vendredi 27 février 2009

samedi 28 février - à suivre

Hier, en fin d'après-midi, j'ai pu enfin récupérer au Parvis, l'espace culturel de l'hypermarché Leclerc à Pau, un disque que j'avais commandé depuis je ne sais quand... En tout cas, bien avant les fêtes :

- "Duo Pennec Bertrand / Réunions de chantier", 2008, Cinq planètes, L'Autre distribution.

En revanche, toujours pas de "King Size" de Tricycle, que Patrick E. m'a fait connaitre, ce qui suffit à me l'avoir fait commander de confiance. Du coup, je m'en remets à Alapage. Le délai sera-t-il moins long ? Attendons. Et justement, pour attendre, je me suis rendu compte que l'on pouvait écouter les onze morceaux de cet album, et donc en faire une playlist personnelle, sur Deezer. Evidemment la qualité du son n'est pas optimale, mais c'est déjà bien.

Quant au disque du duo - deux diatoniques - nous l'avons écouté déjà à trois reprises et j'ai le sentiment que les compositions et les interprétations sont beaucoup plus complexes qu'il n'y parait de prime abord. En fait, c'est comme si chaque nouvelle écoute dévoilait une profondeur nouvelle. Un disque en forme d'oignon... Une musique qui ne se révèle pas à la première rencontre. C'est pourquoi je me donne le temps de m'en imprégner avant d'essayer de transcrire mes impressions par écrit.

Même si les deux disques - le duo et "king size" - n'appartiennent pas au même style, ni au même monde de l'accordéon, ils me semblent avoir en commun cette qualité de susciter l'envie d'une écoute réitérée et approfondie pour en saisir la complexité.

Un dernier mot enfin : dois-je l'avouer, je trouve à la réflexion le concept de disque en forme d'oignon assez pertinent ? Un concept antinomique de celui de "l'accordéon en dents blanches", tout en paillettes de surface.

mercredi 25 février 2009

vendredi 27 février - autre spécial copinage

Le numéro 82, janvier 2009, de la revue "Accordéon & accordéonistes" annonçait dans son "Edito" l'apparition en mars d'un "beau site internet : www.accordeoniste.com
En activant ce lien, je suis tombé sur les blogs Mondomix et en particulier sur le blog de Philippe Krümm, intitulé "accordéon & accordéonistes", qui bien entendu mérite une visite.

http://www.mondomix.com/blogs/%20accordeon.php

Et puis, en tapant sur Google "accordeon accordeonistes", je suis tombé sur le site de la revue qui propose pour l'instant l'édito et le sommaire d' "Accordéon & accordéonistes", n° 83, février 2009, ainsi que le fac-similé d'un bulletin d'abonnement.

http://www.editions-stan.com/img/pub/magazine/accordeon.htm

A cette heure donc, mon cher Watson, je crois comprendre que l'adresse donnée dans l'édito de janvier fait lien avec le blog personnel de Philippe Krümm, tandis que l'adresse ci-dessus correspondra(it) au site de la revue. Blog ici, site internet là... Affaire à suivre, mon cher Watson.

vendredi 27 février - spécial copinage

Après avoir publié des fiches sur l'apprentissage du langage (de l'oral et de l'écrit) à la maternelle, puis sur l'apprentissage de la grammaire au cycle 3, Françoise a mis en oeuvre son projet de rêveries informelles, à la manière de Rousseau, sur l'école, la musique, la littérature. On peut penser que je suis de parti pris, mais je trouve ce qu'elle écrit vachement bien. Pour s'en convaincre, il suffit d'aller faire un tour à l'adresse ci-dessous :

"Aimez-vous Galliano ? ou les rêveries d'une divagatrice es pédagogie"

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2009/02/les-reveries-dune-ecoliere-divagatrice.html

jeudi 26 février - solo in finland



J'ai dit hier avec quelle surprise et quel plaisir j'avais trouvé dans ma boite à lettres un envoi de Patrick E. contenant, entre autres choses, un exemplaire du "Solo in Finland" de Richard Galliano. Enregistrement live de 1989, édité en 1992. Un disque devenu introuvable ou presque. La preuve.




Dans ce courrier, une affichette de Tricycle, dont je n'arrive pas à me procurer le disque "King Size". Décidément, Pau est au bout du monde ! Pourtant, il me tarde d'écouter ce trio dont Patrick m'a dit le plus grand bien. Bien sûr, myspace m'en a donné une idée, mais la qualité sonore me donne envie de l'écouter dans de meilleures conditions.

Dans ce même courrier, une carte postale :"Félicien Jacques (1866-1919), L'accordéoniste, huile sur toile, 59x47 cm., coll. Musée Gaumais, Virton". Son regard me touche : il est dans son monde. Je pense à des toiles de Renoir, dont les personnages ont ce même regard plein d'intériorité.

Mais encore, cette revue belge, dont j'ai parlé dans une précédente chronique. Patrick dit que la couverture le laisse perplexe. Moi aussi, d'autant plus que je n'ai trouvé ni référence, ni explications relatives à cette photographie. A l'instant, je m'avise - effet du hasard objectif - qu'il s'agit d'une réunion de séminaristes. On peut penser que cette photographie a été prise dans un séminaire. Or, justement...

