis on continue... poussés par la foule, qui nous entraine, qui nous barre le passage, qui nous oblige à rebrousser chemin, qui nous fait marcher en zig-zag.


ps : après une petite enquête, j'ai retrouvé le nom du groupe, "LesBarbeaux", basé à Béziers, ainsi que son site myspace. Où j'ai vu qu'ils avaient un concert inscrit à Pau, au Show Case, le 17 septembre à 20h. C'est noté !

lundi 21 juin 2010

lundi 21 juin - florian demonsant : cinq photonotes

Pour le plaisir, quelques images de Florian.

23h16. Seul en scène, il introduit le concert. J'aime bien cette photographie car j'y retrouve bien ce qui pour moi a caractérisé ce concert : rigueur et dérision. Celle-ci n'étant de qualité que parce que la rigueur la sous-tend.


23h26. Ici, je retrouve bien l'ambiance du lieu et la position des deux musiciens. Un dispositif minimal propice à l'écoute de la musique.

23h41. On pense à une coque de navire. On se laisse porter par la vague. Le monde extérieur est ailleurs, au rez-de-chaussée : c'est un autre monde. Reste seul le rythme des tangos.


23h43. Pour finir, deux portraits de Florian, qui a quitté la scène pour venir au plus près des gens sous le charme. Rien d'anecdotique. On ne garde que l'essentiel.


23h45. D'une certaine façon, j'ai l'impression d'être au coeur de la musique, qui m'enveloppe au moment même de son éclosion. Distance abolie.







lundi 21 juin - mala cabeza, tango dégénéré : six photonotes

Le duo, sa vie, son oeuvre.

23h19. Florian a introduit le concert. On est à Buenos-Aires. Chicos et un peu marlou ; plutôt interlope malgré sa candeur apparente. Alors Paco monte sur la scène en peignoir de bain, serviette jaune nouée sur son absence de chevelure. Il chante. La magie opère.

23h20. A l'issue du premier morceau, il "tombe son peignoir" et apparait dans tout l'éclat de sa rose carnation. Un peu macho. Un soupçon de déodorant sous les aisselles. La classe ! Son caleçon me fait penser à cette anecdote rapportée par Alfred Jarry. Il avait invité chez lui Réjane, la tragédienne. Celle-ci, avisant un phallus imposant sur une cheminée, lui demande finement :"C'est un moulage ?" et lui de répondre, feignant d'être vexé :"Eh non, madame, c'est une miniature".

23h21. Mais bon, malgré l'approche de l'été, il fait froid et Paco, macho mais soucieux de sa santé, s'habille.


23h23. Le duo a pris sa vitesse de croisière. Deux figures de machos et des mélodies qui m'enchantent. J'ai embarqué sur la "Mala Cabeza" et je profite de la croisière. Ce n'est pas un retour nostalgique aux sources d'un tango pur ; c'est bien du tango dégénéré, un peu métis, beaucoup bâtard. Jubilatoire. Parce que, mine de rien, ce sont d'excellents musiciens. Le tango a comme une nouvelle jeunesse et il s'étonne de sa propre vitalité.


00h16. Paco remet ses vêtements, son traje de luces, aux cintres. Attention Paco, tu vas t'enrhumer ! La goutte au nez, c'est pas très macho, ça !



00h17. C'est pourquoi il se rhabille, sans oublier de protéger son chef nu comme un miroir.




Le barman, de guerre lasse, plutôt que d'aller et venir entre la scène et le bar, a préféré rester sur place avec ses percussions. C'était un beau concert !




lundi 21 juin - amanita muscaria : le théâtre de la candela présente...

En ce jeudi 17 juin, le théâtre de la Candela proposait dans la cave du bistrot "Amanita Muscaria" trois spectacles : "Accordeuses", "Mala Cabeza, tango dégénéré" et DJ set Don Pasta.

Récit. A 20h25, on descend l'escalier raide comme une échelle de navire et l'on plonge dans la lumière contrastée de la cave : ombre et lumière, noir et or. Deux portemanteaux où pendent alignés sur des cintres les vêtements qui jalonneront le dialogue des "Accordeuses". Deux comédiennes, deux chaises, une table pour poser un téléphone à la sonnerie grinçante et acide, deux appareils pour diffuser une bande-son. Un dialogue fort, un jeu tout en nuances, des silences émouvants. Une histoire de jeunes femmes que leur destin sépare. Des éclats de vie. Chemins et carrefours cruciaux. A la fin, elles se retrouvent, mais ce n'est pas pour autant un happy end. A la réflexion, une suite de tableaux plutôt tristes peints avec un humour plutôt noir.

