dimanche 31 janvier 2010

mardi 2 février - à propos d'identité nationale

Fidèle à mon habitude, je zappais d'une chaine d'information continue à une autre : iTélé, BFM, LCI, etc... et ainsi de suite. Les mêmes informations, les mêmes images, les mêmes commentaires. La même complicité, la même connivence entre les journalistes, les commentateurs, les experts et les hommes politiques. Un théâtre d'ombres. Ce jour-là, il était question d'identité nationale, de débat et de quelques autres foutaises prévisibles. Je ne sais pas si cette question est primordiale, je n'ai aucune opinion sur sa pertinence non plus que sur son opportunité. Je laisse aux marionnettes et autres baudruches télévisuelles le soin de ronger cet os que quelque politicien leur a jeté un jour en pâture. Et comme il faut bien occuper les écrans, tout porte à croire que l'on n'a pas fini de voir et d'entendre les-dites marionnettes et autres baudruches gloser sur cet os sans moelle.

Bref, le flux des informations traversait mon esprit sans y déposer la moindre trace d'intérêt, quand, tout à coup, je me suis demandé ce qu'il en était de l'identité nationale appliquée au monde de l'accordéon. Sans chercher l'exhaustivité, je me suis mis à évoquer les accordéonistes contemporains que j'écoute avec plaisir. C'est ainsi que me sont venus à l'esprit les noms de Colin, Ithursarry, Beier, Sopa, Suarez, Loeffler, Mille, Venitucci, Peirani, Berthoumieux, Perrone, Pellarin, Corti, Amestoy, Macias, Maurice, De Ezcurra, Toucas, Lacaille, Varis, Bolognesi, Castiello, Galliano.

J'aurais pu continuer ; j'aurais pu évoquer des grandes figures du passé comme Viseur, Murena, Privat ou d'autres encore. A quoi bon !

D'une certaine façon, il me semble que cette liste est une réponse à cette question de l'identité nationale. Ce sont des accordéonistes français, même si cette définition est sans doute trop étroite. Et s'ils sont reconnus comme tels, c'est d'abord par ce qu'ils font aujourd'hui et par ce qu'ils feront demain : leurs projets, leurs créations, leurs concerts, leurs oeuvres, et non par leur origine, par leur généalogie.

Finalement et malgré que j'en aie, je crois que je viens d'apporter ma modeste contribution au débat.

samedi 30 janvier 2010

lundi 1er février - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é...

Le numéro de février d' "Accordéon & accordéonistes" est arrivé. Par la poste, puisque j'ai fini par m'abonner pour manifester mon soutien à cette revue. De cette livraison, je retiens d'abord deux volets principaux, un diptyque en quelque sorte :

- Un dossier consacré à l'accordéon en Belgique,
- Une série d'entretiens avec des accordéonistes représentatifs de l'accordéon actuel.

Bien entendu, on trouve aussi les rubriques habituelles : "Echos", "Portraits", "Pour l'avenir" et "Pour le plaisir", "Agenda", "Chroniques", etc... Sans oublier le "Cahier pédagogique" particulièrement intéressant avec un premier article de Jacques Mornet sur la constitution des accords et un article de William Sabatier sur "le Tango : patrimoine culturel immatériel de l'humanité". Cet article inaugure une série, qui sera à n'en pas douter très bien documentée.

Avant d'en venir aux deux volets que j'indiquais ci-dessus, une observation : il me semble que depuis deux numéros la rubrique "Chroniques" est moins riche, en particulier quant au jazz et à la musique du monde, ce qui est un peu dommage à mon goût, car c'est là que l'on trouve le plus facilement les références des cds que l'on souhaite commander.

-Premier volet constitué de propos recueillis par Philippe Krümm et Marc Taraskoff : l'accordéon en Belgique. On y rencontre Priscilla Baudoin, Anne Niepold, Tuur Florizoone, André Loppe, Denys Gigot. J'ai beaucoup apprécié les articles consacrés à Anne Niepold et à Tuur Florizoone, sans doute parce qu'ils représentent pour moi des figures d'accordéonistes "qui cherchent", qui explorent des voies nouvelles et qui, pour ce faire, prennent des risques.

- Second volet constitué d'une série d'entretiens conduits par Françoise Jallot : Michel Ludwickzak, bandonéoniste du groupe Valiumvalse ; le groupe klezmer Oy Division et ses deux accordéonistes, Noam Enbar et Assaf Talmudi ; le groupe Java et son accordéoniste, Fixi ; Olivier Urbano ; Coko (Corentin Ratonnat) ; David Richard, etc... Ce sont des gens que l'on a envie de mieux connaitre et surtout de pouvoir écouter. De bons entretiens qui donnent envie... Un regret peut-être, qui rejoint celui que je formulais à propos des "Chroniques" : on aimerait savoir s'ils ont "sorti" des disques et si oui, comment se les procurer. Il me semble qu'à une certaine époque, les cds correspondant aux créations des accordéonistes, objets d'articles rédactionnels, étaient présentés et référencés en rubrique "Chroniques". Cette redondance était fort utile.

En parcourant ce numéro comme les précédents, les entretiens et les portraits consacrés aux juniors et aux seniors qui pratiquent l'accordéon, une idée lancinante m'obsède : quel laboratoire de sociologie ou d'ethnologie se décidera enfin à s'intéresser au monde de l'accordéon et à ses acteurs ? Je serais curieux en effet de savoir quel est ce peuple, quelle est cette tribu liée par le totem "accordéon" ? Ce peuple est-il homogène ou divers ? Est-il stable ou en évolution ? Quelle est l'influence du milieu familial sur la pratique de l'accordéon ? Et, "subsidiairement", quelle est la proportion d'amateurs qui s'en tiennent exclusivement à l'écoute de l'accordéon, soit avec des cds, soit en concerts, sans en avoir aucune pratique ? Question qui m'intéresse particulièrement car c'est notre cas, ce qui nous a valu souvent cette remarque :"Vous avez assisté à tous ces concerts et écouté tous ces disques, et vous ne jouez pas d'accordéon... Vous êtes bizarres, vous ! ". Variante :"Vous êtes cocasses". Il faut comprendre :"C'est incompréhensible ! D'où ils viennent ces deux-là ?". A ce sujet, je note d'ailleurs que la grande majorité des gens qui pratiquent l'accordéon en écoute assez peu ; et même, ce qui me parait plus étonnant, que si l'on s'en tient aux conversations que l'on a pu avoir avec des accordéonistes professionnels, ils semblent peu s'écouter entre eux. Certains justifiant ce comportement par le souci de préserver leur originalité et par la volonté de ne pas risquer d'être influencés.

vendredi 29 janvier 2010

dimanche 31 janvier - un soir chez notre voisin, monsieur L...

Jeudi, nous étions convenus de passer un moment ensemble, ce vendredi, avec notre voisin, monsieur L..., qui avait préparé à notre intention quelques morceaux sur son Castagnari. Après quelques semaines passées chez ses enfants, il avait en effet retrouvé ses pénates et il était impatient de nous faire écouter son programme. Rendez-vous donc à cinq heures. C'est la période des galettes. Il nous offre sa musique ; nous portons un gâteau de saison avec une bouteille de jus de fruits.
Au programme, chansons de marins, polkas, mazurkas, circasiens, valses et pour finir trois variations sur un fandango. En bonus, "Mon amant de Saint-Jean", interprété d'abord sur le Castagnari, puis sur un petit diatonique Maugein, plus limité mais plus léger. En extra-bonus, deux morceaux qui nous sont dédiés : "La valse à Françoise" et "La valse à Michel". Parfois, un doigt de la main droite "accroche" un peu par manque de souplesse, mais l'exercice de l'accordéon est aussi une manière de lui conserver sa dextérité.

Monsieur L... a quatre-vingt-dix ans. Il vit seul. Tous les jours il sort son monospace pour aller faire ses courses. Une femme de ménage vient trois fois par semaine s'occuper de la maintenance de la maison. Avant de venir avec Françoise chez monsieur L... pour assister à son concert privé, mon père m'a téléphoné de sa maison de retraite à Nay. Il a le même âge que notre voisin. Il ne joue d'aucun instrument. Il se déplace avec un déambulateur. C'est son doudou. Souvent en effet, il l'oublie et cela ne l'empêche pas de se déplacer. C'est pourquoi je pense que la fonction de ce déambulateur est d'abord symbolique. Un objet transitionnel, une manière de montrer à ma mère, clouée dans un fauteuil roulant, que lui aussi est invalide. Mon père m'a téléphoné, car "on lui a volé les euros qu'il gardait dans son porte-monnaie". J'ai essayé de le "piloter" pour contrôler si vraiment ce vol était avéré. Il m'assure qu'il a vérifié partout. "On lui a volé...". Ce soir, en rentrant de chez monsieur L..., j'apprendrai qu'il a retrouvé ses billets, mais déjà il ne se rappelle plus où... Mon père est à la chambre 14, ma mère à la 73. Il est persuadé qu'elle est au premier étage et lui au rez-de-chaussée, alors que c'est l'inverse et qu'un regard à travers les fenêtres permettrait de rétablir l'ordre des choses. Du coup, quand il appelle l'ascenseur, qui arrive au premier, et qu'il appuie sur "1", il se retrouve à l'ouverture des portes à son point de départ. Mais il ne s'en rend pas compte. Alors il erre dans les couloirs, jusqu'à ce qu'une bonne âme, attentive à son comportement de zombie, veuille bien le guider jusqu'à la chambre de ma mère.

La mémoire de monsieur L... est impressionnante. Elle parait être inépuisable. Quelques tâtonnements pour retrouver la mélodie et le doigté ; quelques essais pour retrouver l'habileté et la cadence ad hoc... Au fil des minutes, la fatigue se fait plus lourde. Il est temps d'aller à la cuisine partager la galette et préparer du thé. Finalement, nous ne débouchons pas le jus de fruits.


Nous parlons un peu d'accordéon. Monsieur L... nous parle de sa famille : tous musiciens ou presque tous. De fil en aiguille ou plutôt en zigzagant du coq à l'âne, nous parlons de la guerre de 14-18, des souvenirs des récits de son père et de mon grand-père. Je me rappelle encore aujourd'hui ces hommes, adultes estropiés ou défigurés, ces rescapés de Verdun, qui ont hanté mon enfance. Je me souviens des guérites où d'anciens combattants vendaient des billets de loterie nationale. Ces guérites, ces billets sont ad vitam aeternam associés à la loterie des "gueules cassées". Nous parlons aussi de 39-45, de sa drôle de guerre, des images qui l'émeuvent encore de l'exode à la frontière belge ou de son entrée à Fribourg. Je lui dis que je n'arrive pas à me représenter de telles horreurs. Que c'est pour moi inimaginable. Il me dit que ce n'est pas possible d'imaginer les gens hachés par les attaques aériennes.
Il est temps de traverser la rue, de retrouver notre maison, de faire réchauffer de la soupe et de fermer les volets. La galette était très bonne. Ce soir, ce sera notre repas. Vers minuit, c'est sûr, on aura une petite faim, on sortira le saucisson et le jambon de Bayonne. Avec un verre de rouge.
J'en suis certain, à l'heure qu'il est, monsieur L... a déjà commencé à penser à notre prochain concert.



samedi 30 janvier - spécial copinage : stéphane morel

Reçu un message de Stéphane Morel : "L'atelier d'accordéons de Lou Morel à Bordeaux". Je ne dirais pas qu'une visite s'impose, car il n'est pas question d'obligation, mais d'intérêt et de plaisir. Je dirais donc que ça vaut le détour...

Bonne année Stéphane !

jeudi 28 janvier 2010

samedi 30 janvier - au fil de l'eau...

- "Freedom Flight / Frank Marocco Quartet". Sabanou Productions. Enregistrement en Suisse, 19-20 juin 1995.