... "Solo in Finland" a été enregistré à l'occasion d'un séminaire d'accordéonistes en Finlande. Je suis frappé en l'écoutant, alors même que la qualité de l'enregistrement n'est pas exceptionnelle, par la justesse de cette idée de la philosophie esthétique, à savoir qu'une oeuvre d'art se manifeste d'abord par un sentiment de "nécessité arbitraire". Sous son apparence paradoxale, puisqu'on oppose logiquement les notions de nécessité et d'arbitraire, je trouve cette idée d'une grande justesse et d'une pertinence profonde. Une oeuvre d'art en effet est par définition arbitraire. Rien ne permet de déduire son existence des conditions de son apparition, rien ne permet de la réduire à un ensemble de causes déterminant cette existence. Elle est là. C'est tout. On ne peut que constater sa présence quand on la perçoit. Oui, mais justement, dès lors qu'on la perçoit comme oeuvre d'art, on en perçoit la nécessité. Elle est là ; elle ne peut être autre que ce qu'elle est. On n'image même pas qu'elle ait pu ne pas exister. Nécessité arbitraire. Eh bien ce sentiment, c'est très exactement ce que j'éprouve en écoutant ce concert de Richard Galliano.
Au disque est joint un texte signé Lars Holm qui exprime bien l'impression que ce concert a produit sur les auditeurs. Il est question d'événement tout à fait spécial, il est question d'un moment qui a mis fin à toutes les discussions théoriques des participants sur la possibilité ou non de jouer du jazz à l'accordéon, etc... J'imagine que la prestation de Richard Galliano a dû les saisir comme une manifestation de cette "nécessité arbitraire". Ce concert aurait pu ne pas avoir lieu, mais à l'instant même où il a lieu, il est irréfutable dans son évidence.
Car, c'est bien d'évidence qu'il s'agit.
Mais, en relisant le texte auquel je viens de faire allusion, je note encore ceci : "Nous avons maintenant oublié les conversations du déjeuner (... on ne peut sûrement pas jouer du jazz à l'accordéon sans la basse ou la batterie), mais nous pouvons alors jouir d'un concert que nous souhaiterions éternel". Or, dans le texte d'intention de son cd "Sound of Philadelphia", Jacques Pellarin écrit : " Renouer avec mon Bayan (accordéon classique) tout en créant un dialogue World - Jazz avec le saxophone et les percussions a enrichi ma conception de l'accordéon et de ma création. en effet, les basses très graves du clavier main gauche du Bayan, sa profonde sonorité et ses multiples timbres permettent un univers en trio qui peut remplacer l'intervention d'un bassiste". Il y a, comme ça, des rencontres qui se produisent et qui ne doivent rien au hasard.



jeudi 26 février - photonotes fanfare p4 au mandala

Quelle tâche difficile de choisir quelques photographies, une quinzaine, pour évoquer le concert de la fanfare p4 au Mandala ! Même si j'ai supprimé plusieurs de celles-ci en raison de leur médiocre qualité technique ou même de leurs défauts, je suis un peu surpris d'avoir à choisir parmi plus de quatre-vingts. Bon ! Commençons par le début...

19:10. Nous arrivons devant la façade du "Capelou". On remarque les "vélibs" alignés devant. C'est commode et ce bar à tapas, je peux en témoigner, est une bonne adresse. De surcroît, l'accueil est sympathique et le service rapide.
19h13. La première assiette arrive. Chacha entame aussitôt sa première brochette de poulet. Les tomates confites sont délicieuses, de même que les aubergines.

20h05. En arrivant devant la porte du Mandala, je découvre ce double message : 21 h au bas de l'affiche du concert de ce soir et, plus haut, sous la mention "Ce soir", ouverture des portes à 21h. Me voilà bon pour prendre place en tête de file et attendre presqu'une heure. Françoise et Charlotte se réfugient dans la voiture.


22h03. On a à peine le temps de prendre la mesure de la situation sonore que la danseuse nous entraine dans une sorte de mouvement digne des derviches tourneurs. Les musiciens l'entourent avec des regards attentifs et bienveillants ; elle palpite comme s'il s'agissait du coeur ou des poumons de la fanfare. En tout cas, en cet instant, quelque chose de vital a lieu.


22h04. La magie du manège continue. L'espace exigu a éclaté et s'est dispersé donnant naissance à un espace imaginaire quelque part situé dans l'est de la Méditerranée.



22h16. Copains comme cochons, les deux accordéonistes, qui se retrouveront à maintes reprises associés et complices pour entrainer la bande en apparence déjantée, mais en fait diablement organisée. J'ai bien aimé, à plusieurs reprises, les échanges de regards des uns et des autres. Si je puis dire, on le voit bien, ils se comprennent à demi-regard.




22h35. Accordéons et guitare. Le guitariste chante en grec (du moins me semble-t-il) et c'est émouvant. J'imagine qu'il s'agit d'une chanson de marin, romantique et nostalgique.



23h00. Au cours de la pause, comme nous nous asseyons avec Charlotte sur le bord de la scène, j'aperçois le programme sous l'accordéon de Bastien, un Weltmeister gorgé à ras la gueule de vitamines balkaniques.


23h35. La danseuse est revenue. Je ne peux m'empêcher d'admirer sa performance, même si c'est d'abord sa puissance expressive qui est l'essentiel. Mais nous sommes si près que sa puissance physique me saute aux yeux. Charlotte est subjuguée et se rêve déjà dans le même rôle.

23h41. J'aime bien cette photographie du clarinettiste - un célibataire aux yeux bleus - car elle montre comment au fur et à mesure du concert nous sommes cernés par les spectateurs comme aimantés par la musique. Encore un peu et certains sont sur le point d'investir le bord de la scène.

23h43. La troupe tombe en déliquescence comme liquéfiée sur le sol de la scène. Charlotte adore ce moment. Mais ce n'est qu'une illusion de magma dévitalisé... A peine couchés, ils renaissent tel le phénix. La fanfare p4 ne se rend pas et ne meurt pas. Il ne s'agissait que d'une ruse militaire pour tromper l'ennemi trop crédule.

23h45. Les deux accordéons encadrent de leur bienveillance une sorte d'automate frappant sur son tambour. Courage petit soldat !

23h56. Autre photographie que j'aime bien. Il m'est de plus en plus difficile de faire des photographies. Un rideau se tisse devant nous. Quel meilleur critère du succès du concert ? D'autant plus que le rideau en question bouge évidemment en tous sens.