23h00. Le temps d'aller chercher deux sandwiches kebab et de boire une pression... Florian Demonsant et Paco Serrano s'installent.
23h27. Le duo dans ses oeuvres. Un duo qui en fait comprend trois protagonistes : un accordéoniste, un chanteur et une bouteille de rhum dans le rôle du médiateur et du catalyseur. Un duo qui à plusieurs reprises invite des "bénévoles" à venir sur scène pour jouer de tel ou tel instrument, pour masser le dos des deux artistes, pour chanter avec eux ou encore pour leur servir un verre de rhum. Le barman remplit les godets entre chaque morceau. C'est un boulot à plein temps. A la fin, il est aussi percussionniste. C'était un complice ! Comme on peut le voir, c'est un duo chic : costume blanc immaculé, costume noir itou. Une belle image d'Epinal des nuits de Buenos-Aires. Si je puis me permettre une suggestion : une fine moustache noire donnerait à Florian une allure encore plus Rudolf Valentino, un peu de gomina luisante sur son crâne rasé donnerait à Paco la touche finale à son look Carlos Gardel.

00h20... On est déjà le vendredi 18 et le festival Rio Loco qui vient de commencer de l'autre côté de la rue nous permet d'être rassurés : le dernier métro, pour l'occasion, roulera jusqu'à 1h30.
Après le rappel, un dernier morceau, de Paolo Conte. Un musicien que j'aime beaucoup. Un beau final avec Florian, Paco au saxophone, Marie-Paule et Sarah au chant, le barman aux percussions et Don Pasta aussi au chant.


On le regrette, mais il n'est plus temps d'écouter Don Pasta, "DJ alchimiste", car le dernier métro ne nous attendra pas et de toute façon il faut se lever à 6h45 pour accompagner les filles à l'école.
Avant de quitter Amanita Muscaria, on discute encore un peu avec Florian et avec un ami qu'il nous présente, qui organise des concerts sur Toulouse et dans la région. On parle accordéon, puis on rejoint la station Saint Cyprien animée comme en plein jour.




dimanche 20 juin 2010

dimanche 20 juin - un envoi d'amazon

Florian Demonsant nous avait envoyé un courriel, où il nous disait qu'il jouerait le 17 juin, à Amanita Muscaria, 3 rue Viguerie à Toulouse. L'affiche annonçait un spectacle, "Accordeuses", puis "Mala Cabeza, tango dégénéré", et enfin DJ set Don Pasta. Début à partir de 20h30, entrées : 5 ou 10 euros (à volonté), et cette mention "un petit bistrot vous attend dès 20 heures". C'était assez pour nous décider à aller à Toulouse, pour y retrouver les "petits" et les filles, d'autant plus que notre séjour ne devait pas être inutile quant à l'intendance. Nous voilà donc prêts à nous mettre en route, ce mardi, vers 13 heures, pour aller jouer "Papou/Mamou au pays du tango dégénéré", quand le facteur surgissant du coin de la rue nous fait signe qu'il a un colis pour nous. Amazon. Deux cds.

- "La Ponzona", Chango Spasiuk. Un disque DBN, 1980.
- "Les Tangos de Corto", César Stroscio & Esquina, Buda Musique, 1998.
J'avais commandé "La Ponzona" parce que j'essaie d'écouter systématiquement tout ce que Chango Spasiuk a publié. Plus je l'écoute, plus j'ai envie de l'écouter, pour son chamamé, pour l'acidité de son accordéon et pour son énergie indéfiniment renouvelée. Ici, la base est une formation articulée sur l'accordéon, une guitare, une contrebasse, un cajon ou une batterie. En bonus, un invité : Antonio Agri improvisant au violon. Un disque qui me conforte dans mon projet d'écoute exhaustive de Spasiuk.