Je ne connais que deux ou trois disques de Frank Marocco, mais c'est un accordéoniste que j'apprécie, que j'écoute toujours avec "un certain plaisir" et que j'ai bien l'intention de mieux connaitre.

Lorsque je dis qu'il me procure "un certain plaisir", je veux dire que je retrouve toujours chez lui un style fait de précision et de décontraction. Rien d'excessif, pas de stridences, pas d'envolées majestueuses, non, mais une sorte d'art moyen, tout en nuances. En l'écoutant, je me dis qu'il est de la même famille que Jo Basile (Jos Baselli) ou Art Van Damme. Un son pur, simple et efficace.

Son quartet comprend un accordéon, un vibraphone, une contrebasse et une batterie. Le titre 5, "Pas d'affolement", créé par le vibraphoniste, Philippe Cornaz, est emblématique. C'est ça : pas d'affolement. Pour renforcer mon sentiment d'une parenté entre Marocco et Van Damme, je remarque que le titre 6 est "Line for Art". Quant au rapprochement avec Jo Basile, celui de "Bossa Três", je vois une confirmation dans le titre 10, "Samba Italiano".

Dans un post précédent, j'avais dit que certains morceaux de ce disque me rappelaient le Modern Jazz Quartet. Une musique en apparence distanciée, une fausse facilité ; en fait, un travail d'horlogerie, mais sans en rajouter, sans avoir l'air d'y toucher. Signe d'élégance : on ne laisse rien voir de la mécanique très sophistiquée et de la mise au point délicate qui ont été nécessaires pour donner l'impression que "ça vient tout naturellement".

En écoutant ce disque, je me sens transporté sur la rive d'un cours d'eau apparemment calme et tranquille, mais en fait plein de mouvements, de tourbillons et de petites cascades, plein de ruptures de rythme. Mon regard se perd à vouloir suivre le fil de l'eau et sans m'en rendre compte je suis bientôt comme hypnotisé par le jeu des reflets. Une douce somnolence m'engourdit...

vendredi 29 janvier - deux éléphants...

-"Tubatuba 2". 2003. Enja CD 9148-2. Treize titres. 62 minutes. Enregistrement, 7 & 8 mai et 1er juillet 2003 au Topaz Studio à Cologne.

Michel Godard, tuba, serpent ; Dave Bargeron, tuba, sacquebute ; Luciano Biondini, accordéon ; Kenwood Dennard, batterie.

- Comme tu le sais, j'apprécie beaucoup Michel Godard et je trouve Biondini très intéressant par sa manière très personnelle de prendre des risques, c'est du moins ainsi que je perçois son jeu. Je pense à "Morton's Foot" de Rabih Abou-Khalil où l'on retrouve Godard et Mirabassi ; je pense à "Rabih Abou-Khalil em português" avec ces mêmes collègues ; je pense au très beau "Terra Madre" avec le saxophoniste Javier Girotto ; ou encore à "Latakia Blend" de Mirabassi avec encore Michel Godard ; sans parler de sa prestation dans l'album "I Cosmonauti Russi" de Battista Lena. Tu peux noter que sa collaboration avec Godard ne date pas d'hier.
- Je vois...
- Donc, puisque tu vois... Tu vois un magasin de porcelaines ?
- Je te vois venir. Un magasin de porcelaine et dans ce magasin j'imagine un éléphant : le tuba ou le serpent de Godard...
- Non, tu imagines deux éléphants : Godard et Bargeron avec son tuba ou, encore plus énorme, sa sacquebute.
- Attends ! J'imagine un magasin un peu plus grand. C'est bon !
- Donc, deux éléphants dans un magasin de porcelaine, légers, délicats, profonds et agiles comme des gazelles. A tel point que l'on finit par oublier leur "hénaurmité". Par exemple, "Sweet Georgia Brown" sonne comme une parade à la Nouvelle Orléans. "Chiacona Intro" sonne comme du Bach. "Pulteney Bridge" est une vraie méditation et "Murmure" me fait penser à un Gulliver chuchotant des secrets à l'oreille d'un enfant. Il faut absolument que je te fasse écouter cet album.
- Et Biondini ?
- Une présence de tous les instants. Tantôt, entre les deux géants qu'il accompagne avec des attentions de nourrice ; tantôt, un peu en avant, juste pour leur faire la route. Et parfois, une esquisse de pas de danse avec les deux pachydermes qu'il entraine dans son sillage.
- Et le batteur ? Comment s'appelle-t-il ?
- Kenwood Dennard. Comme Biondini, toujours présent. Discret, mais nécessaire. Bon ! Tu passes quand tu veux. J'ai fait un petit choix de bières que j'ai mises au frais.

mercredi 27 janvier 2010

jeudi 28 janvier - aimez-vous galliano ?

Françoise a écrit sur son blog, en date du 24 janvier, un texte intitulé "El Gaucho, des bruits et des sons". Je le trouve vraiment très bien. Et donc, j'ai envie de le partager.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/

Voilà, c'est fait !

mercredi 27 janvier - après le père noël, les soldes

Il est 2 heures, à quelques minutes près, quand le bruit du volet de la boite à lettres... Le Père Noël m'apporte pour sa dernière distribution de janvier un envoi de Joël Louveau (Accordinova). Du coup je lui offre une tasse de café. Mais il me dit qu'avec ce froid, il préfère un bon armagnac. Finalement, il en écluse deux ! Curieux, il me demande ce qu'il y a dans cette enveloppe. C'est un cd d'accordéon. Mon goût pour cet instrument le surprend et l'enchante à la fois. Il y a longtemps, me dit-il, il a fait de la baloche ; ça rapportait bien. Maintenant, avec ses gants, c'est un peu difficile pour trouver les boutons.
"Vous voyez, c'est un album d'un américain que j'apprécie beaucoup : Frank Marocco". Le disque a pour titre "Freedom Flight" ; il a été enregistré en Suisse en 1995. Il me dit : "C'est vieux !". Je lui dis que c'est comme le vin de garde, que ce type de musique ça prend du bouquet avec l'âge. Il me demande si l'on peut en écouter un peu. Je m'inquiète pour sa tournée. Lui, il espère se siffler un troisième armagnac.

C'est un quartet : accordéon, vibraphone, contrebasse, batterie. On écoute quelques morceaux. Il me dit qu'il aime bien, que ça lui rappelle une musique qu'il aimait bien. Je lui dis que ça me fait penser au Modern Jazz Quartet. Il est d'accord.



Après son départ, Françoise veut aller faire les soldes. Elle a envie de chaussures, des Converse, et de Crocs fourrées. On "fait" les boutiques de la galerie commerciale de deux hyper, mais en vain : il n'y a plus de chaussures de sa pointure. Mais, du coup, pour ne pas être venus pour rien, nous décidons d'acheter trois pochons de thé et d'aller faire un tour au Parvis. A tout hasard... En tête de gondole, des disques en vrac : jazz, classique, musique du monde, etc... Rien, à première vue, de très intéressant. Mais il faut persévèrer et continuer à fouiller. Tiens, un disque de Michel Godard. J'aime bien son tuba.
- "Tubatuba 2", Enja 2003.
Au dos, heureuse surprise, le nom de Biondini, qui suffit à déclencher mon réflexe d'achat. Mais la lecture des noms des musiciens me réserve d'autres surprises :
- Michel Godard, tuba et serpent (ancienne version du tuba)
- Dave Bargeron, tuba et sacquebute (ancienne version du trombone)
- Luciano Biondini, accordéon
- Kenwood Dennard, batterie.
On l'avouera, c'est une formation peu orthodoxe : deux tubas et deux instruments anciens. De retour à la maison, une première écoute, en dégustant quelques tasses de "Noël à Pékin", nous convainc que nous avons eu raison d'acheter de cd : 9,99 euros ! Deux pièces retiennent toute notre attention, 9."Chiacona Intro", 3:00 et 10."Chiacona" (Godard), 4:03. Mais déjà on a envie d'écouter à nouveau leur version de "Sweet Georgia Brown", 4:55.
Après le Père Noël, les soldes... La consommation continue...


mardi 26 janvier - à propos d'un certain panel

Dans un premier temps, j'ai regardé un match de coupe de la ligue entre Le Mans et Bordeaux. Ensuite, mon zapping s'est arrêté sur Virgin 17. Dès les premières images, j'avais reconnu le film : "Les fous du stade", l'un des innombrables opus réalisés ou, si l'on veut être précis, exécutés par Les Charlots au cours des années 70. Le programme indique qu'il s'agit d'une oeuvre de Claude Zidi. 80 minutes ; année de création : 1972.

J'aime bien déguster à petites doses les films des Charlots, car ils me permettent chaque fois de situer tous les autres, que je serai amené à voir, par rapport à un degré zéro. Disons zéro et demi si l'on prend en compte la présence du génial Paul Préboist. Bref - car je n'ai pas l'intention de raconter l'intrigue, ni même de dévoiler l'argument -, à un certain moment les joyeux drilles participent à la fête du 14 juillet dans le village où ils sont venus passer leurs vacances. Fête nationale oblige, il y a un bal populaire. Et là, surprise ! Pour l'animer, un accordéoniste au milieu de la foule : Aimable et son Fratelli Crosio. Une bien belle promotion pour un instrument si populaire et si noble à la fois entre les mains d'un tel virtuose. On est au coeur de la France profonde et l'on comprend à quel point le travail de Claude Zidi a une véritable portée ethnologique.

Une idée me traverse alors l'esprit. Je n'ai pas regardé, hier sur TF1, la rencontre du président de la république avec un panel de onze Français représentatifs justement de cette France que l'on dit profonde. Mais j'en ai vu beaucoup d'images et écouté beaucoup d'analyses, exégèses et autres gloses. J'ai bien reconnu les stéréotypes attendus, mais, sauf erreur de ma part, nul représentant des accordéonistes. Pourtant, il ne doit pas être difficile de trouver dans notre beau pays un "Aimable" d'aujourd'hui, bien présentable. Giscard lui jouait du piano à bretelles. Notre président sait-il seulement que cet instrument est capable de produire des sons musicaux ? L'un, ne serait-ce qu'un seul, de ses conseillers est-il capable de le briefer sur l'accordéon ? J'en doute. Et pourtant "Conseiller spécial auprès du Président de la République en charge de l'accordéon, sa vie, son oeuvre", ça aurait de la gueule. En tout cas, ça ferait près du peuple.

J'hésite encore à lancer ma suggestion sur le web, mais j'y pense : non pas une pétition pour la défense et illustration de la boite à frissons, mais un appel pour envoyer au Président un exemplaire de ce bel album d'Aimable : "Ah ! le petit vin blanc".

lundi 25 janvier 2010

lundi 25 janvier - ah ! le petit vin blanc

J'avais réglé le réveil sur 7h30. J'étais déjà à moitié réveillé, la radio s'est déclenchée. Le flux des informations, en traversant mon esprit encore un peu embrumé, a déposé quelques petites traces : "paroles de Français... débat... président de la république... des vraies gens...". Une petite musique plus propice à la sieste qu'au réveil. Des mots qui reviennent en boucle jusqu'à satiété. C'est pour cela que j'écoute France-Info, pour les délices de ses vertus hypnotiques. Quelques minutes plus tard donc, air connu :"paroles de Français... débat... président de la république... des vraies gens... ". Mais, je rêve ou quoi ? Dans cette litanie, un mot que je n'avais pas encore entendu : "pernod" !

Bien sûr, le débat en question est programmé sur TF1, bien sûr la chaine a choisi un panel de Français représentatifs, "des vraies gens", bien sûr il s'agit de faire dans le populaire, mais de là à faire sponsoriser une émission de rencontre entre le Président de la République et le peuple par une marque bien connue d'apéritif anisé, Pernod Ricard pour ne pas la nommer, je l'avoue l'idée me choque.