Déjà nous avons franchi la ligne : c'est dimanche. Charlotte est épuisée. "Tu as sommeil, Chacha ? Tu veux que l'on s'en aille ? Tu ne regretteras pas de ne pas écouter la troisième partie ?". "Non, dit-elle". Juste le temps de dire au revoir à Florian. Grosse bise à Charlotte et en cadeau le cd quatre titres de la fanfare. Evidemment, le retour à la maison se fait en écoutant le disque. Chacha est bientôt dans ses rêves. En arrivant à la maison, Nadja et Sébastien demandent à Charlotte, qui vient de se réveiller, ses premières impressions. Elle murmure :"Il est beau Florian !". "Et Bastien ?". "Il est mignon !". Mais déjà le sommeil...
















jeudi 26 février - sound of philadelphia

D'abord le rituel. Sur l'enveloppe, en haut à droite, Saint Genix sur Guiers. Trop facile ! Le dernier opus de Jacques Pellarin. Il m'avait annoncé cet envoi, mais je ne l'espérais pas si tôt.

A l'intérieur, un mot personnel et le nouveau-né bien protégé des intempéries. On est loin de l'objet acheté anonymement à la grande distribution.

Je suis frappé, à la lecture de la page de présentation, par deux indications. D'abord, celle-ci : "Jacques Pellarin, Bayan (classical accordion)" ; ensuite, celle-là : "A travers mes compositions, j'invite le public à découvrir un accordéon caméléon, hors des clichés musette, qui passe par des styles très éclectiques comme...". J'ai déjà évoqué cette réflexion, mais j'y reviens, je vois une forte analogie entre la mention du bayan et la notion d'éclectisme des styles des compositions de ce disque. Mon sentiment, ma grille de lecture, si j'ose dire, c'est qu'il s'agit d'une oeuvre qui dépasse, au sens dialectique, des contradictions ou plus exactement ce que l'on tient habituellement pour des contradictions. Dans l'opinion commune, le bayan, c'est pour l'interprétation de concerts classiques ; de même, le tango ou la valse, le jazz ou les airs d'inspiration espagnole, il faut choisir. Et bien justement, cet opus démontre en acte que ces contradictions, que ces exclusions, ne sont qu'apparentes et que leur dépassement est possible. La preuve... il suffit d'écouter sans a priori.

Enfin, la couverture montre un trio en route. Je trouve cette image tout à fait symbolique : côte à côte, ils avancent d'un pas tranquille, mais déterminé. Quand on retourne le boitier, on voit que le chemin serpente un peu, sinue sans perdre sa direction. Ils ne sont pas au bout du chemin.



Bien entendu, l'écriture de cette chronique est accompagnée par l'écoute des douze titres de l'album. Je vérifie ainsi mon interprétation du "dépassement"... dont je fais en quelque sorte l'expérience physique à travers l'extraordinaire unité d'inspiration que je perçois de morceau en morceau.
Je n'ai certes pas le goût des classements ou des palmarès, mais d'habitude, lorsque je découvre un disque, tel ou tel morceau suscite ma préférence. Ici, rien de tel - ce doit être ma tendance obsessionnelle -, c'est l'unité de la diversité qui me frappe. Autre chose encore : le son du trio. Une couleur spécifique. Impossible de s'y tromper.

mardi 24 février 2009

mercredi 25 février - titi, florian, jacques, patrick et les autres...

- Alors… ce week-end à Toulouse, ça s’est bien passé ?
- Eh bien, en fait, disons que c’est plutôt contrasté ou, si tu veux, contradictoire…
- Raconte !
- Bon ! Je vais essayer de m’en tenir à la chronologie, car il s’est passé beaucoup de choses, plein d’impressions souvent intenses ; mais, d’abord, les faits. Si possible dans l’ordre ; je reviendrai plus tard sur chaque moment en détail et en images.
- En images… donc sur ton blog dans les jours à venir.
- Exactement ! Vendredi soir donc, après avoir rendu visite à ma mère puis à mon père – ça c’est la couleur crève-cœur du week-end. 88 et 89 ans. Sans commentaires – nous sommes allés faire un tour à la Fnac de Pau. Je n’attends plus rien de la Fnac en ce qui concerne la distribution de cds, mais vu l’état de mon moral, ce projet avait l’avantage de me changer les idées. Les rayons de disques sont sinistrés, les vendeurs semblent avoir affaire à des ordinateurs fort peu coopératifs pour passer commande et les appareils d’écoute affichent avec constance : « cd indisponible». Tout porte à croire qu’il s’agit d’une stratégie d’entreprise. Dans ces conditions, il faut être d’un optimisme sans failles pour imaginer que l’on va malgré tout trouver un disque digne d’attention et d’intérêt. Au bout d’un temps assez long donc, classé parmi des disques de flamenco, mes yeux incrédules voient :

« Titi Robin / Anita ! », 2006 Naïve, 2006 Madoro Music. Dix titres enregistrés sur scène en septembre 2005 à la salle la Comète (Châlons en Champagne) en trio, quartet et quintet. A l’accordéon, Francis Varis. Comme souvent, je le trouve trop peu présent à mon goût, mais quand il intervient, c’est toujours un bonheur. Un toucher tout en netteté et en douceur. Une suavité faussement indolente. Je pense en l’écoutant à sa prestation sur un disque des Rumberos Catalans, « la Vida ! ».