En commandant "La Ponzona", comme je le fais habituellement, j'ai cherché un complément pour avoir le port gratuit. C'est un bon principe : je commande un cd, donc une commande inférieure à 25 euros et à un envoi gratuit, donc je cherche un autre cd pour dépasser cette somme, ce qui m'incite à découvrir un nouvel album. Et à découvrir une piste à laquelle je n'aurais pas pensé spontanément ou que je n'avais pas inscrite dans mes projets d'achats. C'est une bonne méthode, qui m'a permis de m'ouvrir de nouveaux horizons : une sorte de hasard contrôlé.
C'est ainsi qu'en parcourant le monde d'Amazon, sans visée précise, sinon celle de découvrir du nouveau, je suis tombé sur un disque au titre improbable :"Les tangos de Corto". Pour dire la vérité, le titre m'a paru d'abord un peu commercial. Méfiance ! Et puis, j'ai vu "César Stroscio, bandonéon, Claudio Pino Enriquez, guitare, Hubert Tessier, contrebasse". Cela a suffi à me décider.
Eh bien, je ne le regrette pas. Des compositions de Stroscio, de Rovira, de Guillermo Tomas, de Cobian, d'Arolas ou de Piazzolla. Un tango très pur. Comme le trait d'Hugo Pratt.

A propos de tango... Dès que possible je fais le compte-rendu du concert de jeudi à l'Amanita Muscaria : "Mala Cabeza, tango dégénéré", avec Florian Demonsant, costume blanc, borsalino et accordéon, et Paco Serrano, macho, cigare et voix.



dimanche 20 juin - agenda

En parcourant, au petit déj', le programme de télévision de ce dimanche, veille de l'été et de la fête de la musique, je découvre cette information :

-France 3. 20h35. "Eh bien, dansez maintenant !". Concert en direct de la cour d'honneur des Invalides. 140 minutes. Avec Richard Galliano, Vladimir Cosma, etc...

Et ce commentaire, page 100 du Télérama n° 3153 [19-25 juin] :"France 3 propose un cours à ceux qui ne maitrisent pas bien la cadence (un, deux, trois). Sur scène, Puccini ou Verdi revisités par Richard Galliano ou Vladimir Cosma dans la cour des Invalides. Comme on danse !"

Qu'on se le dise !

lundi 14 juin 2010

lundi 14 juin - j'y croyais plus...

Début mars, j'avais lu, dans le numéro 95 de la revue "Accordéon & accordéonistes", une chronique enthousiaste [rubrique jazz], forcément enthousiaste, de Françoise Jallot sur le dernier opus de Will Holshouser :

- "Palace Ghosts and Drunken Hymns", Will Holshouser Trio + Bernardo Sassetti (piano), Clean Feed, 2009.

Le trio est composé de Will Holshouser, accordéon, Ron Horton, trompette et David Philipps, contrebasse. Je le connaissais par un album précédent :

- "Singing To A Bee", Will Holshouser Trio, Clean Feed, 2004.

Quant à Holshouser lui-même, je l'avais découvert comme accordéoniste de Krakauer.

Début mars donc, aussitôt après avoir pris connaissance de la chronique de Françoise Jallot, j'avais commandé "Palace..." au Parvis, espace culturel de notre hypermarché Leclerc. Le responsable m'avait dit d'abord :"Ce sera long... Un disque import...", puis se ravisant :"Ah ! Non ! Vous avez de la chance, il est en France chez Orkhestra ; c'est l'affaire de trois jours...". Bref ! Fin avril, de guerre lasse, j'ai annulé ma commande pour m'adresser à Amazon. Pas de problème : livraison prévue dans la semaine. Disons première semaine de mai. Début juin, un message m'informe que le distributeur n'est plus en mesure de me donner un délai d'attente. J'attends pourtant quelques jours, jusqu'au moment où je vois, sur Amazon, que trois exemplaires sont disponibles, deux en import, hors de prix, le troisième chez Orkhestra, à un prix inférieur à celui d'Amazon. Je m'adresse donc à ce nouveau distributeur. Dont le délai de livraison est un peu plus long que prévu initialement. Je n'en suis pas à ça près... Livraison annoncée pour le samedi 12 juin.

En attendant, week-end à Hossegor pour préparer la venue des "petits" : poncer une chambre à peindre, laver le mur extérieur, blanc, sur lequel les chênes-lièges ont laissé couler leurs larmes rouilleuses, passer de l'anti-mousse, arroser et tondre le gazon, semer le gazon nouveau, planter des hortensias, tailler les acacias, dégager le pin des filles, un peu trop à l'ombre, enlever un abélia mort étouffé sous un arbousier, ôter les feuilles jaunies des lauriers roses qui n'arrivent pas à se développer à l'abri d'un mimosa envahissant, mettre de l'engrais ici et là, et puis arroser, arroser, arroser, tant le sol de sable est sec quelle que soit la violence des ondées venues de l'océan.