Elle me choque tellement que je ne peux y croire. Et en effet, vérification faite sur Télérama, je comprends mon erreur : il s'agit du journaliste, Jean-Pierre Pernaud, et pas de la boisson préférée des campeurs et pétanqueurs de notre douce France. Jean-Pierre Pernaud, ça me rassure : c'est un vrai professionnel, qui connait parfaitement la France profonde.

Maintenant que je suis bien réveillé, il est temps de petit déjeuner. Je bois du thé, mais je ne peux résister au plaisir d'écouter cette admirable valse, "Ah ! le petit vin blanc" interprétée par Aimable.

- "Ah ! le petit vin blanc", The Intense Music, 2006, Membran Music Ltd. Aimable joue sur Fratelli Crosio.

dimanche 24 janvier 2010

lundi 25 janvier - il était une fois en patagonie

Plus j'écoute "El Gaucho", plus une certaine parenté avec "Il était une fois dans l'Ouest" me parait évidente. La présence de l'harmonica de Franco Luciani et les sifflements de Fabrizio Fenoglietto rappelent en effet les compositions d'Ennio Morricone. A quoi s'ajoute encore une scie musicale, dont je ne sais si elle fait partie des créations de Morricone, mais qui en tout cas correspond bien à ses atmosphères.

"El Gaucho" , ce pourrait être une création de Pampa Project, tant on y retrouve le son de Gotan Project, mais transposé des milieux urbains au monde rural, immense et apparemment sans frontières, qui se nomme : la pampa. On y retrouve en effet Nini Flores, mais aussi Makaroff et sa guitare. On y retrouve un certain traitement du son musical, mais aussi des sons extraits de l'environnement. Sons des villes dans les créations de Gotan Project, sons naturels ici : cours d'eau, hennissements, voix. Mais, dans les deux cas, un mélange de sons fabriqués avec des instruments de musique et de sons enregistrés dans le monde extérieur.

Quand on parcourt la liste des douze titres de l'album, on constate qu'elle comporte plusieurs variations :
- "Andrés Retamal", un air de zamba chantée, en 1 et en 12 ; respectivement 3:32 et 4:08
- "Comodoro Rivadavia" I, II et III, en 2, 6 et 10
- "Jesus Maria" I et II en 3 et 7
- "Rio Negro" I et II en 5 et 9 ; respectivement 8:00 et 2:34

Finalement, il n'y a que trois titres en "un seul exemplaire", si j'ose dire : "El Piche", "Jinete" et "Payador". Je trouve que ces variations, de durées fort différentes, contribuent beaucoup à caractériser le style général de l'album. Comme dans les créations de Gotan Project, il y a, par l'intermédiaire de ce que j'appelle ici des variations, un certain effet hypnotique. C'est la même chose et ce n'est pas la même chose ; j'ai déjà entendu ce thème et je ne l'ai pas entendu sous cette forme... Du coup, l'attention est comme mise au défi de saisir les différences. Je me rappelle avoir fait une expérience analogue en présence des multiples dessins préparatoires réalisés par Picasso pour "Guernica". Ce personnage, cette scène, je les ai déjà vus. Eh non ! A y regarder de plus près, en m'intéressant aux détails, c'est autre chose, qui prend un autre sens.

samedi 23 janvier 2010

dimanche 24 janvier - à propos de feed-back

Françoise m'avait montré une sélection de photographies de Bruno Maurice et de Philippe de Ezcurra, que nous avions prises respectivement à Malagar (trio Miyazaki) et à Hendaye (les saisons de Piazzolla). Elle cherchait deux images montrant l'échange de regards entre Bruno ou Philippe et leurs collègues, et suggérant la complicité, la communication vraie, le partage que cet échange manifeste.

On était convenu de retenir deux de ces photographies qui exprimaient bien, à nos yeux, ce jeu d'aller-retour entre deux musiciens en train de construire ensemble une interprétation.

Nous avons repris le cours de nos occupations. Ce matin, Françoise m'a dit :"Hier soir, j'ai fait un truc sur le feed-back. Il y a longtemps que ça me trottait dans la tête". Je suis allé voir. J'ai bien aimé. Je lui ai dit :"J'ai trouvé très bien ; j'aime bien ton style". Elle le sait que j'aime bien son style et cela va sans dire, mais forcément ça va encore mieux en le disant.

En tout cas, ça vaut le détour.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/
Vendredi 22 janvier. - J'attendrai ton retour.

vendredi 22 janvier 2010

dimanche 24 janvier - el gaucho

J'avais lu, dans le numéro 3132 de Télérama (23-29 janvier), une chronique sur le dernier opus de Müller et Makaroff, deux des fondateurs de Gotan Project :"El Gaucho". J'avais noté la présence de Nini Flores au bandonéon. C'était un élément suffisant pour nous donner envie de l'écouter.

Vendredi, 16 heures. Le cd était au Parvis parmi une sélection de cds de musiques de films. C'est ainsi que j'ai appris d'emblée que cet album d'une quarantaine de minutes était constitué d'une musique originale inspirée par les images de "El Gaucho", un film d'Andrés Jarach. Douze morceaux. En 1, "Andrés Retamal", zamba de 3:32 minutes - A. Retamal étant le gaucho solitaire auquel est consacré ce film - ; en 12, "Andrés Retamal", une autre version de 4:08 minutes. La zamba étant un air traditionnel argentin. Entre les deux, des milongas (lenta, campera, abstracta), dont on sait qu'elles sont à l'origine du tango.

Avec le cd, en bonus, une vidéo d'Andrés Jarach : "Domador" , qui pourrait être vue comme le dressage d'un pur-sang. Violence et tendresse indissolublement nouées. Des images sobres, lentes, chargées de densité émotive. Pas de commentaires ; la musique les accompagne. Mais aussi beaucoup de photographies de ce que l'on pourrait appeler la pampa, un glossaire et la biographie succincte de Müller et de Makaroff. L'album lui-même est un bel objet, plastique et musical.

Autant Gotan Project était une musique urbaine, autant celle-ci évoque une sorte de blues des grands espaces. Le dernier plan de "Domador" est à cet égard emblématique. Lent, interminable, comme une introduction à un autre monde, que justement cette musique suggère bien. Parmi les musiciens, en première écoute, j'ai été sensible au piano percussif de Gustavo Beytelmann, avec parfois des échos de Gotan, au bandonéon de Nini Flores, toujours juste de présence, nostalgique et méditatif, à la guitare acoustique de Makaroff ou encore à l'harmonica de Franco Luciani qui, à certains moments, m'a fait penser à des compositions d'Ennio Morricone.

Mais je sens bien que j'ai encore maintes autres "choses" à découvrir. Je n'en suis qu'à une première approche, très superficielle. Suffisante pour me donner envie d'écouter encore "El Gaucho".

samedi 23 janvier - avec ou sans chaussettes ?

J'ai cru d'abord que j'avais ramené un rhume de Toulouse où à deux moments j'avais été saisi par le froid en allant chercher le pain chez le boulanger au bas de la rue. Mais j'ai dû me rendre à l'évidence, après trois jours, j'avais de plus en plus de mal à avaler la moindre nourriture et surtout la nuit ma gorge en feu me réveillait de plus en plus souvent. Le médecin m'a dit que c'était une angine virale. Il m'a donné une ordonnance. Je suis allé chercher les médicaments chez le pharmacien et déjà ça allait mieux. Je bois beaucoup de thè brûlant avec du citron et une cuillerée de miel. Je mange des glaces pour anesthésier ma gorge incandescente. Si mon angine résiste à ce traitement "naturel" fait d'alternance de chaud et de froid, c'est dit, je m'en remets aux antibiotiques.

En attendant, j'écoute "Brazilian Waltz" dans le salon. 20° à l'intérieur. 14° à l'extérieur sur le coup de midi. Le ciel est si bleu et si profond que l'on a peine à en soutenir du regard l'éclat et l'intensité lumineuse. Les pieds en éventail sur la table basse, j'écoute. Pantalon de survêtement noir ; "crocs", made in China, gris. Un sentiment, un état d'âme qui donne une idée assez juste de ce que les philosophes de l'antiquité appelaient ataraxia ou apathéia. Un équilibre presque parfait des sensations. Nirvana, Champs Elysées (pas celui du Fouquet's, celui des héros grecs), Paradis, Limbes... Comme on voudra. Béatitude !

Enfin, presque... car je sens bien que quelque chose détonne, que l'harmonie est incomplète. Mais, oui, c'est sûr, ce sont ces "crocs" que j'apprécie tant l'été qui maintenant sont devenus trop rigides. C'est comme s'ils imposaient la contrainte de leur forme à mes pieds.


Mais, j'ai de la ressource. Il y a peu, en prévision des froids de l'hiver, j'ai acheté des pantoufles fourrées à l'hypermarché. Ce sont quasiment des charentaises. Le tissu est vaguement écossais. Je sens que j'ai déjà pour elles une tendre affection, même si la laine en est encore trop neuve. J'avais raison : remplacer les "crocs" par ces pantoufles, c'est exactement ce qu'il fallait faire. Entre les deux, il n'y a pas seulement une différence de degrés, mais de nature. "Brazilian Waltz" en charentaises, c'est une autre écoute. Je ne suis pas porté vers les sentiments mystiques, mais il y a des sensations qui me feraient croire en l'existence de Dieu.

Pourtant, ce n'est pas tout à fait ça. Je sens bien que quelque chose encore détonne. Quelque chose d'imperceptible et qui cependant me contrarie. Quelque chose qui perturbe mon écoute. Tout à coup, comme une illumination, je comprends ce qui se passe. J'ai gardé mes chaussettes et leur protection m'empêche de sentir directement sur la peau de mes doigts de pieds la douceur de la laine de mes pantoufles. Crime de lèse-majesté. Délice du mouvement de mes orteils sur les touches d'un clavier virtuel.

Je vous le dis d'expérience, écouter ces trois morceaux : "I'm' Old Fashioned" (Johnny Mercer, Jerome Kern ; 4:59), ""Joy Spring" (Clifford Brown ; 4:42) et "Night and Day" (Cole Porter ; 3:23), interprétés par Frank Marocco à l'accordéon électrique et Ray Pizzi au saxophone, c'est divin. A condition d'enlever ses chaussettes.








jeudi 21 janvier 2010

vendredi 22 janvier - il y a brésil et brésil...

Hier matin, entre huit et neuf heures, sur France Inter, l'invité est le président du groupe UMP à l'assemblée nationale, Jean-François Copé. Vient une question d'un auditeur sur la rémunération "hénaurme", et donc choquante en ces temps de crise, du moins pour le vulgum pecus, du président d'Edf, question sur son cumul d'un salaire comme président d'Edf et d'une indemnité comme administrateur de Veolia. Passons sur le conflit d'intérêts découlant du statut différent des deux entreprises ; ce n'est que vaine broutille, argutie minable d'une gauche dépourvue d'idées. Evidemment, Jean-François Copé a préparé sa réponse de longue date, d'autant plus que tous les journalistes rencontrés au cours de la journée lui poseront la même question. Cent fois ! Il nous explique donc que l'emploi et la rémunération des pdg de telles entreprises sont un marché mondial et que si nous ne payons pas de tels génies stratégiques à leur juste valeur, ils partiront sous d'autres cieux, vers d'autres paradis fiscaux, et qu'il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer (sic!). C'est un air bien connu. Mais, tout à coup, à ma grande surprise, je l'entends ajouter qu'un tel chef d'entreprise ne fait certainement pas, lui, des "journées de trente-cinq heures" (re-sic!). D'abord, je me dis qu'il s'agit d'un lapsus et qu'il faut comprendre "des semaines de trente-cinq heures". Mais, ça me parait trop simple. Et du coup un abîme s'ouvre devant moi, la prise de conscience est plus que troublante : ces pdgs que l'on dit trop payés, et s'ils étaient capables de "faire" des journées de plus de trente-cinq heures. J'ai vécu jusqu'ici sur l'idée que nous étions tous soumis à cette loi d'airain : pour chacun d'entre nous, les journées ne sont que de vingt-quatre heures. Mais si certains sont capables de se fabriquer du temps, alors je dois bien admettre que leur rémunération rapportée au nombre d'heures travaillées est on ne peut plus "normale". Dois-je l'avouer : je n'avais jamais jusqu'ici vu ce problème sous cet angle. Du coup, les inégalités me paraissent moins choquantes.