- Samedi matin, Pau – Toulouse. Arrivée à l’heure du déjeuner. A peine à table, appel téléphonique du médecin appelé en urgence par mon père. Il est au bout de ses compétences. Il prescrit des calmants, que des voisins iront chercher à la pharmacie la plus proche. Nous pouvons rester à Toulouse. L’après-midi est consacré à l’achat de fringues pour Charlotte et Camille aux « Nouvelles Galeries ». Un étage entier de fringues d’enfants et d’adolescents. Les deux filles parcourent les rayons en tous sens et choisissent elles-mêmes suivant leur goût. Le soir, concert au Mandala : Fanfare P4. Les affiches annoncent 21 heures. Nous mangeons chez Capelou, un bar à tapas, bar à vins, juste en face du Mandala. Charlotte est avec nous, curieuse de voir et d’entendre cette fanfare dont nous lui avons dit monts et merveilles. A 20 heures, nous voilà devant la salle de concert. Personne ! En regardant de plus près l’affiche, je lis bien 21 heures, mais au-dessus, un papier collé précise « les jours de concert, ouverture des portes à 21 heures ». Bref, je résume : une heure d’attente jusqu’à 21 heures, pendant laquelle les gens arrivent peu à peu, puis attente jusqu’à 21h45, début du concert. On pourrait croire que c’est long, mais non, car on a ainsi le temps de discuter, de faire connaissance et de siroter un verre de blanc doux. En nous installant dans la salle, j’ai pris sur moi de tirer une table et trois chaises juste au bord de la scène… On était super bien placé !
- T’es gonflé tout de même !
- C’est exactement ce que m’a dit Chacha. Je lui ai dit : « Tu as honte de ton Papou ? ». Elle m’a dit : « Non, mais t’es gonflé quand même ». Je lui ai dit : « Chacha, tu vois, ça, c’est le privilège de l’âge. J’ai toujours rêvé de devenir un petit vieux indigne. Je m’entraîne ». Le concert a donc démarré à 22 heures. Première partie, pause, deuxième partie, pause : il est 23h30… Nous avons dû partir à ce moment-là, car Chacha tombait de sommeil. « Je ne m’entends même plus parler, dit-elle ». « Tu es fatiguée ? ». « Oui ! ». A la première pause, nous avons échangé quelques mots avec Florian Demonsant, l’un des deux accordéonistes, qui a fait la bise à Chacha. Emotion ! A la deuxième, re-bise. Florian nous offre le cd quatre titres de la fanfare, que je voulais acheter. J’en offre un à Charlotte. Florian lui remet en main propre. Emotion. « Alors, Chacha, ça t’a plu ? ». « Oui… [un instant]. Il est beau Florian ! ». J’abrège, car si elle ne l’a pas répété cent fois… En tout cas, Françoise et moi, sans compter Chacha subjuguée, nous avons une affection particulière pour cette fanfare.
- Mais, c’est quoi cette fanfare ?
- Imagine un commando de mercenaires de la dérision programmée qui se seraient équipés dans un surplus de l’armée de Ceaucescu. Tu vois le cuirassé Potemkine ? Eh bien, ils ressemblent comme des proches cousins aux marins de ce navire mythique. Leur musique a sa source d’inspiration quelque part sur les bords de la Méditerranée : Grèce, Turquie, Macédoine… mais tout cela digéré, assimilé, longuement ruminé et servi à grands coups de dérision imperturbable. Ils ont tous la même tenue, mais chaque costume a sa fantaisie particulière. Décalages imperceptibles. A tour de rôle, chaque instrumentiste devient en quelque sorte le maître de cérémonie, donnant, si j’ose dire, le la à l’ensemble de la troupe. Ce soir de samedi, ils étaient dix : neuf instrumentistes, plusieurs étant multi-instrumentistes, et une danseuse. On se demande comment elle peut évoluer avec tant de vivacité et d’expressivité dans l’espace si exigu de la scène. Charlotte, qui suit des leçons de danse depuis trois ans, n’en revient pas et elle se voit déjà virevoltant au milieu de la fanfare, comme le cœur palpitant de celle-ci. Elle n’en revient pas non plus de voir les neuf instrumentistes évoluer suivant des chorégraphies compliquées dans un espace à peine suffisant pour un trio. Il est vrai qu’exceptionnellement le piano a été descendu de la scène. Pour un peu, deux d’entre eux auraient pu jouer et danser sur le piano. C’est l’esprit de Buster Keaton qui anime cette troupe. Avec parfois, quelque chose de marxiste, version Groucho Marx. Tu vois ce que je veux dire ?
- Très bien… mais, pour affiner ma représentation, tu me feras écouter les quatre titres.
- Oui, mais c’est pas tout. Dimanche, fuite d’eau : un joint a lâché prise. Pas d’eau, pas de chauffage. On se ravitaille au robinet du jardin et l’on fait chauffer l’eau sur la gazinière. Et puis, toutes les deux heures, appel téléphonique de mon père pour nous confirmer que la nuit dernière il n’a pas dormi. Ah, j’oubliais de te dire que j’ai téléphoné à ma mère sur le coup de deux heures. La copie fidèle de son coup de téléphone d’hier et de demain. Le crève-cœur, je te dis. Bon… j’avance. Finalement, nous sommes restés à Toulouse dimanche soir pour amener les filles à l’école ce lundi, sinon elles auraient dû aller à la garderie dès 7h30. Tu vois la rentrée, si elles avaient dû se lever à 6h30. A mi-route, vers 10h30, lundi, alors que nous arrivons à l’aire du Comminges, coup de téléphone du toubib, appelé en urgence par mon père. Dès notre arrivée à Pau, il ne me reste donc plus qu’à repartir pour Baliros, à aller chercher les médicaments prescrits et à contacter une infirmière pour une prise de sang et des piqures…
- Ton histoire me fait penser à un tissage en noir et blanc : un fil blanc, un fil noir, un fil blanc, un fil noir…
- Il y a de ça, en effet. Et justement, dans la boite à lettres, à notre arrivée, un fil blanc, comme tu dis : le dernier opus de Jacques Pellarin :