Samedi soir, on ne résiste pas au plaisir d'aller manger chez "Amigo" avant de nous livrer au plaisir de marcher le long de l'eau en regardant le soleil lutter de toutes ses forces contre les nuages malveillants. Parfois il gagne et un énorme trou se forme découvrant un ciel trop bleu ; parfois il cède sous le nombre et un écran sombre le voile, plongeant la plage dans des ténèbres froides. Chaque changement apporte son coup de vent glacial.

Les villas qui bordent la promenade depuis la place des Landais ont toutes une terrasse surélevée pour éviter que le rez-de-chaussée ne soit livré à la vue indiscète des promeneurs. Si bien que le rez-de-chaussée joue pratiquement le rôle de cave sous la terrasse. On en occulte les ouvertures par des volets repeints chaque année. Dans ma quête d'objets d'art aléatoire, je choisis ce panneau pour sa géomètrie simple. Trois soldats avec des casques à pointe montent une garde vigilante. Ils sont mystérieux. Le désert des Tartares.

Moins mystérieux cependant que ces deux ouvertures, dont, à leur tour, la géomètrie me plait. Trous insondables. Quand on jette un oeil indiscret, on devine des planches de surf et d'autres choses, comme des tables, des chaises, des bancs, un vieux parasol, etc... Je choisis ces deux ouvertures muettes comme objets d'art aléatoire.


Dimanche matin, après quelques achats à la jardinerie, nous décidons de faire le tour du lac. Son calme nous fait plaisir. Et puis, en arrivant au fond, en voyant les baraques des ostréiculteurs, une petite faim nous saisit. On fait un détour pour acheter une baguette. On s'installe : trois douzaines de n°3 et une fillette de blanc de Gascogne. Du sec. Le patron fournit du beurre salé. Le temps passe, tranquille. Ici, il ne s'en fait pas !

De retour dimanche soir à Pau, j'ouvre la boite à lettres. Petite déception : "Palace..." ne m'attendait pas. On n'est pas à un jour près.
Et en effet, ce matin, il est arrivé. Je l'ai reconnu immédiatement. Quelque chose d'artisanal et de sympathique dans son look. J'y croyais plus... J'aurais dû.


C'est bien un envoi d'Orkhestra. La preuve.






A l'intérieur, l'objet tant attendu. Une feuille présentant les nouveautés Clean Feed du mois. Une carte de visite.




Le disque, la pochette, est assez classieux.



J'ai reçu le disque vers 12h45 ; je devais aller rendre visite à mes parents à Nay. Pau-Nay, quarante kilomètres aller-retour. Le temps de découvrir ce nouvel album. Première impression très favorable. En fin d'après-midi, comme à mon retour à Pau nous sommes allés acheter une robe d'été pour ma mère, nous revenons aussitôt, Françoise et moi, à Nay, pensant que la surprise lui fera plaisir. Mon père et ma mère, attablés dans la salle à manger, sont heureux de nous voir. Ma mère semble bien aimer la robe que nous lui avons choisie.
Mais je ne m'attarde pas. On peut comprendre facilement pourquoi. Je ne dirais pas que leur image me hante, ce serait excessif, mais à peine. Bref ! Nous profitons de cet aller-retour pour écouter "Palace...", que j'apprécie de mieux en mieux. Françoise me dit :"D'après de que tu m'avais dit de "Singing...", j'imaginais une musique plus difficile ; ça me plait beaucoup". Du coup, j'écoute avec encore plus de plaisir. Et j'apprécie.

vendredi 11 juin 2010

dimanche 13 juin - miettes et autres brisures goûteuses

Le lundi 7 juin, j'avais signalé sous la rubrique "session de rattrapage" une émission de FR3 consacrée à Richard Galliano. Il s'agissait de "Toute la musique qu'ils aiment" diffusée dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5, à partir de 0h10. Emission qu'il est encore possible d'écouter.