Bon ! Un peu écoeuré par la rhétorique du politicien, j'ai éteint la radio. Mais ce faisant, je me suis dit qu'il était bien dommage que les programmes de l'éducation nationale ne comprennent pas un enseignement et un apprentissage de la rhétorique, et que cette pratique soit l'apanage des gens formés au métier d'avocat. Car un tel enseignement et une telle pratique pourraient sans doute servir à démasquer quelques raisonnements sophistiques et déchirer le voile de quelques propos hypocrites. Ce n'est pas demain la veille du jour où l'on verra la rhétorique inscrite aux programmes des lycées, car certains y perdraient beaucoup de leur pouvoir de classe. Maitriser ou non la rhétorique, voilà bien un critère pertinent pour distinguer les classes dominantes et dominées. La rhétorique comme travail critique et comme méthode de vigilance démocratique, voilà bien une idée qui mérite quelque réflexion.





Mais, passons à des choses vraiment sérieuses, loin des gargouillis radiophoniques et de l'écume des informations fabriquées par les machines à décerveler que l'on nomme "les media". A droite de mon ordinateur, sur la table de mon bureau, il y a deux disques :





- "Frank Marocco Groups / Brazilian Waltz"


- "Asa Branca Blues / Oswaldinho do Acordeon"





J'ai reçu le premier mardi, expédié en colis postal par Joël Louveau ; le second, je l'ai trouvé à la Fnac, l'après-midi de ce même jour. On peut dire qu'ils se retrouvent côte à côte par hasard ; on pourrait dire aussi que leur rencontre était probable. Je crois de moins en moins au hasard !





Ces deux disques ont quelque rapport avec le Brésil.. Mais pourtant ils sont fort différents. Le disque de Marocco est pour moi un disque d'intérieur. Je ne l'imagine pas joué sur une scène en plein air. Celui d'Oswaldinho, tout au contraire, demande de l'espace et le grand air. La nuit et ses scintillements d'un côté, le soleil et ses éclats de l'autre.

Chez Marocco, l'on croise Clifford Brown, Cole Porter ou Horace Silver ou encore Fats Waller. On pense à Charlie Parker. Un son flexible, ondoyant, souple, sinueux. Pour le dire en un mot : flexueux ! Un son parfois un peu flou, avec du grain. On croirait écouter un LP 33 tours. Marocco joue de l'accordéon acoustique et de l'accordéon électrique. On croirait écouter un Fender Rhodes, c'est dire qu'on a du velours plein les oreilles. Suave. Avec des dialogues savoureux, par exemple entre l'accordéon de Marocco et le saxophone de Pizzi.

Avec Oswaldinho on croise Hermeto Pascoal, Rodrigo Botter Maio et sa banda, Luis Gonzaga, Chick Corea, Gilberto Gil. Le texte de présentation, succinct mais d'une grande pertinence, fait un rapprochement entre ce "forro" et le "zydeco", entre ce blues brésilien et celui de Clifton Chenier. Il s'agit bien de blues en effet et de jazz. Par comparaison avec le disque de Marocco, il faudrait ici parler de vitalité, d'énergie, de langueurs et d'explosions... Oswaldinho joue de l'accordéon acoustique et de l'accordéon midi. Autres générations : Marocco, accordéon électrique ; Oswaldinho, accordéon midi.

L'un et l'autre avancent vers nous à visage découvert et l'on éprouve immédiatement de la sympathie pour leur générosité. D'une certaine façon, on peut dire qu'ils sont dépourvus de toute hypocrisie. C'est pour cela aussi que je les écoute avec autant de plaisir.

mardi 19 janvier 2010

jeudi 21 janvier - le père noël fait encore du rab'

Mardi, 13h45. On vient de débarrasser la table du déjeuner. On charge le lave-vaisselle. On passe un coup de balai. On entend un claquement sec : le volet de la boite à lettres.

Rituel : d'abord prendre le temps de savourer l'arrivée d'un cd commandé à Joël Louveau (Accordinova) le 30 décembre. Envoyé le 12, il arrive le 19. Le Père Noël a pris son temps. Il livre ses derniers cadeaux.
A l'intérieur, avec la facture, une photographie : Joël Louveau ou le Père Noël ? Va savoir ! Et un disque : "Frank Marocco Groups / Brazilian Waltz", A.M.-F.M. Records, 1988. Frank Marocco fait partie de mes accordéonistes de prédilection.


Une notice avec des caractères type machine à écrire. Un charme désuet. Délicieux. Je savoure déjà.

Le verso vaut le recto. Plus tard, je me pencherai sur le "personnel". Pour information, je note trois sessions d'enregistrement :
- Hollywood, 1/6/82
- F. Marocco, acoustic & electric accordions
- K. Kotwitz, acoustic accordion
- A. Simpkins, bass
- R. Anthony, guitar
- J. Hamilton, drums
- Terry Harrington Studio, 9/80
- F. Marocco, electric accordion
- R. Pizzi, tenor, alto, soprano sax, flute, bassoon
- J. Baron, drums
- KM Studios, Burbank, 3/2/79
- F. Marocco, accordion
- R. Pizzi, reeds


Sur le coup de 15 heures, coup de téléphone au théâtre Saint Louis où Françoise a relevé un concert le 2 février à 20h30 : Zaza Fournier. Placement libre. Les places peuvent être retirées à la Fnac. Réduction pour les adhérents. Evidemment, une fois sur place on parcourt les bacs pleins à ras bord de cds à 7 euros. Beaucoup de "choses" intéressantes. Françoise est contente de retrouver en cd un disque que nous avions acheté il y a bien longtemps et que nous aimons beaucoup : "Getz / Gilberto, featuring Antonio Carlos Jobim". Nostalgie assurée. En titre 1, "The Girl of Ipanema" !
En parcourant les rayons de nouveautés - décidément on ne quitte pas le Brésil ! - je tombe sur un disque qui attire mon attention :
- "Asa Branca Blues / Oswaldinho do Accordeon" (special guest Hermeto Pascoal, Rodrigo Botter Maio), Alo Alo / DG diffusion, 2008.


Eh bien, je vous le dis, après avoir écouté en diagonale quelques morceaux de l'un et l'autre disque, je sens qu'ils sont pleins de promesses de bonheur. On peut parler à juste titre de jazz brésilien et la comparaison entre Marocco et Oswaldinho promet d'être pleine d'enseignements. Je ne sais pourquoi mais, à propos de ce dernier, l'expression "new forro" me vient à l'esprit.




mercredi 20 janvier - de l'accompagnement

Il y a quelques jours, Jean-Marc L... m'avait proposé de me faire écouter le disque d'Allain Leprest et Richard Galliano, "Voce a mano", dont je connaissais l'existence, mais que je n'avais jamais eu l'occasion d'entendre. De manière générale, je ne suis pas très attiré par les disques que j'appelle "paroles et musique", les disques ou les concerts d'ailleurs où les musiciens accompagnent des chanteurs. C'est pourquoi je n'avais guère fait d'effort pour me procurer cet album. Mais, en l'occurrence, le conseil venant de Jean-Marc, l'expérience m'intéressait. Et, de fait, je ne regrette pas d'avoir découvert ce duo. Je note d'ailleurs que je suis en train d'évoluer. J'observe en effet que j'ai grand plaisir à écouter "Annick Cisaruk chante Barbara, accompagnée par David Venitucci" ou encore David Linx, accompagné par Marc Berthoumieux sur "No Jazz". Sans parler des concerts "Hommage à Barbara", les 4 et 5 décembre, à Bordeaux, avec Bruno Maurice à l'accordéon.

Rien de plus trivial que de constater que Richard Galliano est tout à fait exceptionnel sur "Voce a mano". Et pourtant, il faut le dire et le redire encore tant son talent donne à l'accompagnement sa pleine signification. A tel point que le plaisir que j'ai éprouvé à l'écouter m'a donné à réfléchir plus précisément à cette notion d'accompagnement, qui vient spontanément à l'esprit pour définir son rôle.

Cette notion d'accompagnement est très répandue dans le champ des représentations et des pratiques sociales. On peut presque parler d'omniprésence dès que l'on examine un peu attentivement ses usages sociaux. Mais justement, je me demande si sa signification, en se banalisant, ne s'est pas affadie, voire déplacée :

- dans le champ musical, par exemple, accompagner a une fonction apparemment accessoire ou seconde. En fait cette fonction est essentielle dans la mesure où elle soutient le rythme et où elle ne peut exister qu'à la condition d'être en harmonie et en consonance avec l'interprète principal, qui s'expose sur le devant de la scène, au premier plan. Accompagner, c'est communément accepter de s'effacer, de se placer au second plan.

- dans le champ scolaire ou de la formation, accompagner connote des activités et une attitude de soutien de la part de l'enseignant ou du formateur. L'accompagnateur est en quelque sorte un tuteur en mouvement. Accompagner implique le dialogue. Mais un dialogue qui souvent est moins un échange de personne à personne, qu'un cheminement où l'un avance à son pas, s'assurant au mieux qu'il est suivi par celui qu'il est censé accompagner... comme par son ombre.

- dans le domaine sportif, l'accompagnement est souvent confondu avec la fonction d'entraîneur ou de coach. En ce sens, la dimension d'attention personnalisée est présente, mais elle ne réduit pas pour autant l'inégalité ou le déséquilibre entre l'entraîneur et son protégé. Combien d'entraîneurs en effet qui se conçoivent comme le seul membre du couple "coach/athlète" capable de penser (fixer des objectifs, imaginer les moyens à mettre en oeuvre, planifier, organiser, etc...).

- ne parlons pas du champ des soins médicaux où l'accompagnement oscille sans cesse entre d'une part l'écoute attentive, le tact, l'empathie et, d'autre part, la distance, l'absence d'implication, un professionnalisme qui se réduit à des actes omnibus.

- de même, dans le champ juridique ou du travail social, où les acteurs oscillent sans fin entre une épuisante attention aux personnes écrasées par un système kafkaïen et le rôle de chiens de garde d'institutions aveugles et sourdes. Souvent, en ce domaine, l'écart est à son comble entre l'accompagnateur qui connait tous les arcanes de la machine administrative et l'accompagné qui doit jouer un jeu dont il ne connait pas les règles.

- je pourrais ajouter la conduite accompagnée. Dispositif fort astucieux, qui combine la double influence de formateurs patentés, agréés, experts et de formateurs occasionnels, même pas nécessairement chevronnés. Lesquels formateurs donnent à réfléchir sur les risques pris par l'accompagnant, puisque - on n'y pense pas assez - leur rôle les oblige à s'asseoir à la place du mort.

J'observe que, dans tous les cas, l'accompagnement désigne une relation inégale. Accompagner implique "naturellement" un accompagnant et un accompagné. Eh bien, si l'on y réfléchit, cette inégalité n'est pas si évidente qu'il y parait. Quand je propose à un copain... Au fait, a-t-on assez remarqué qu'accompagner et copain ont une racine commune ? Et qu'il s'agit en fait toujours de partager son pain. Quand je propose donc à un copain de m'accompagner, soit pour casser la croûte, soit pour faire un bout de chemin ensemble, il s'agit bien de marcher d'un même pas ou de manger en commun, pas l'un après l'autre. Mais il est vrai que la pensée commune aujourd'hui a du mal à penser l'échange entre personnes différentes sans immédiatement l'assimiler à quelques inégalités.