« Jacques Pellarin Trio / Sound of Philadelphia ». 2008. Tout chaud ! Jacques Pellarin, bayan, Diego Fano, saxophones, Yann Pajean, percussions. En parcourant les quelques lignes « Special Thanks », j’ai la surprise de lire mon nom. Je suis très touché par cette marque d’amitié, qui s’est forgée au fil du temps et des échanges de courriels.
- C’est sûr, c’est vraiment un geste très sympathique.
- Oui, et, je le répète, qui me touche beaucoup. Dans son texte de présentation, Jacques Pellarin parle d’accordéon caméléon et de style éclectique. C’est tout à fait vrai. J’y vois d’ailleurs le signe non d’une grande virtuosité – elle est là, mais ce n’est pas pour moi l’essentiel -, mais surtout d’une culture ouverte profondément assimilée. C’est ainsi que je perçois l’ensemble des titres, non comme une collection, mais comme un dépassement (au sens dialectique) de leur variété et de l’éclectisme qui les traverse. J’ai réécouté plusieurs autres morceaux de disques précédents et j’ai le sentiment que ce disque marque une sorte d’aboutissement. Si j’osais, je parlerais de disque de maturité. Sentiment largement fondé, j’en suis conscient, sur "la présence" de l’accordéon et par le son spécifique du trio. A écouter sans modération.
- On voit que tu es content !
- Tu parles… Mais ce n’est pas tout. Le week-end s’est prolongé jusqu’à ce mardi. Je ne parle pas de mes parents. Je te laisse imaginer… Non, je veux te parler d’une énorme surprise, un vrai bonheur. Alors que Françoise est allée à Hossegor rencontrer l’élagueur pour évaluer avec lui le travail à faire pour effacer les dégâts de la tempête et remettre le jardin en ordre, vers 13h30, je découvre dans la boite à lettres un courrier que j’identifie tout de suite comme envoyé par Patrick E. Pour une surprise, c’est une surprise ! Il y a quelques mois, nous avions échangé nos impressions au sujet de « Solo in Finland » de Richard Galliano. L’ayant découvert et écouté sur Deezer, j’avais fait part de mes sentiments à Patrick et incidemment j’avais regretté de ne pas pouvoir me le procurer. Patrick, qui est grand amateur de jazz, m’avait dit alors qu’il avait presque par hasard pu acquérir ce disque il y a quelques années et qu’il prenait note de mon intérêt au cas où, dans ses recherches, il « tomberait » sur un exemplaire encore en circulation. Nous en étions restés là. Eh bien, il faut croire aux miracles. Il y a peu de temps, il est en effet « tombé » sur cet « exemplaire » en faisant jouer son réseau de relations dans le monde des amateurs de jazz :

« Richard Galliano / Solo in Finland », 1992, Siesta Records. Enregistrement live en Finlande, le 1er août 1989. Quinze morceaux, qui sont des classiques de Galliano. Le son du cd n’a rien de comparable à celui de Deezer : il est incomparablement plus beau. Galliano y joue d’évidence et c’est un plaisir rare de l’entendre jouer ainsi à l’occasion d’un séminaire de professionnels. Justement, je ne sais si cela a un rapport avec cette présence de professionnels, mais j’ai noté à la fin de chaque morceau la qualité de l’instant de silence qui précède les applaudissements. Instant quasi impossible à identifier, impossible en tout cas à mesurer et à quantifier, instant infime entre la dernière note et le premier battement de mains, instant impalpable entre d’une part, le passé immédiat et son souvenir, d’autre part, le futur immédiat et le désir de libérer la tension éprouvée, et pourtant instant essentiel qui contribue à donner sa couleur à ce concert.
- Eh bien, dis donc, on peut dire que tu as des amis fidèles.
- Tu peux le dire. Franchement, j’ai vraiment beaucoup de reconnaissance amicale à l’égard de Patrick E.
- Florian, Jacques, Patrick… et quelques autres, je pense à Bruno ou à Philippe… l’accordéon est décidément un monde bien convivial si j’en juge d’après ton récit. Je compte sur toi pour publier quelques photographies de ces disques et du concert de la fanfare P4.
- Tu peux y compter.

mardi 24 février - image belge

... reçu ce matin un courrier de Patrick E., dont j'ai l'intention de détailler ultérieurement le contenu. Mais je ne résiste pas au plaisir de partager ma surprise et mon hilarité à la découverte de cette couverture d'une revue belge dédiée aux musiques actuelles. L'humour belge existe. Je l'ai rencontré ! Le choc des photos, le poids des mots : le court-circuit entre l'adjectif "actuelles" et la photographie de la tenue de ces séminaristes, tendance traditionnaliste, est irrésistible. On ne pouvait imaginer rencontre plus improbable. Mais du coup je m'avise que la sobriété et la rigueur de la soutane s'accordent idéalement avec la géométrie euclidienne des accordéons. Et je me dis, alors que je n'y avais jamais pensé, que la musique des anges pourrait bien être celle d'un quatuor d'accordéons.


On connait la dénomination "piano à bretelles" pour désigner l'accordéon quand il se produit dans les endroits chauds et qu'il fait danser le peuple au rythme de ses valses musette. Je propose de parler ici d'"harmonium à bretelles" pour désigner l'accordéon vecteur de spiritualité. Décidément, l'accordéon sait tout faire, des cantiques chantés à vêpres au cantique des cantiques.

lundi 23 février 2009

dimanche 22 février - l'atelier de lou morel

... reçu, dimanche 15, un commentaire de Stéphane Morel, qui a installé un atelier d'accordéons - l'atelier d'accordéons de Lou Morel à Bordeaux - à Lormont, banlieue rive droite de Bordeaux. Nous ne nous connaissons pas, mais nous aurons le temps de faire connaissance. Je suis allé visiter son site. Je l'ai trouvé clair, bien documenté et j'ai eu envie de contribuer à le faire connaitre.

http://morel-accordeons.com/

Voilà, c'est chose faite !

jeudi 19 février 2009

vendredi 20 février - accordéon et démocratie

Parfois, mais je suis prêt à admettre que je peux être de parti pris, j’ai l’impression que nos députés ne sont pas aussi compétents que je le croyais et que cela tient peut-être au fait qu’ils ne sont pas finalement représentatifs de la population française. Pour en avoir le cœur net, je suis donc allé sur le site de l’assemblée nationale pour connaître la répartition des députés par catégories socioprofessionnelles. C’est vraiment très intéressant. A tel point qu’aucun commentaire ne me parait nécessaire : il suffit de prendre un peu de temps pour lire la liste ci-dessous :