Françoise, à son tour, après décantation, en a extrait à sa façon quelques miettes et autres brisures goûteuses qu'elle publie en date du vendredi 11 juin : "une journée avec... Richard Galliano". Une manière très personnelle de tisser ensemble des souvenirs d'enfance, Tchaïkovski, des voiliers, un petit Hohner, le désir et le trac, Nice et Hossegor, la mer et l'océan...

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

samedi 12 juin - échos

Trois échos, trois "nouvelles" que j'ai plaisir à répercuter :

- Echo 1. Vendredi, à 13h30, les chiens aboient ; le facteur imperturbable passe, de boîte en boîte, comme un écho indéfiniment répété. Il sourit, amusé par les changements du temps : il met son imperméable, il fait soleil, il l'enlève, il pleut. Ce jeu de contrepied le ravit. Il me remet une facture de Gaz de France - Dolcevita !- et un petit paquet. Je ne peux m'y tromper : c'est un cd.

Et pas n'importe quel cd ! Il y a peu en effet, j'ai joué sur le site www.accordeon-bandoneon.com, conçu, réalisé et animé par Guillaume Hodeau à un quizz concernant Soledad et en particulier son dernier album "Soledad in Concert". Et j'ai gagné l'un des cinq exemplaires mis en jeu. Délices de la puérilité ! Je suis doublement content ! D'abord, d'avoir "bien répondu" et "vite", car une fois précédente j'avais été trop lent ; je me sens presque expert en Soledad, même si une petite voix me dit qu'il ne faut rien exagérer. Ensuite, parce que j'ai déjà ce cd et que j'aurai donc le plaisir de l'offrir à un copain. Plaisir du don !



Autre écho, qui se subdivise à son tour en deux. A l'occasion d'un échange de courriels à propos de "Pandoukht", un disque de David Yengibarjan, accordéon, et Frank London, trompette, Patrick E... m'a suggéré d'explorer deux pistes que je ne soupçonnais pas. L'une mène à Isabelle Olivier, une harpiste, l'autre à Youn Sun Nah, une chanteuse coréenne.

- Echo 2. Isabelle Olivier a, entre autres, enregistré un cd chez Enja à l'automne, "My Foolish Harp", avec David Venitucci à l'accordéon. Ce que j'ai pu en entendre sur son site m'a donné envie d'en écouter plus. Courriel à son association. Réponse immédiate. Je viens de poster un chèque de 16 euros. Mais, vu le succès, Enja est en train d'en presser de nouveaux exemplaires. Bonne nouvelle !

http://www.isabelleolivier.com/

- Echo 3. Sur le site de la chanteuse coréenne, parmi sa discographie, on peut repérer un album de 2003, "Down by Love" avec Peirani à l'accordéon. Je ne sais s'il en existe, mais, malgré tous mes efforts, je n'ai pu en trouver des extraits à écouter. Il n'apparait pas non plus à l'achat sur Amazon. En revanche, on peut l'entendre dans plusieurs vidéos sur YouTube. Le son est médiocre, voire pire, mais j'ai été surpris par une version d'"Oblivion", chantée en français, et par une version de plus de 6 minutes de la chanson de Brel, "Ne me quitte pas". Sans compter plein d'autres surprises, la moindre n'étant pas lors d'un concert en Corée la présence de Berthoumieux à l'accordéon. Avec, et là c'est franchement étonnant, sur "Ne me quitte pas", un accordéon avec des accents vaguement hispaniques...

http://www.younsunnah.com/

En résumé, trois échos qui n'ont pas fini, au moins pour moi, de se répercuter suivant le principe "un écho génère deux échos" et ainsi de suite. D'où ce paradoxe : plus mes connaissances quant à l'accordéon augmentent, plus mon ignorance augmente aussi. Mais, suivant le principe en question, deux fois plus vite...

C'est très philosophique tout ça, car, comme le disait à peu près Socrate : "Je ne sais rien, mais en sachant que je ne sais rien, j'en sais encore plus que celui qui ne sachant rien croit savoir quelque chose".




mercredi 9 juin 2010

vendredi 11 juin - emmaüs

Mercredi après-midi, Françoise avait décidé de "faire les magasins". C'est une activité qui me brise le dos. J'ai l'impression, de boutique en boutique, que mes vertèbres, au niveau de la ceinture, s'emboitent les unes dans les autres. J'en ressors moulu. En miettes. Ereinté, fourbu, rompu, vanné, lessivé, rincé. Fatigué quoi !