Est-ce que je me suis éloigné, chemin faisant, de "Voce a mano" et du rôle joué par Richard Galliano ? Pas du tout. Ce petit détour réflexif me donne en effet à penser que s'il accompagne Leprest, c'est au sens où tous les deux, avec des rôles différenciés, chacun à sa manière, mais ensemble, ils construisent une oeuvre commune. Finalement, au plaisir de l'écoute, je suis assez content d'avoir ajouté le plaisir, assez intellectuel, d'avoir clarifié, en réfléchissant à la posture de Galliano, cette notion d'accompagnement, aujourd'hui tellement galvaudé.

mardi 19 janvier - jazz accordéon : quoi de neuf en 2010 ?

J'avais signalé dans mon post du mardi 5 janvier consacré à la dernière livraison de la revue "Accordéon & accordéonistes" l'excellent dossier signé Jonathan Duclos-Arkilovitch et intitulé "Jazz accordéon : quoi de neuf en 2010 ?"

Je me permets de reprendre ici ce titre pour signaler que l'on peut lire cet article sur le site de la revue :

http://mondomix.com/blogs/accordeon.php/concerts/

C'est un tour d'horizon des projets de onze accordéonistes français, que j'ai l'intention de garder à portée de main, pour les suivre à la trace en 2010, qu'il s'agisse de cds ou de concerts. Une sorte de carte et de boussole (on dirait aujourd'hui de GPS) pour s'orienter dans le monde des accordéonistes de jazz.

Deux remarques en forme de post-scriptum :

- le site de la revue, dont Philippe Krümm est le rédacteur en chef, est toujours aussi riche, intéressant, et en un mot tout à fait remarquable. Erudit et vivant ; encyclopédique et anecdotique. Indispensable pour quiconque s'intéresse à l'accordéon :

http://www.mondomix.com/blogs/accordeon.php

- d'autre part, il me semble avoir noté à deux ou trois reprises, y compris le dossier mentionné ci-dessus, la qualité des articles de J. Duclos-Arkilovith. Mais, sauf erreur de ma part, je n'ai pas retrouvé son nom parmi la liste des rédacteurs cités sous le titre "Ont participé à ce numéro", page 70 du numéro 93. Est-ce "le pigiste fantôme" ? En tout cas, c'est une bonne signature.

dimanche 17 janvier 2010

lundi 18 janvier - spécial copinage : concert de mélanie brégant & florent charpentier

Je reçois à l'instant un courriel de Sylvie Jamet, qui fait suivre l'information suivante transmise par Mélanie Brégant :

"[...] ce petit mail car je joue à Radio France le 3 février prochain, dans un programme mi-solo, mi-duo avec Florent Charpentier, clarinettiste (duo "Jeux d'Anches"). Au programme, des pièces de Dubugnon, Kussiakov, De Falla, Bloch, Franck, Semionov entre autres".

Je me rappelle le concert donné par ce même duo, auquel nous avions eu le plaisir d'assister à Toulouse (espace Croix-Baragnon, salle bleue), le 14 avril (18h30). C'est pourquoi j'ai plaisir à transmettre à mon tour cette information. En espérant que nombreux seront ceux qui auront la chance d'assister à celui-ci, le 3 février.

Ci-dessous, pour plus d'informations, le texte de l'invitation :


- Le Duo Jeux d’Anches, Florent Charpentier & Mélanie Brégant
- Jérôme Sonigo, directeur de l’agence artistique Musique au Riad
ont le plaisir d’inviter
à l’enregistrement du concert animé par Gaëlle Le Gallic
Mercredi 3 février 2010 à 19h
Maison de la Radio – studio 106 Sacha Guitry
Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles


Nous avons la possibilité de laisser votre réservation à l’entrée du studio
Confirmation par mail jsonigo@alideadsl.fr ou par téléphone au 06 87 28 36 78
Entrée libre et gratuite à partir de 18h30

Les portes du studio seront inaccessibles dès le début de l’enregistrement dans le studio 106, Sacha Guitry, Maison de Radio France 116 Avenue Président Kennedy
Metro ligne 9 Ranelagh ou ligne 6 Passy
RER C : Kennedy Radio France

dimanche 17 janvier - à propos d'un commentaire-fantôme

De retour à Pau après quelques jours passés à Toulouse, j'ai trouvé un courriel m'informant de la présence d'un commentaire déposé sur ce blog et signé, me semble-t-il, "Green". Quand j'ai voulu lire ce commentaire, il a disparu de l'écran et je n'ai pu le récupérer. Je regrette ce dysfonctionnement et je lui serais très obligé si "Green" voulait bien poster à nouveau son commentaire.

dimanche 10 janvier 2010

mardi 12 janvier - concerts 2009 : éléments pour un improbable bilan

Je n'ai nullement l'intention de dresser un bilan ordonné des concerts auxquels nous avons eu le bonheur d'assister en 2009. Je m'en suis expliqué dans mon post d'hier, lundi 11 janvier. Je me contente, pour le plaisir de la parcourir comme un catalyseur d'émotions, de dresser ici une liste sans ordre orthographique, construite au fil du relevé des noms des accordéonistes que nous avons écoutés live.



- Bruno Maurice : « Concert tango Piazzolla » à Bordeaux ; « Bagatelles » à Bordeaux ; « De part et d’autre » à Bordeaux ; « Accordéons voyageurs » à Nogaro ; « Hommage à Barbara » à Bordeaux


- Florian Demonsant : Fanfare P4 à Toulouse ; Quartet Pulcinella à Orthez ; Fanfare P4 à Pau ; Pulcinella à Pau


- Bastien Charlery de la Masselière : Fanfare P4 à Toulouse ; Fanfare P4 à Pau


- Richard Galliano. : « Concert de musique symphonique - Albeniz, Piazzolla, Galliano » à Perpignan ; « Love Day » à Montauban ; à Montauban, invité du trio Rosenberg ; avec « Acoustic Trio » à Oloron, espace Jeliote


- David Venitucci. : « Renaud Garcia-Fons Quartet » à Toulouse


- Mélanie Brégant : en duo à Toulouse


- Michel Macias : « Tchache » de Luxey


- Jean-Luc Amestoy : « Tchache » de Luxey


- Philippe de Ezcurra : « Tchache » de Luxey ; « Duo a tempo » à Trentels ; « Errobiko Festibala » à Itxassou ; à Hendaye, « Les saisons de Buenos Aires » (bandonéon)


- Christian Toucas et son « New Quartet » à Trentels


- Renato Borghetti et son « Quartet brésilien » à Trentels


- Christian Maës : « Oyun » à Trentels


- Riccardo Tesi et « Banditaliana » à Trentels


- Marc Perrone : accompagnement musical du « Journal d’une fille perdue » de Pabst à Pau


- Francis Varis avec « Titi Robin Trio » à Vic en Bigorre


- Emmanuel Ferrari avec « Les Troublamours » à Vic en Bigorre et à Viven


- Didier Laloy : « Tref » au « Festival Convivencia » à Ramonville avec W. Claeys et B. Le Tron


- Thierry Roques : « Somi de Granadas » au « festival Eoleon » à Buzet sur Tarn


- Jean Corti : « festival Eoleon », Buzet sur Tarn


- Ludovic Beier : « festival Eoleon », Buzet sur Tarn


- Tuur Florizoone : « Cinema Novo », « Jazzèbre » à Prades et à Elne


- Lionel Suarez : « Automne Club Toulouse »

lundi 11 janvier - d'un calendrier à l'autre

Samedi, nous sommes allés au Parvis acheter un calendrier 2010. Hier soir, comme tous les ans, au cours de la deuxième semaine de janvier, Françoise a décroché le calendrier de l'an passé et l'a remplacé par celui du nouvel an. Elle a en effet mis au point un système tout à fait satisfaisant et très efficace : l'accrochage du calendrier en cours sur le mur droit des w.c. C'est commode et fort lisible. A gauche, il y a le dévidoir à papier hygiénique. A gauche... j'entends pour une personne en position normale en ce lieu. Le dévidoir donc et la porte. En face, une carte du monde portant la mention "Médecins sans frontières". C'est très utile pour apprendre la géographie sans efforts. Ou presque... Je reviens au calendrier. Il se présente, très sobre, sous la forme d'une page 30 x 30 centimètres par mois. Les cases journalières permettent de noter les dates de concerts ou de sorties de disques.

Avant d'afficher le nouveau calendrier, plein de promesses, et d'archiver l'ancien, plein de souvenirs, je me suis donné le temps de parcourir 2009. Chaque note est un vrai bonheur.

- 23 janvier, au Grand Théâtre de Bordeaux, à 14h15, « Concert Tango Piazzolla ». Quintet avec, à l’accordéon, Bruno Maurice.
- 21 février, au Mandala, à Toulouse, à 21 heures. Fanfare P4. Accordéonistes : Florian Demonsant, accordéon Mengascini, et Bastien Charlery de la Masselière, accordéon Weltmeister.
- 28 février, au Théâtre municipal de Perpignan, à 20h30, Concert de musique symphonique : Albeniz, Piazzolla, Galliano. Accordéoniste, Richard Galliano. Création de « suite méditerranéenne ».
- vendredi 13 mars, rue Vergniaud, association « Eclats » à Bordeaux, 18 heures. « Bagatelles » de Ligeti et lieder de Schubert. D. Descamps, hautbois, B. Maurice, accordéon.
- dimanche 15 mars, Théâtre Francis Planté à Orthez, à 17h30, quartet Pulcinella. Accordéon : F. Demonsant.
- jeudi 26 mars, Espace Croix-Baragnon, salle bleue, Toulouse, 20h30. Renaud Garcia-Fons Quartet avec David Venitucci, accordéon.
- vendredi 27 mars, Espace Croix-Baragnon, salle bleue, Toulouse, 20h30. Renaud Garcia-Fons Quartet avec David Venitucci, accordéon
- mercredi 8 avril, Conservatoire, Bordeaux. 14h30. Bruno Maurice, « De part et d’autre ».
- mardi 14 avril, Espace Croix-Baragnon, salle bleue, Toulouse, 18h30, Mélanie Brégant, accordéon, Florent Charpentier, clarinette.
- dimanche 17 mai à 15h30, « Tchatche » de Luxey. Trio : Michel Macias, Jean-Luc Amestoy, Philippe de Ezcurra.
- jeudi 21 mai, 21h, Eglise de Ladignac (festival de Trentels). Duo a tempo, Philippe de Ezcurra, accordéon, Maïtane Sebastian, violoncelle.
- vendredi 22 mai, 20h30, Trentels, Christian Toucas et son new quartet
- vendredi 22 mai, 22h00, Trentels, Renato Borghetti et son quartet brésilien
- samedi 23 mai, 20h30, Trentels, Oyun, avec Christian Maës, accordéon diatonique
- samedi 23 mai, 22h00, Trentels, Riccardo Tesi, diatonique, et Banditaliana
- jeudi 28 mai, 20h30, médiathèque d’Este (Billère, banlieue de Pau), Marc Perrone, accompagnement du film de Pabst, « Journal d’une jeune fille perdue ».
- vendredi 12 juin, Centre multimédia de Vic en Bigorre, 20h30, Titi Robin Trio avec Francis Varis à l’accordéon. En première partie, le quartet « Les Troubl’amours » (Tarentella Gitano Guinguette) : tuba, saxophones, tambourin et, à l’accordéon, Emmanuel Ferrari.
- mardi 30 juin. Festival Convivencia, étape de Ramonville. 20 heures et 23 heures, concert du Helios Quinquis Quintet
- mardi 30 juin. Festival Convivencia, étape de Ramonville. 21h30, concert de Tref en scène sur la péniche Chèvrefeuille. Trio d’accordéons diatoniques : D. Laloy, W. Claeys, B. Le Tron, et Malempré, batterie / percussions
- lundi 6 juillet, Jazz à Montauban, 22h45, Richard Galliano, « Love Day » avec Rubalcapa, Bona et Penn
- mardi 7 juillet, Jazz à Montauban, 23h45, Galliano en invité du trio Rosenberg.
- vendredi 17 juillet, Errobiko Festibala à Itxassou, à 22 heures. Philippe de Ezcurra.
- samedi 18 juillet, Accordéons Voyageurs à Nogaro, à 21 heures. Bruno Maurice.
- mardi 28 juillet, Théâtre de verdure, Pau, 21h15, Goran Bregovic et l’orchestre des mariages et des enterrements avec son accordéoniste
- samedi 29 août, 21 heures, mercredi 2 septembre, Eglise Saint Vincent, Hendaye, « Les Saisons de Buenos Aires », bandonéon Philippe de Ezcurra
- vendredi 11 septembre, Buzet sur Tarn, festival Eoleon, "Somi de Granadas", Thierry Roques, accordéon
- vendredi 11 septembre, Jean Corti, accordéon
- samedi 12 septembre, Buzet sur Tarn, festival Eoleon, Ludovic Beier
- jeudi 1er octobre, Pau, Campus universitaire, Fanfare P4, 11h45 et 16 h, Florian Demonsant et Bastien Charlery de la Masselière, accordéons
- jeudi 1er octobre, Pau, campus "la centrifugeuse", Pulcinella avec F. Demonsant à l'accordéon
- vendredi 2 octobre, Jazzèbre, Prades, Tuur Florizoone avec Massot et Horbaczewski
- samedi 3 octobre, Jazzèbre, Elne, Tuur Florizoone
- mercredi 14 octobre, Lionel Suarez invite Eric Séva, Automne Club Toulouse
- jeudi 15 octobre, Lionel Suarez Trio invite Jean-Marie Ecay, Automne Club Toulouse
- vendredi 16 octobre, Lionel Suarez : Hommage à Gardel, Automne Club Toulouse
- samedi 21 novembre, Viven, Les Troublamours
- vendredi 4 décembre, Bordeaux, Théâtre du Pont Tournant, « Hommage à Barbara », Bruno Maurice
- samedi 5 décembre, Bordeaux, Théâtre du Pont Tournant, « Hommage à Barbara », Bruno Maurice
- mardi 8 décembre, Oloron, Espace Jeliote, Acoustic Trio, Galliano, accordéon