ADMINISTRATEURS DE SOCIÉTÉS (9)
AGENTS D'AFFAIRES (1)
AGENTS D'ASSURANCE (1)
AGENTS GÉNÉRAUX D'ASSURANCES (5)
AGENTS IMMOBILIERS (2)
AGENTS TECHNIQUES ET TECHNICIENS (5)
AGRICULTEURS-PROPRIÉTAIRES EXPLOITANTS (15)
ARCHITECTES (1)
ARTISANS (2)
ASSISTANTES SOCIALES (1)
AUTRES CADRES (SECTEUR PRIVÉ) (34)
AUTRES PROFESSIONS (18)
AUTRES PROFESSIONS LIBÉRALES (8)
AVOCATS (38)
CADRES AUTRES ENTREPRISES PUBLIQUES (7)
CADRES SUPÉRIEURS AUTRES ENTREPRISES PUBLIQUES (4)
CADRES SUPÉRIEURS (SECTEUR PRIVÉ) (49)
CHIRURGIENS (8)
COMMERÇANTS (4)
DENTISTES (7)
EMPLOYÉS (SECTEUR PRIVÉ) (7)
ENSEIGNANTS : SECONDAIRE ET TECHNIQUE (39)
ENSEIGNANTS DU PREMIER DEGRÉ - DIRECTEURS D'ÉCOLES (14)
ENTREPRENEURS EN BÂTIMENTS (1)
EXPERTS COMPTABLES (3)
FONCTIONNAIRES DE CATÉGORIE A (43)
FONCTIONNAIRES DE CATÉGORIE B (9)
FONCTIONNAIRES DE CATÉGORIE C (1)
FONCTIONNAIRES DES GRANDS CORPS DE L'ETAT (35)
HOMMES DE LETTRES ET ARTISTES (1)
INDUSTRIELS, CHEFS D'ENTREPRISES INDUSTRIELLES (18)
INGÉNIEURS (21)
JOURNALISTES (7)
MAGISTRATS (3)
MÉDECINS (36)
NOTAIRES (1)
OUVRIERS (SECTEUR PRIVÉ) (1)
PENSIONNÉS ET RETRAITÉS CIVILS (23)
PERMANENTS POLITIQUES (15)
PHARMACIENS (8)
PROFESSEURS DE FACULTÉ (24)
PROFESSIONS RATTACHÉES À L'ENSEIGNEMENT (8)
REPRÉSENTANTS DE COMMERCE (2)
SAGES-FEMMES (2)
SALARIÉS AGRICOLES (1)
SALARIÉS DU SECTEUR MÉDICAL (7)
SANS PROFESSION DÉCLARÉE (22)
VÉTÉRINAIRES (6)

Je note, car cela me parait très significatif, que la catégorie « hommes de lettres et artistes », sans doute du fait d’un rédacteur trop optimiste, est au pluriel. Mais comme elle ne comporte qu’un représentant, le singulier suffirait. Le singulier, autrement dit l’exception.

Mais comment pourrait-on faire en sorte que la représentation nationale soit plus représentative de la population réelle ? Comment faire une place légitime, par exemple, aux artistes ? Sans parler du sous-ensemble que constituent les accordéonistes professionnels, qui pourtant votent, du moins je le pense. Je laisse de côté les amateurs d’accordéons, et pourtant quel lobby potentiel, quel poids électoral ! Mais passons. Restons réaliste.

Donc, je reprends ma question : comment faire en sorte que la représentation nationale soit vraiment représentative de la population, c’est-à-dire capable de penser les problèmes sociaux et politiques à partir des points de vue concrets et réels des gens. Tout simplement, des gens. Vous, moi… Et bien, la solution existe. Elle est simple et facile à mettre en œuvre. Il suffirait de calculer la proportion effective de chaque catégorie socioprofessionnelle, d’en déduire le nombre de députés adéquat, de définir les collèges électoraux correspondant… et de tirer au sort. J’en vois déjà penser que je plaisante. Tirer au sort nos députés… Pourquoi pas ? Ce type de désignation démocratique existe déjà pour choisir des jurés. Comme on voit parfois arriver un courrier nous informant que l’on a été tiré au sort comme juré pour telle ou telle session de justice, on verrait naturellement arriver un jour un courrier, émanant de l’assemblée nationale, nous disant que l’on a été tiré au sort comme député pour cinq ans. Avec ce courrier, bien sûr, une notice indiquant l’adresse de l’assemblée nationale, où se procurer des billets de voyage gratuit, le nom de son chauffeur et la marque de sa voiture de fonction, etc… Et le salaire, que dis-je, la compensation financière prévue avec les divers avantages y afférents !

De la sorte, on serait certain d’avoir quelques représentants des accordéonistes à l’assemblée nationale et l’on pourrait espérer du coup qu’une certaine vision du monde soit ainsi représentée.

lundi 16 février 2009

mercredi 18 février - robert santiago le son chaud de l'accordéon latino

Lundi, fin d'après-midi. De retour de Nay où j'ai rendu visite à ma mère via Baliros, où mon père réside seul, j'ouvre la boite à lettres remplie à ras bord de publicités et autres réclames diverses. Comme tous mes voisins ont affiché "No Pub" sur leurs boites, j'ai l'impression de récupérer dans la mienne ce qui aurait dû être distribué dans l'ensemble du quartier. En triant cette masse de papiers agressifs tant par leurs couleurs, que par leurs graphismes, que par leurs messages guerriers (déclinaison à l'infini de la guerre pour le pouvoir d'achat ; on casse les prix ; on écrase les marges, etc...), que vois-je ? Une enveloppe, une vraie, une enveloppe postale. L'expéditeur ? Robert Santiago... Surprise !
A l'intérieur, une carte avec quelques mots chaleureux et amicaux, un cd et des cartes postales.
La carte me dit en substance qu'à l'occasion de son déménagement, Robert Santiago a retrouvé un lot de cartes postales de sa collection personnelle, éditées il y a quinze ans, et un cd de démonstration, enregistré en 1998, où l'on entend "les premiers pas" de la Tipica.




Parmi ces cartes, toutes intéressantes par leur qualité anecdotique, documentaire ou esthétique, l'une me touche particulièrement : cette photographie représentant l'orchestre Carlo Compagnoni (Dunkerque 1940). Je suis ému par le fait que cette photographie étant posée en studio, et non prise en instantané, on comprend que chaque musicien a eu tout loisir de peaufiner sa posture. Je dois dire qu'en effet leurs sourires un peu sages me touchent. Bien entendu les tons sépia du tirage ajoutent beaucoup de nostalgie à la scène.