C'est pourquoi, pendant qu'elle s'adonnait aux délices du shopping, je suis allé faire un tour, à Lescar, chez les Compagnons d'Emmaüs. Un lieu qui me fascine et qui en même temps m'attriste, tant on a l'impression que certaines choses sont arrivées au bout du bout du circuit de consommation. Ce sont les choses que l'on trouve dans les bacs à "Tout à 0,50 euros".

Mais il y a aussi d'autres endroits où les prix flambent. Je relève, par exemple, un VTT affiché à 500 euros ; un lot de 31 cartes postales représentant des champions cyclistes de l'entre deux guerres, état impeccable, affiché à 350 euros. Il est clair que les compagnons ont parmi eux des experts. Mais encore, un lot complet d'habits sacerdotaux : 2500 euros ! Faut vraiment avoir la vocation !

Et puis, dans une sorte de case où sont rassemblés des objets de valeur et fragiles, comme de la vaisselle ou des verre ou des bijoux, il trône : un Maugein, bien vert pour son âge. Son prix, qui ne se marchande pas : 1200 euros.



Mais ce n'est pas tout. Pour moi, c'est un élément déterminant de ma fascination, Emmaüs, c'est un lieu de multiples. Des lavabos, des éviers, des bidets, des cuvettes de w.-c., des chaises roulantes, des armoires, des tables, des skis, des étagères, des machines à coudre, des glaces, des vélos, etc... etc... Prévert ! Perec ! A l'aide !

Aujourd'hui, mon regard élit cette série de sept fauteuils de bureau sur fond de chaises. Au moment de les photographier, une idée me traverse l'esprit : 7 comme les jours de la semaine. Un fauteuil pour chaque jour.

Mais comme je redoute que Françoise ne trouve mon idée farfelue et surtout encombrante, je m'en tiens à l'image de cette série et je ne mets pas mon projet à exécution. Quand je lui raconte le désir qui m'a traversé l'esprit et que j'ajoute qu'il n'a pas dépassé le stade de l'intention, j'ai l'impression qu'elle est soulagée.





jeudi 10 juin - connaissances et expérience

Je relis un article paru à l'occasion de la sortie du Bach de Richard Galliano sur le site ConcertoNet.com - The Classical Music Network -. Auteur : Simon Corley. Publié le 05.04.2010.

http://www.concertonet.com/
http://www.concertonet.com/scripts/cd.php?ID_cd=1904 [lien direct vers l'article]


Un article, sous forme de note critique, bien documenté, synthétique, intéressant. Clair dans ses prises de positions et bien argumenté. Un article qui me donne à réfléchir à double titre :

- l'auteur de l'article écrit au paragraphe 2 que si un reproche peut être adressé à Galliano ce n'est pas son irrévérence à l'égard de "Dieu le Père", mais plutôt son excès de respect, son disque "n'apportant rien de bien neuf sur cette musique". Il cite Galliano se demandant "comment réaliser une nouvelle version [...] après les merveilleux enregistrements produits par les plus grands interprètes tels que Glenn Gould, Pablo Casals, Isaac Stern.. ?". Et il commente :"De fait, il n'a pas pleinement répondu à la question", sans doute par excès de prudence et de sagesse. Sauf dans l'ultime morceau : l'"Aria" composé par Galliano lui-même, "où il retrouve souplesse et liberté.

- au paragraphe 3, l'auteur écrit que "cela étant, sa performance n'en demeure pas moins remarquable". Et il argumente : d'abord, parce que Galliano "sait tirer parti de son instrument" se substituant à divers instruments ; ensuite, parce que certains arrangements sont inattendus ; enfin, parce que "l'écoute du Contrapunctus I de l'Art de la fugue, oeuvre pour laquelle Bach n'a pas donné de précision explicite quant au x instruments requis, mettra tout le monde d'accord : [...] Galliano est un grand musicien".

Première réflexion : le paragraphe 3 a pour ligne directrice que Galliano "sait tirer parti de son instrument" alors même que le paragraphe 2 lui faisait reproche de trop de respect pour les oeuvres interprétées, d'un excès de prudence et de sagesse. Or, il me semble que Galliano ne prétend pas faire autre chose que tirer parti de son instrument quand il écrit que l'accordéon et le bandonéon sont "à peu près seuls aujourd'hui à proposer, d'un point de vue instrumental pur, un éclairage et un sang nouveau à toute l'oeuvre de Jean-Sébastien Bach". Il ne prétend pas faire autre chose et, d'après l'auteur de l'article lui-même, il y réussit. En ce sens au moins, Galliano apporte donc quelque chose de nouveau à l'écoute de Bach. au moins "un sang nouveau" et donc un son nouveau. L'accordina, par exemple, en st la preuve.