Chacune de ces dates, chacun de ces concerts, est présent à mon esprit par quelque image. A chaque instant, c'est comme si ces moments étaient inscrits en moi, indélébiles. Dire qu'ils font partie de ma mémoire ne me semble pas rendre compte de mon sentiment. Je dirais plutôt qu'ils sont inhérents à moi-même. C'est pourquoi il ne saurait être question d'esquisser le moindre palmarès : ils sont tous différents,uniques. Il est impossible de les hiérarchiser.

samedi 9 janvier 2010

dimanche 10 janvier - musique du jurançon

Il y a quelques jours, jeudi ou vendredi soir, FR3-Pau diffusait, comme chaque année, suivant un rituel immuable, un reportage sur les dernières vendanges dans les vignobles de Jurançon. Des ceps de vigne alignés comme des soldats en ordre de marche, les pieds enfonçés dans cinq centimètres de neige. Un paysage au sol immaculé, strié par des lignes sombres, bien parallèles. Géomètrie de la vigne. Des silhouettes sombres se glissent entre les rangs rectilignes. La cueillette manuelle consiste à choisir parmi les grappes les grains venus à surmaturité et prêts à tomber à terre sous leur charge de sucre. Grains gorgés de soleil et ridés par le gel comme s'ils étaient passés entre les mains d'une tribu de réducteurs de têtes. Grains aux couleurs de cuivre, du doré le plus tendre à des rouges profonds, quasiment noirs. Grains denses comme des raisins de Corinthe. Tellement gorgés de sucre que lorsque le viticulteur en montre un à la caméra, on voit perler une goutte de miel que le moindre mouvement ferait tomber.



Cette cueillette n'est qu'un moment, sans doute le plus spectaculaire, dans le long et fragile processus qui créera ce vin unique : le "Jurançon Vendanges tardives". Un vin qu'il ne faut pas se hâter de déguster ; un vin qui peut attendre vingt ans à l'instar des Sauternes pour délivrer tous ses arômes. Si l'on voulait emprunter à l'oenologie son approche de ce vin délicieux, on pourrait dire ceci :

- sa "robe" est jaune, jaune paille, avec des reflets dorés et des nuances de miel ; à travers la bouteille le monde s'illumine comme éclairé par un autre soleil,

- le "nez" reconnait des odeurs de fruits exotiques, exotiques et confits, au point qu'en le sentant et en le regardant on a l'impression que ce vin colle aux doigts,

- quant au goût, on peut dire que l'attaque est explosive, qu'elle remplit la "bouche" comme un fruit trop mûr qui éclate, qu'elle suffoque presque le nez par sa densité et que s'ensuit une succession, comme en escalier, de sensations, interminable jusqu'au vertige.



Si maintenant, en m'inspirant de la démarche à laquelle je faisais référence dimanche dernier en parlant d'"Esszencia", je voulais associer ce vin à un "son" -"le son du goût"- je le mettrais volontiers en correspondance avec "Fou rire" dans l'interprétation de l'album "Luz Negra".

Mais comme j'écoute cette version de "Fou rire", qui me convient bien, Françoise me dit qu'à son goût, c'est trop pétillant pour du Jurançon. "Je verrais plutôt, dit-elle, "Laurita", dans la version Acoustic trio". Dont acte. Des goûts, des couleurs et des sons, contrairement à l'adage, il est certes bon de discuter, mais à condition de cultiver ses différences. En fait, à ce point de notre discussion, il faudrait ouvrir une bouteille, goûter et écouter.

vendredi 8 janvier 2010

samedi 9 janvier - je me comprends

Il était intigué par mon goût, presque ma passion pour l'accordéon. Il restait frappé de perplexité quand je lui racontais nos voyages pour aller assister à un concert. Des heures de route pour une heure et demie de plaisir. Il n'imaginait pas que l'approche du lieu de concert, que l'attente avant d'entrer puis l'attente avant le début, que l'échange de nos impressions sur le chemin du retour, que tout cela pouvait participer du plaisir éprouvé, qui ne se réduit pas à la seule prestation des musiciens, ici et maintenant. Mais je crois que ses questions obstinément réitérées exprimaient son sentiment de se trouver devant un mystère, lui pour qui la musique se confondait avec le catalogue de Deutsche Grammophon et l'accordéon avec une boite à frissons pour des midinettes et leurs julots. Qui dit accordéon, dit guinguette, qui dit guinguette dit goguette ! Et pas question de lui parler de jazz, sauf à prendre le risque de le conforter dans sa conviction que décidément l'accordéon est inapte à produire autre chose que des sons discordants.

Je me rappelle que notre dialogue à propos de l'accordéon se déroulait chaque fois suivant une trame, on pourrait dire un scénario, identique. Si j'essaie de le reconstituer, ça donne la forme suivante :



Il me dit :"Je ne comprends pas".

Je lui explique

Il me dit qu'il ne comprend pas mon explication

Je recommence mon explication

Il ne comprend pas mon explication

Je ne comprends pas qu'il ne comprenne pas

Mais je lui explique ce qu'il ne comprend pas

Mais il ne comprend pas ce que je lui explique

Je ne comprends plus

Si j'arrivais à comprendre pourquoi je ne comprends pas qu'il ne comprenne pas ce que je lui explique

peut-être que je pourrais l'aider à comprendre

peut-être que je pourrais l'aider à m'expliquer

ce qu'il ne comprend pas

Bon ! On en est resté là. Mais, parfois, quand je me rappelle les arguments que je mobilisais pour essayer en vain de le convaincre ou plus simplement d'éclairer sa lanterne, je me demande si je comprends bien au fond les raisons de mon goût pour l'accordéon.

jeudi 7 janvier 2010

vendredi 8 janvier - comme un mirage

- Allo ! Bonjour ! J'ai lu ta page d'écriture sur le trio Mamiwatta... Ce groupe m'intrigue. Est-ce que tu as trouvé le temps et le coeur d'en écouter un peu plus ?
- Oui, oui... J'en ai écouté quelques morceaux hier soir et j'ai même fait quelques recherches sur le web.
- Leur nom me fait penser à un trio japonais... C'est ça ?
- Pas du tout. Mais, laisse-moi te raconter... Nous en avons écouté quelques titres aussi pendant notre aller-retour à Hossegor.
- Où ? A Hossegor ?
- Oui, à Hossegor. Nous devions contrôler quelques travaux et nous en avons profité pour mettre les convecteurs "hors gel". Et, bien sûr pour aller faire un tour sur la plage quasi déserte, mais toujours aussi impeccable : les engins la nettoient en effet tous les jours, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il fasse soleil, qu'il y ait ou non des gens sur le sable, avec ou sans chiens.
- Bon, d'accord. Il faisait froid ?
- Huit degrés dans la villa, huit degrés dehors.
- Une température supportable pour un jour de janvier... Mais, Mamiwatta, c'est quoi si ça n'est pas japonais ?
- Ce sont des français, tout simplement. Tu trouveras leur portrait et leur profil sur leur site myspace avec quelques morceaux en prime. Des morceaux qui te donneront une bonne idée de leur musique. Mais d'abord, nous sommes arrivés vers deux heures. Pas de restaurants ouverts, sauf une pizzeria ouverte toute l'année, qui reçoit, au déjeuner, des gens qui travaillent... Je veux dire : "pas des touristes". On a choisi une Royale et une Campagnarde. Le patron nous a apporté
une carafe d'eau et une bouteille de sauce épicée je-ne-te-dis-que-ça... aux piments forts d'Espelette. Une jolie transparence.
- Et Mamiwatta ?
- J'y viens. En fait ce nom est emprunté à une divinité honorée dans les Caraïbes et sur les côtes d'Afrique, en particulier au Gabon. C'est le nom d'une plage de Port Gentil. Cette divinité, mi-humaine mi-animale, mi-femme mi-poisson, mi-terrestre mi-aquatique, fait penser aux sirènes de l'Odyssée. Disons que c'est une sirène. Une sirène à peau blanche. Je note à ce sujet que l'album de 2007 a pour titre :"Sirènes" et que le texte de présentation fait clairement allusion à cet être mythique. On prête à cette divinité un pouvoir magique et tu peux noter que justement le premier album était intitulé "Magie Blanche". Tu notes le court-circuit ?
- Oui !
- De même, le titre 9 de l'album de 2007 est "La danse du lamentin". Comme tu le sais, c'est un animal marin qui a évoqué pendant longtemps dans l'imaginaire des marins... la figure des sirènes. Tu suis ?
- Oui ! Continue.
- Eh bien, avant de prendre la route de retour vers Pau, nous sommes allés faire un tour sur la plage. Un vent glacial. Et toujours cette fascination jusqu'au vertige devant le mouvement inépuisable des vagues. Flux et reflux, flux et reflux, encore et encore...



Flux et reflux. L'éternité ! L'océan sombre et le ciel se répondent en écho.

Quant à la musique du trio, elle a évidemment une couleur particulière du fait de la présence de l'orgue Hammond. Tu connais ce son entre vibrations et distorsions qui donne à toute phrase musicale une sorte de moelleux ou de délicatesse comme les couleurs d'une aquarelle. Le batteur lui est bien en place. Si j'osais, je dirais qu'il mène son affaire à la baguette. Et l'accordéoniste vient mettre un liant à sa façon avec la juste acidité qu'il faut pour marquer sa différence avec l'orgue. En tout cas, j'y reviens, l'orgue donne un son spécifique au trio, en quelque sorte sa signature. Signature sonore, l'orgue ; signature textuelle, les sirènes et leurs pouvoirs magiques : "la magie blanche" est donnée sous trois interprétations différentes sur les deux cds. C'est un signe, non ?
- En tout cas, ça y ressemble.
- Mais avant de quitter la plage, l'esprit occupé par l'écoute de Mamiwatta, j'ai pris deux photos de ce que j'ai pris d'abord pour un mirage. A quelques encablures de la plage, regarde bien... Qu'est-ce que tu vois ? Une sirène qui émerge des profondeurs du Golfe de Gascogne. Une sirène... Une Mami Watta ? Eh non... Comme tu le vois, elle est noire.