En écoutant le disque de démonstration, j'ai retrouvé les impressions que j'avais éprouvées en découvrant "El Cameleon" et "Panamericana". Un son et des rythmes typiquement sud-américains, mais avec cette particularité d'exprimer une inspiration authentique, aux antipodes de certains groupes pseudo sud-américains, qui n'empreuntent à cette culture que ses traits de surface. Et puis, j'ai écouté une fois encore le dernier titre de "Panamericana", "La Gran Noticia". Une oeuvre magnifique où l'émotion prend forme esthétique.
Bien entendu, j'ai été très sensible à la gentillesse de Robert Santiago. Je regrette d'autant plus que l'étape du festival Convivencia qui était prévue il y a quelques mois à Penne d'Agenais et où la Tipica devait se produire ait été annulée. Ce n'est que partie remise !
Mais avant de mettre un point final à cette page, je voudrais noter encore cette dernière réflexion : à la base, bien évidemment, il y le plaisir que j'ai à écouter Robert Santiago et son orchestre. Cette musique me convient. Plaisir immédiat, spontané, de l'ordre du punctum, suivant l'expression de Roland Barthes. Mais en outre, il y a la culture qui fonde cette musique. Et là, il s'agit d'un intérêt intellectuel, de l'ordre du studium dirait ce même auteur. Mais il y a plus encore : cette attention amicale - l'envoi d'un mot sympathique, d'un cd et de cartes postales - me touche beaucoup, parce qu'elle déborde de beaucoup à mon sens le simple geste individuel. J'y vois une véritable attitude politique, quelque chose qui est de l'ordre du don, de l'attention à autrui, de la gentillesse, valeur morale forte s'il en est. J'y vois la possibilité d'une autre manière de se comporter les uns envers les autres et, pour tout dire, comme la possibilité d'une alternative à un monde d'avocats - chacun pour soi, communication, rhétorique - et de banquiers - toujours plus, communication, rhétorique. C'est pourquoi cette lettre, parmi un flot de "messages" publicitaires m'a tout particulièrement touché.








dimanche 15 février 2009

mardi 17 février - les pensionnaires du palais des thés

Françoise a expliqué ailleurs [ http://frebinguet.blogspot.com/ "petites filles en uniformes"] comment, à l'occasion d'un achat de thés à Toulouse et de la lecture d'une brochure y afférentes, Charlotte et Camille avaient découvert le monde des pensionnats et des élèves en uniformes. A l'époque de la culture des marques et de l'individualisme comme philosophie sociale et politique, cette découverte leur a ouvert des horizons insoupçonnés.

Dès leur retour à la maison, sans délai, sans crier gare, les voilà plongées dans leurs placards à vêtements et en un rien de temps transformées, comme par un coup de baguette magique, en élèves modèles d'une institution éducative, dont elles ont imaginé l'uniforme.

Camille trouve la séance de pose un peu longue à son goût et la belle ordonnance de sa tenue perd un peu de sa superbe au fil des minutes immobiles, mais Charlotte assure et son maintien digne dit assez sa fierté d'appartenir à un établissement prestigieux.

Leur effort louable mérite récompense. Un tour sur YouTube me permet de leur ramener ces deux magnifiques documents du pays des thés pour parfaire leur connaissance du monde et de l'accordéon. Je sens qu'elles ne vont pas tarder à me demander un accordéon... pour pouvoir participer à l'éducation musicale de leur institution.

lundi 16 février - hommage à piazzolla

Après un tunnel interminable de jours de pluie, depuis vendredi le temps s'est mis au soleil. Il fait plutôt froid, mais peu à peu la glaise digère l'eau accumulée et les risques d'inondations diminuent. Ce matin, les crocus ont littéralement explosé. Au pied du prunier, aux pieds des rosiers et un peu partout dans la pelouse.



Les branches du prunier ont pris une couleur grise. Quand on s'approche, on voit que ce sont des bourgeons en grappes. Je suis épaté par ce spectacle. Je fais part de mon enthousiasme à Françoise.
- Tu as vu les bourgeons ?
- Oui, la végétation est en retard cette année !
- Ah ! Bon !





Comme j'ai entrepris une petite recherche sur YouTube pour recenser les prestations de Piazzolla himself et que je constate en effet que plusieurs documents fort intéressants sont disponibles, du moins du moins de vue visuel, car du point de vue sonore, c'est souvent de qualité médiocre, je tombe sur une référence donnée par Sylvie Jamet sur son blog en date du 4 novembre 2008.

http://sylviejamet.over-blog.com/article-24405050.html

Il s'agit d'Alexandre Shirunov interprétant, en Finlande, "Omaggio ad Astor Piazzolla" de Vladimir Zubitsky et "Take Five" (arrangement de Paul Desmond) dans le cadre de la coupe du monde 2005 au Portugal. Où l'on voit que l'accordéon de concert a de beaux jours devant lui en tant qu'instrument de percussion et que les accordéonistes russes ne manquent ni d'audace, ni de créativité.

dimanche 15 février - astor piazzolla y su quinteto

Samedi. Après avoir rendu visite à ma mère, à Nay, toujours dans sa maison de retraite, j’avais comme une petite fringale. Je me suis donc arrêté sur le chemin du retour chez le turc. C’est ainsi que j’appelle un petit restaurant, ouvert à toute heure, où l’on peut manger vite fait un kebab accompagné de son coca.