Seconde réflexion : au paragraphe 2, l'auteur de l'article, reprenant la question de Galliano sur la difficulté, voire la quasi impossibilité, de proposer une nouvelle version des oeuvres de Bach après les enregistrements des plus grands interprètes, l'auteur donc écrit qu'en effet il n'a pas répondu à la question. Rien de nouveau donc, rien qui n'ait déjà été entendu. Et c'est cette idée qui me donne le plus à réfléchir par rapport à ma propre écoute. S'il peut écrire une telle assertion, c'est que l'auteur de l'article a écouté tous les grands interprètes de Bach, qu'il est un professionnel de cette écoute, que sans doute il est payé pour cela et qu'il s'adresse à des lecteurs qui ont une expérience analogue à la sienne. Mais, moi, j'ai écouté Glenn Gould, qui m'a fasciné, j'ai écouté Casals, qui m'a étonné, et c'est à peu près tout... Du coup, les propositions de Galliano m'apparaissent nouvelles alors que peut-être pour un spécialiste de Bach elles ne le sont pas.

Il n'est certes pas question pour moi de mettre en cause le jugement de l'auteur de l'article, d'autant plus, je l'ai dit, qu'il est fort bien documenté et argumenté, mais j'en conclus que parfois les connaissances, le savoir, peuvent faire obstacle au plaisir. Parce que mon expérience, au sens expérientiel et non expérimental du terme, est fragmentaire, limitée, incomplète, j'ai trouvé, en toute naïveté, un plaisir à l'écoute de de Bach qu'une connaissance plus approfondie d'autres enregistrements de référence m'auraient empêché d'éprouver.

Pour autant, loin de moi l'idée de faire l'éloge et l'apologie de l'inculture. La culture permet en effet d'accèder à des plaisirs plus complexes, plus sophistiqués, mais sont-ils plus intenses et plus profonds pour autant. Il faut que j'y réfléchisse encore un peu.

mardi 8 juin 2010

mercredi 9 juin - musée des beaux-arts, galerie des beaux-arts : 2 x 4 photonotes.

Dimanche, avant de quitter Bordeaux, nous avons pris un bain de peinture, d'abord au musée des beaux-arts, ensuite à la galerie des beaux-arts.


Le musée a un fonds de peintures tout à fait remarquable et pour la première fois depuis longtemps il l'avait exposé dans des salles rénovées, bien éclairées et agréables à parcourir. Plusieurs tableaux ont retenu notre attention ou suscité notre admiration et parfois notre étonnement. J'aurais pu en publier une dizaine. Pour l'heure, je m'en tiens à quatre.

D'abord, cette oeuvre monumentale de Delacroix : la composition et les couleurs, quel choc ! on est comme aspiré par le mouvement. Une sensation de vertige.

En face, un tableau de Millet. Une allégorie de l'été. Il faut le voir, monumental, pour le croire. Qui ne connait que l'Angélus n'a pas idée du génie de ce peintre. On se frotte les yeux, on se dit que l'on est en train de rêver. Mais non... Et l'on regrette l'absence des trois autres saisons, même si l'on essaie de les imaginer.

Et puis, ce tableau du XVII ème qui m'intéresse beaucoup quant à l'histoire de la peinture occidentale. Je m'en tiens à la composition. A gauche, le Christ entourée de deux femmes, à droite une table abondamment garnie. A gauche, des personnages plutôt stylisés, à droite un luxe de détails réalistes. Figures symboliques à gauche, représentation réaliste de l'autre. A ce moment de l'histoire de la peinture, le monde n'est représenté que par le biais de la figure du Christ et parce que celui-ci s'est fait homme. On passe de l'icône à la nature. Bientôt, la bourgeoisie n'aura plus besoin d'alibi religieux pour se donner la représentation de ses biens et possessions. Alors viendra Chardin et plus tard Ingres. A gauche, je vois donc le passé de la peinture ; à droite, ce qui sera son avenir. La peinture, non comme représentation de l'ineffable, mais comme manière de posséder le monde en se l'appropriant en images.