En observant le phénomène de plus près, qu'est-ce que je vois ? Un surfeur. Un seul, qui se laisse littéralement bercer par les rouleaux, qui disparait dans l'écume, qui apparait sur la crête d'une vague, qui disparait puis réapparait, comme un bouchon.




- J'espère qu'il avait un bon équipement...
- Ta poésie me surprendra toujours.




mercredi 6 janvier 2010

jeudi 7 janvier - le père noël fait du rab'

Le 30 décembre, j'avais commandé deux cds à la boutique en ligne "accordeon-musicstore.com", dont Thierry Descaillot assure la gestion. Impeccable gestion (clarté du catalogue, lisibilité des procédures, suivi des commandes, etc...) : j'ai pu le vérifier à travers plusieurs commandes. Bref, sur le coup d'une heure trente, cet après-midi, le claquement du volet de la boite à lettres me signifie que le facteur vient de passer et de déposer "quelque chose". Ce "quelque chose", c'est bien le colis que j'attendais. Il me suffit de regarder l'adresse de l'expéditeur pour le vérifier.

A l'intérieur, la facture, les deux cds que j'avais commandés et un exemplaire de "Djangobrasil" comme cadeau en contrepartie des 100 points que j'ai obtenus par mes commandes précédentes. Un geste fort sympathique. Les deux cds sont deux albums portant respectivement en titre "Mamiwatta / trio Jazz / Magie Blanche" et "La Mamiwatta / Sirènes".

De ces deux opus, je ne sais absolument rien, sinon qu'ils font partie du catalogue "accordeon-musicstore.com" et que cela m'avait paru suffisant pour prendre le risque de les commander. Je découvre donc que dans les deux cas il s'agit de la création d'un trio : Patrick Revelli, accordéon, Bernard Suchel, orgue et clavier, Pascal Fraioli, batterie. "Magie Blanche" a été enregistré les 6 & 7 septembre 2004 au CNR de Saint-Etienne. "Sirènes" a été enregistré le 1er décembre 2007 en conditions live, hormis deux pistes, 4 et 10, à Lyon, le 10 mars 2007. La feuille de présentation précise que Patrick Revelli joue sur accordéon Cavagnolo ; pour Bernard Suchet, on lit orgue Hammond & KeyB ; quant à Pascal Fraioli, son nom est orthographié Fraïoli, ce qui sonne plus provençal.

Mais l'heure tourne, inflexible, irréversible, et je dois aller rendre visite à mes vieux parents, à Nay, à la maison de retraite Saint-Joseph. Mon père tournera la quatre-vingt-neuvième page de sa vie dans moins d'une semaine et ma mère le suivra de près. A cet âge, il semble que la vie ne se maintienne que par miracle à force de soins attentifs et permanents. Ils disent qu'ils sont las de la vie, mais je dois dire que je ne me représente pas clairement ce qu'ils entendent par là, car maints indices me montrent qu'ils tiennent à cette vie qu'ils jugent parfois trop longue.
Avant de partir, je propose à Françoise d'explorer un peu l'un et l'autre album. "Pas question ; j'attends ton retour...".
A mon retour, nous écoutons quelques morceaux de "Sirènes", le plus récent des deux cds, puis quelques uns de "Magie Blanche". Nous sommes d'emblée frappés par l'homogénéité du trio, par l'unité du style de jazz qu'il joue, par la complémentarité de l'orgue Hammond et de l'accordéon, en quelque sorte la rencontre de deux saveurs : le sucré et l'acide. Mais décidément le coeur n'y est pas. Les retours de Nay me laissent, comment dire ?... sur le flanc, lessivé, rincé, cuit... Un mixte de tout ça, qui rend toute tentative d'écoute, et peut-être même tout effort d'attention illusoire. Mieux vaut attendre des conditions meilleures. Je sens bien en effet que ces deux albums méritent toute ma disponibilité.



mardi 5 janvier 2010

mercredi 6 janvier - à propos de mon intérêt pour esszencia

Je me suis souvent référé dans ce blog à deux notions du jugement esthétique conçues par Roland Barthes et explicitées dans son ouvrage sur la photographie :"La chambre claire - note sur la photographie", publié par Gallimard / Seuil dans la collection "Cahiers du cinéma", à savoir les notions de studium et de punctum. Ces deux notions font partie de mon outillage intellectuel de base pour comprendre le plaisir que j'éprouve à l'écoute de certains morceaux sur cd ou en concert.

Dans cet ouvrage en effet, Roland Barthes s'interroge, disons dans une perspective phénoménologique, sur l'origine de l'intérêt tout particulier qu'il éprouve à la contemplation de certaines photographies. Son analyse le conduit très vite à repèrer que le plaisir que lui donne cette contemplation résulte de la présence, de la co-présence, dit-il, de deux éléments hétérogènes, en ce sens qu'ils appartiennent à deux mondes différents. Le premier élément relève du monde de l'information. C'est ainsi que l'intérêt suscité par nombre de photographies vient de ce que celles-ci m'apportent une information sur ce qu'elles représentent. Elle m'apprennent quelque chose. Elles m'informent. En cela réside tout leur intérêt. Mais s'il n'y a que cela, mon intérêt reste moyen, sans plus d'affect que cela. Je reste un peu à l'extérieur. On pourrait parler, pour désigner ces photographies, de témoignages. Roland Barthes désigne cet intérêt par le terme de studium. Mais, parmi ces photographies, certaines, de surcroît, me touchent particulièrement. Quelque chose, en elles, ce peut être un détail, me frappe au corps et au coeur. Comme une flèche. Si j'osais prolonger la pensée de Barthes, je dirais que de ce coup, qu'il désigne par le mot de punctum, on ne se remet jamais. Cette piqure ressentie ici et maintenant est à jamais inscrite dans notre personne même. Je pense à telle photographie de Cartier-Bresson ou de Doisneau, à tel dessin de Picasso, à telle pièce de Galliano. Je préfère le mot pièce à celui de morceau, car dans mon imaginaire il connote une composition d'ensemble que je ne reconnais pas dans le terme morceau. En tout cas, quand on a senti ce choc, c'est pour la vie. Pour l'éternité quoi ! Pour le sentir, il faut, me semble-t-il que d'une certaine façon l'on se reconnaisse dans la représentation à laquelle on se confronte. Une sorte de recontre avec soi-même.

Cette analyse donc fait partie de mon équipement intellectuel et je m'y réfère chaque fois qu'en écoutant de l'accordéon, je me sens comme saisi d'émotion. "Qu'est-ce qui m'intéresse à ce point ? Qu'est-ce qui me touche de cette manière ?". Armé de ces deux questions, j'essaie souvent de remonter le cours de mon plaisir et je trouve la plupart du temps que ce cheminement m'ouvre des horizons explicatifs assez éclairants.

C'est ainsi que j'ai procédé après avoir écouté plusieurs fois "Esszencia" sans qu'à aucun moment mon intérêt et mon plaisir ne faiblissent. Intérêt pour le livret explicatif et descriptif concernant les vins sélectionnés, intérêt pour le schéma d'aide à l'écoute, intérêt pour la mise en correspondance des vins et des sons, etc... Toutes informations qui contribuent à construire le plaisir de l'écoute, mais qui en tant que telles ne sauraient suffire à fabriquer une oeuvre artistique. A ce moment du parcours esthétique auquel on est convié, on est encore dans un monde conceptuel. Disons intellectuel. Mais là où l'on change de monde pour accèder au plan artistique (du point de vue de la création) ou esthétique (du point de vue de la contemplation), c'est en étant saisi par les surprises de la composition ou des improvisations, par une impression paradoxale de surprise et d'évidence : on ne s'attendait pas à écouter ça, mais pourtant, c'est évident, c'est comme ça que ça devait être. En termes d'analyse donc, studium et punctum.

Mais, en l'occurrence, mon analyse m'a conduit un peu plus loin, en tout cas plus loin que je ne l'avais imaginé. En lisant les notes de présentation d'"Esszencia", j'ai compris que j'avais affaire à un projet au sens le plus complet du terme : une idée (intention, visée), et des moyens (plans, ressources) mobilisés pour la réaliser effectivement. Cette prise de conscience est pour moi d'une grande importance, car je dispose dorénavant de trois notions et pas seulement des deux empruntées à Barthes pour essayer de comprendre d'où procède le plaisir que je peux éprouver. Je comprends bien en effet que cette reconnaissance d'un projet est une composante fondamentale de ce plaisir. Je pense par exemple à tel ou tel album de Galliano ou de Mille, je pense à tel concert comme "Mare Nostrum" à Gaveau ou "Luz Negra" ou encore "Love Day"... Je pense à telles expositions de peinture comme, dernièrement, celle de François Dilasser à Bordeaux... Je pense à des expositions de photographies de Cartier-Bresson, de Sander, de Riboud ou encore de Diane Arbus... A contrario, mais je ne citerai pas de cas, je trouve que lorsqu'on a le sentiment par exemple d'avoir affaire à un album fait de pièces et de morceaux disparates ou à une exposition sans fil directeur, eh bien ça gâte le plaisir.

En conclusion, je suis bien content d'avoir ainsi, par l'intermédiaire d'"Esszencia", complété et approndi mon petit équipement critique et analytique, qui se compose maintenant de trois notions : studium, punctum et projet.

lundi 4 janvier 2010

mardi 5 janvier - accordéon & accordéonistes est arrivé-é-é

Je suis un fidèle lecteur de la revue "Accordéon & accordéonistes" depuis le numéro 42, mai 2005. 5,50 euros. J'ai toujours eu le plus grand plaisir à aller l'acheter, au début de chaque mois, au point "presse" de l'hypermarché où j'ai mes habitudes et mes repères. En ce début de janvier 2010, j'ai donc acheté le numéro 93. 7 euros. Sans doute pour la dernière fois, car suivant une demande insistante de la rédaction depuis plusieurs numéros, je viens de poster ma demande d'abonnement. Je crois que c'est un geste de soutien nécessaire à ceux qui oeuvrent pour sortir cette revue indispensable. De toute façon, je n'ai jamais rencontré un amateur d'accordéon au point "presse", qui reçoit d'après mes observations environ cinq ou six exemplaires chaque mois et qui en vend quatre ou cinq.

De ce numéro 93, je retiens une dizaine de points qui, à des titres divers, m'ont intéressé :

- page 7. "Echos". Compte-rendu du festival "Jazz'n'klezmer". Texte et photographies de Françoise Jallot. Comme toujours, vivant et enthousiaste. On saisit bien l'esprit des concerts.
- pages 30-33. "Entretien". Elzière, Colin & Cravic à la conquête du Japon. Propos recueillis par Philippe Krümm. Assurance sérieux et information puisée à la source en toute amitié... de longue date. Après "Paris-Moscou", "Paris-Tokyo" ?
- pages 34-36. Excellent dossier signé Jonathan Duclos-Arkilovitch :"Jazz Accordéon : quoi de neuf en 2010 ?". Un bon article pour connaitre l'actualité et suivre les projets d'une dizaine d'accordéonistes qui justement valent la peine d'être suivis. Utile comme un bon GPS. Didier Ithursarry, Daniel Colin, Ludovic Beier, René Sopa, Marcel Loeffler, Daniel Mille, Lionel Suarez, Francis Jauvain, David Venitucci, Vincent Peirani et Marc Berthoumieux. Pour ma part, je pense que Jacques Pellarin, un accordéoniste que j'apprécie beaucoup et qui construit pièce après pièce une oeuvre cohérente et estimable, je pense que Jacques Pellarin donc aurait eu sa place dans ce catalogue. Une suggestion peut-être à la rédaction de la revue : consacrer une "tête d'affiche" à cet accordéoniste, dont le parcours de Baïkal Duo à "Sound of Philadelphia" en passant par "Sous d'autres jazzitudes" ou "Champlong" ne manque ni d'intérêt, ni de talent.
- pages 37-39, "Entretiens" de Françoise Jallot avec Patrick Neulat, accordéoniste de "Syrano" ; avec le leader du groupe ; enfin avec Abd Al Malik qui slame accompagné par Marcel Azzolla ou par Jean-Louis Matinier.
- pages 42-44, "Entretien" de Philippe Krümm et Sandrine Toutard avec Raul Barboza à l'occasion de son dernier opus "Invierno en Paris". Très intéressant du point de vue informatif (composition de cet album ; circonstances et inspiration) d'une part et d'autre part du point psychologique (histoire personnelle de Barboza, choix musicaux, etc...).
- pages 45-51, divers "Entretiens" conduits par Françoise Jallot auprès d'Olivier Olivero, accordéoniste de "Rageous Gratoons", auprès d'Isabel Douglass, accordéoniste de "Rupa & The April Fishes", auprès de Takashi Kamide, accordéoniste du Soleil Levant et enfin de Mélanie Brégant, qui semble bien engagée sur la voie d'une carrière exceptionnelle.