Ce tableau de Debré me touche par sa sobriété. Presque janséniste. Variations de gris. Sombre et lumineux. Mystérieux. Comme dans le tableau de Delacroix, vertige de la contemplation. On se laisserait facilement aspirer dans cet espace de méditation.


Le temps de traverser le cours d'Albret, Galerie des Beaux-Arts. Une exposition "En regards" qui croise des oeuvres du Musée et du Frac Aquitaine. Une mise en correspondance remarquable. La mise en écho ou en miroir des oeuvres venues des deux collections sublime la perception de chacune d'entre elles.
Par exemple, ce tableau, qui pourrait être de Seurat, un paysage sous la neige. Vibration et frémissement des sensations.



En face, une installation : un lit sur un cadre de bois, avec une couverture et des coussins. Vibration et frémissement des sensations. Quelque chose de tactile dans la perception de cette oeuvre. On revient au tableau, on le perçoit avec des sensations tactiles. Dialogue des oeuvres.




Autre jeu de correspondances : cette peinture représentant deux personnages inclus dans un jeu de portes entr'ouvertes. L'anecdote disparait derrière la composition géomètrique.



Et justement, dans l'installation ci-dessous ne reste que la géomètrie, l'articulation des différents panneaux. Alors, on se retourne vers le tableau et la géomètrie, que l'on percevait déjà, saute aux yeux. Alors un dialogue commence à prendre forme entre les oeuvres, par le truchement du spectateur. Cette exposition est un formidable dispositif pour s'approprier les oeuvres présentées.










mercredi 9 juin - capc, ou la vie saisie par l'art : sept photonotes

Jim Shaw est un plasticien californien. Il expose aux entrepôts Lainé une quinzaine de toiles immenses peintes sur des rideaux de scène. C'est l'inconscient de l'Amérique qui nous saute au visage. Des images venues de sources disparates et hétérogènes, des techniques apparemment contradictoires, au-delà de l'hyperréalisme et de l'art pompier, des emprunts à la figuration narrative, des symboles venus de la Bible, du consumérisme et du cinéma de guerre, des figures empruntées au monde politique ou de la finance ou de l'entreprise multinationale. Des fragments du rêve américain en vrac. L'émergence de nouveaux symboles et peut-être d'une religion à venir.

Parmi ces images, je retiens ci-dessous "Octopus Vacuum" (L'aspirateur pieuvre), 2008. Un décor de jardin public où des danseuses de music-hall sont avalées par un aspirateur à longues tentacules. Au-dessus volent des moustaches en forme de noeud papillon. Les beaux messieurs qui fréquentent le monde du music-hall, sans doute.

Et puis, "Left Behind 3" (Laissés pour compte 3), 2005. Décor de stade américain évoquant le Giant Stadium de New-York. Cette fresque fait allusion à une blague grossière des années 1960 dénigrant les Polonais qui enterreraient leurs morts les fesses à l'air pour tenir leur vélo "entre les dents". Comprenne qui pourra. A décrypter.


Et puis, dans les étages, il y a une exposition "Capc, ou la vie saisie par l'art". Et en particulier deux ou trois salles investies par Christian Boltanski où il expose "L'inventaire des objets ayant appartenu à la jeune fille de Bordeaux, 1973-1990". En acquérant les biens qui avaient appartenu à cette personne et l'avaient accompagnée pendant une partie de sa vie, en les répertoriant, classant et mettant en vitrines, il en est devenu l'auteur. On trouve ainsi plus de deux cents éléments présentés à la manière des musées ethnographiques. Entre sérieux imperturbable et mise en scène dérisoire. On pense à l'agence "Les Ready Made appartiennent à tout le monde", à Marcel Duchamp et à Perec. Forcément à Duchamp et à Perec !



















Au moment de quitter "la vie saisie par l'art", nous passons devant l'ascenseur en panne. Je pense, en regardant cette installation, une exposition temporaire, à la notion d'art aléatoire, à "ma" notion d'art aléatoire. Je la fixe en la photographiant et ainsi je lui donne statut d'oeuvre d'art. Cette idée me réjouit, d'autant plus que "mon" art aléatoire est maintenant théorisé et validé par cette exposition, par Boltanski et par l'agence "Les Ready Made appartiennent à tout le monde".