Une remarque pour terminer ce survol : pages 66-68, trois pages de "Chroniques", soit douze colonnes. Trois colonnes sont consacrées à un disque de Marie-France, "Visite Bardot". Sept à des cds relevant de la catégorie "musette". Deux à deux dvds et à un livre. Et donc - le calcul est vite fait - zéro colonne pour le jazz, le classique ou la world music. Est-ce un choix éditorial ou une absence conjoncturelle ?

dimanche 3 janvier 2010

lundi 4 janvier - à propos d'esszencia

J'ai dit hier toutes les qualités que j'avais trouvées à "Esszencia", en particulier celle qui le caractérise comme un objet culturel complexe et pas seulement comme une oeuvre musicale, même si cette qualité est sa caractéristique principale. Je voudrais revenir maintenant sur une idée, qui m'intéresse beaucoup, quant à l'écoute et à la composition propre à cet opus. Sept morceaux composent la "suite pour le vin", consacrée au plaisir de la dégustation et à la mise en correspondance entre ceux-ci et cinq crus. Cette suite comprend en effet une ouverture en forme de chanson à boire, puis quatre morceaux correspondant à quatre vins et enfin deux morceaux correspondant au dernier cru.

Considérons, par exemple, le texte de présentation de "Saumur - Cuvée Trésor", Bouvet-Ladubay, pièce pour accordéon solo, composée par Bruno Maurice. Je cite :"Deux idées maîtresses ont guidé l'écriture de cette pièce pour accordéon seul : d'une part la légèreté et la finesse des bulles, d'autre part la plénitude en bouche. Après une courte introduction présentant le vin encore en bouteille dans sa couleur brillante (arpèges majeurs dans le médium) et dans son pétillement délicat jusqu'au saut du bouchon, Bruno Maurice utilise les techniques contemporaines de l'accordéon (jeu de soufflet, écho entre les deux claviers) et l'écriture en phrases ascendantes pur construire, autour d'un fil conducteur constamment varié (bulles puis mousse) une pièce dans laquelle la partie centrale, calme, grave et prégnante, évoque la richesse, la plénitude et la puissance des arômes".

En fait, quelle que soit l'intention du compositeur et les images qu'il mobilise pour donner l'équivalent sonore du complexe de sensations que le vin a pu susciter chez lui, il me parait évident qu'il ne s'agit pas pour lui de donner par les sons une image du seul vin. Ce que traduisent les sons, ce ne sont pas des objets ou des phénomènes définis, mais les sensations qu'ils provoquent. Or, ces sensations peuvent résulter de la rencontre avec d'autres objets. Du coup, que l'on connaisse ou non le titre d'une oeuvre, on a tout loisir en tant qu'auditeur d'évoquer à son tour tel ou tel phénomène ou objet perçu par sa propre expérience, si bien que le plaisir de l'écoute est, me semble-t-il, moins lié à l'évocation de réalités particulières qu'à leurs qualités. Qualités qui peuvent correspondre à toute une série de réalités comparables par leur structure. Comme si l'écoute d'un morceau, loin de se réduire aux seules images évoquées par l'auteur, nous donnait l'occasion d'évocations multiples, potentiellement l'évocation de tous les éléments d'un axe paradigmatique a priori indéfini.

C'est en ce sens, pour essayer de rendre compte de cette expérience, que dans d'autres textes j'avais osé l'expression paradoxale d'abstraction concrète. Abstraction, car l'écoute ne nous impose pas telle évocation ou telle image, à l'exclusion de toute autre ; concrète, car il s'agit bien de sensations, d'une expérience immédiatement sensible, même si son objet est indéfini. Du coup, on comprend bien comment toute écoute d'une oeuvre musicale est le résultat d'une collaboration, voire d'une coopération, entre un compositeur, un interprète et un écoutant (participe présent exprimant, par définition, l'action).

C'est pour cela aussi que j'ai plaisir à lire et à écouter "Esszencia"...

dimanche 3 janvier - esszencia

- Allo ! Bonjour ! Tu as un peu de temps ? Je viens de découvrir un disque, "Esszencia", une oeuvre magnifique à bien des égards. J'aimerais t'en parler et te donner envie de venir l'écouter. Si tu es d'accord, je mettrai en carafe un petit Jurançon, que je veux te faire goûter absolument. Ne viens pas à l'improviste. Je veux absolument te faire déguster mes deux découvertes en même temps. Tu vas comprendre pourquoi... Tu m'écoutes ?
- Je suis tout ouïe. J'ai tout mon temps.
- Comme tu le sais, je visite régulièrement le site de Bruno Maurice, pas aussi fréquemment que Françoise, mais au moins une fois par semaine. Il y a quelques jours, à côté d'autres informations, j'ai découvert avec plaisir qu'il avait mis en accueil l'une des photos que j'avais prises au concert Barbara - comme par hasard, il débouche une bouteille - et avec surprise, dans sa discographie, un album qui m'était inconnu :"Esszencia". Sous la photographie de couverture, la mention "indisponible actuellement". Bref... je t'épargne le récit de mes recherches. Au bout du compte, j'ai pris contact avec Jean-Pierre Chalet, qui me semblait être l'un des organisateurs de cette réalisation. Je te montrerai notre échange de courriels. Quelqu'un de sympathique, chaleureux et d'évidence passionné.

http://web.mac.com/jpchalet/Site_officiel/Accueil.html

Re-bref ! Il lui reste quelques exemplaires et il me propose de m'en envoyer un pour environ 9 euros plus les frais de port. En attendant, il m'envoie le lien pour aller sur son site et télécharger directement une sélection de ses oeuvres. Il est pianiste, compositeur et musicologue. Je te donnerai ce lien.

http://perso.numericable.com/jean.pierre.chalet/Le_CD_du_site.html

Re-re-bref ! Samedi, vers 13 heures, un claquement qui m'est familier. Le volet de la boite à lettres. Je n'osais espérer recevoir si vite cet envoi.
Rituel. Je pose l'enveloppe devant moi. Je la regarde. Je note l'adresse de la poste d'envoi, l'heure, etc... Surtout, j'imagine le contenu.

En fait, ce que je trouve à l'intérieur est plus complet que ce que j'attendais. Le cd bien sûr, de très belle facture tant du point de vue graphique que plastique, avec de belles couleurs, mais aussi un courrier fort cordial. Je lis :"C'est avec plaisir que je vous fais parvenir le cd "Esszencia" que vous m'avez demandé, auquel je joins la version courte "Le Son du Goût" réalisée pour être suspendue aux bouteilles de vins illustrés par la musique. Vous trouverez dans celle-ci toutes les analyses des crus choisis qinsi qu'un petit schéma d'écoute permettant de mieux comprendre et percevoir l'écriture de chaque pièce".
-
Je comprends ton enthousiasme. C'est une idée qui ne pouvait que te plaire.

- Tu imagines ça... Comme il y a des étiquettes conçues et réalisées par des artistes dessinateurs ou peintres, étiquettes qui participent au plaisir de la dégustation, on a des créations musicales destinées à "consonner", si tu m'autorises l'expression, avec des vins sélectionnés. Un rêve d'esthète !

- Je rêve !

- Sur la photographie ci-dessous, tu peux voir [il faut imaginer ici que mon interlocuteur dispose d'un vidéotéléphone] d'une part l'emboitage-carton et le boitier du cd, d'autre part "Le Son du Goût", le mini-disque, avec en dépliant la description de chacun des vins sélectionnés et un schéma d'écoute correspondant.

En fait, le projet fondateur de ce bel "objet" est de créer une correspondance entre la culture du vin ou, si l'on veut, une approche oenologique et la musique en tant que mise en forme de sons. Une association entre la vue, l'odorat, le toucher, le goût et l'ouïe. Je note à ce propos que Bruno, au cours des deux concerts Barbara, a toujours débouché ses bouteilles à l'instant "t", en musicien.
Je cite deux passages du mini-guide :"Chaque morceau est représenté par un schéma d'écoute afin de faciliter la compréhension du rapport musique et vin. La répartition des instruments, toujours identique, est... la suivante : clarinette, basson, accordéon, guitare, piano (sauf dans "Saumur" pour accordéon solo)". Entre parenthèses, nous avions déjà eu le plaisir d'entendre Bruno l'interpréter à trois reprises, la dernière fois cet été à Nogaro. Je continue :"La musique de ce disque n'est pas une musique purement descriptive. Elle n'a donc pas été conçue pour que s'établisse à chaque note une correspondance exacte avec un arôme. Liée très précisément aux vins sans lesquels elle n'aurait pu exister sous cette forme, elle s'attache elle aussi aux qualités de richesse, d'élégance et d'équilibre".



Sur cette dernière photographie, tu peux voir les cinq musiciens de la formation CDL+, à savoir Jean-Pierre Chalet, piano, Jean-Jacques Decreux, basson, Claude Louarn, guitare, Frédéric Louis, clarinette, Bruno Maurice, accordéon. La notice ajoute la participation de François Gillardot, clarinette. Le disque a été enregistré les 28-29-30 décembre 1997, Salle de l'Institut, à Orléans. C'est une production "Charlotte Productions", distribution Night and Day.



Bon, maintenant, il s'agit que tu viennes écouter tous ces beaux morceaux. Au total, grosso modo, 75 à 80 minutes de bonheur. C'est une musique très élaborée, très pensée, y compris les moments d'improvisation. Très contemporain et, en tout cas, de toute évidence, la création de musiciens "cultivés", je veux dire par là qui s'inscrivent dans une culture qu'ils connaissent et qu'ils maitrisent, et qui la respectent tellement qu'ils prennent le risque de la continuer. Une musique vivante donc. Tu sais quelles sont mes réticences à l'égard de l'art conceptuel, eh bien, en l'occurrence, je dirais volontiers que c'est une musique fondée sur un concept très clair (clair et distinct dirait Descartes), la correspondance entre les sensations du vin et les sensations sonores, la correspondance entre ces deux dispositifs générateurs de plaisirs, mais qui loin de s'y réduire lui donne une âme en le réalisant. J'ajoute qu'on perçoit aussi à cette écoute en quoi peut consister un travail de création artistique. Ce n'est pas rien.
- Tu me mets l'eau à la bouche...
- Quoi ?
- C'est une façon de parler. Tu peux déboucher ton Jurançon.
- Un dernier mot. "L'Esszencia, la quintessence du Tokaj, vin hongrois préféré de W.A. Mozart est le jus de goutte qui s'écoule naturellement par gravité, sans aucun pressage...". Etc... Quand tu viendras, je te ferai lire la suite et, bien sûr, le livret du cd et le mini-guide du mini-cd. En attendant, il me reste du foie mi-cuit, je prépare des canapés...