Dès mon arrivée à la maison, alors que je m’apprête à lui raconter mon détour culinaire, Françoise m’accueille en me proposant d’aller manger au chinois. A la vérité, je n’ai pas faim, mais je ne veux pas la décevoir. Je me dis in petto que je me contenterai d’une soupe et de bouchées de porc à la vapeur. En route…

Sur le chemin, comme il est à peine 19 heures, nous faisons un détour par l’espace culturel de l’hypermarché, histoire de voir s’il n’y aurait pas sur les rayons quelque cd qui jusqu’ici aurait échappé à notre vigilance. Pas de nouveautés. Pourtant, mal classé, parmi des disques de musique du monde, un cd retient notre attention :

- « Astor Piazzolla y su quinteto / Live at the Montreal Jazz Festival, 4 juillet 1984 », 1984, Spectra International Distribution, 2000 Piazzolla Music, 2008 Editions Milan Music. Je note cette indication :”Remasterisé en septembre 2007 avec l’amicale collaboration de Richard Galliano”. Le quintet est composé de la manière suivante : Piazzolla, bandonéon, Pablo Ziegler, piano, Fernando Suarez Paz, violon, Oscar Lopez Ruiz, guitare électrique, Hector Console, contrebasse.

Après le repas chez le chinois, je dis à Françoise : « J’ai hésité tout à l’heure à te le dire, mais, comme j’avais mangé un kebab avant de rentrer, je n’avais vraiment pas faim… Mais finalement, ça m’a fait plaisir ». Elle se met à rire : « Figure-toi que j’avais goûté copieusement en t’attendant et que je n’avais vraiment plus faim… Mais je me suis dit, qu’à ton retour de Nay, tu aurais plaisir à te mettre les pieds sous la table… chez le chinois ». Finalement, nous nous rendons compte que chacun dans cette affaire a voulu faire plaisir à l’autre, moi-même en ne refusant pas l’invitation de Françoise, elle-même en me proposant d’aller au restaurant alors qu’elle n’en avait aucune envie. Ce qui nous amuse dans cette histoire, c’est que nous sommes le samedi 14 février et que c’est notre façon à nous de fêter la saint Valentin.

Depuis samedi soir, cela fait maintenant plusieurs fois que le disque tourne sur la platine. Plus exactement, il a tourné intégralement à deux reprises :

- « Lunfardo »
- « Muerte del Angel »
- « Resurreccion del Angel »
- « Tristeza de un Doble A »
- « Adios nonino »
- « Chin Chin »
- « Otono Porteno »

Après ces deux premières écoutes successives, j’avoue que je ne peux plus écouter autre chose que le titre 4. « Tristeza de un Doble A ». Seize minutes vingt, plus quinze secondes d’applaudissements, non un tonnerre, mais une éruption d’applaudissements. On sent, comme rarement sur un enregistrement live, à quel point les spectateurs libèrent en applaudissant une tension difficilement soutenable. Ces seize minutes sont une des interprétations les plus dramatiques que je connaisse. J’entends dramatique au sens où l’on parle de tension ou de progression dramatique. On se dit sans cesse, si je puis m’exprimer ainsi, « ça va casser ; ça va se disloquer »… et puis, non, la tristesse, qui est d’abord comme un tâtonnement déchirant, finit par s’apaiser. On pourrait presque parler de douceur, d’apaisement, sauf que l’on ne peut oublier les errances précédentes.

J’imagine que ceux qui ont eu le bonheur d’assister à un tel moment ne pourront pas l’oublier, ne pourront pas oublier cette sorte de cri primal qui les a libérés à la fin du morceau, du voyage. Une expérience indélébile.

samedi 14 février 2009

samedi 14 février - question d'âge

Au fil des années, des rencontres tant personnelles que professionnelles et, comme on dit, des expériences de la vie, je me suis forgé cette conviction que chaque personne a un âge, son âge, et cela, si j’ose dire, de toute éternité. Je m’explique. Lorsqu’on a assez de temps pour échanger de manière un peu approfondie avec quelqu’un sur sa manière de concevoir l’existence ou, plus concrètement, sur les raisons qui ont fondé telle ou telle de ses décisions, tel ou tel de ses comportements, on peut situer assez facilement ce que j’appelle son âge psychologique ou moral ou personnel. Son âge essentiel. Celui-ci n’a rien à voir avec l’âge historique. C’est ainsi que l’on peut avoir affaire à un petit vieux plein de malice et de fantaisie, qui a gardé sur les choses son regard de gamin de cours moyen deuxième année. A contrario, je me rappelle encore la posture et le visage de certains enfants dans des cours d’école maternelle, qui me faisaient penser qu’ils ne seraient vraiment eux-mêmes, qu’ils n’auraient rejoint leur âge qu’après leur entrée en retraite. Pour ma part, tout me porte à croire que mon âge peut être fixé à l’adolescence, vers quinze ou seize ans, âge des étonnements, des révoltes, des naïvetés et d’une certaine tristesse de comprendre que le monde ne sera jamais tout à fait ce qu’il devrait être.

Cette sorte de morphopsychologie, je me suis rendu compte que je l’applique spontanément aux accordéonistes que j’ai l’occasion de rencontrer et avec qui j’ai la possibilité de discuter. Je pense à tel compositeur, concertiste et enseignant, dont la présence est lumineuse et déterminée comme celle de l’adolescent qu’il sera sa vie durant. Je pense à tel autre accordéoniste, sérieux comme un pape, qui incarne pour moi la figure de l’adulte. Ou à tel autre émerveillé comme un enfant par son pouvoir d’émerveiller son public et presque gêné de l’exercer. Je pense à certains autres qui, de toute évidence, n’ont jamais dépassé le stade oral ; à d’autres encore définitivement fixés au stade anal. Il suffit pour s'en convaincre de collecter les titres de leurs compositions. A d’autres enfin, écrasés par la pesanteur d’une figure parentale dont ils ne sauront jamais se libérer, et qui ne seront à tout jamais capables que de reproduire leurs modèles… Et cetera, et cetera…

Mais, bon, chacun d’entre nous connaît de telles figures.

jeudi 12 février 2009

vendredi 13 février - "vous avez dit l'accordéon ?"

En feuilletant et en refeuilletant le dernier numéro de la revue « Accordéon & accordéonistes », que je lis toujours avec le plus grand intérêt, j’ai noté ces deux extraits, dont le rapprochement me parait bien illustrer l’hétérogénéité de ce que l’on appelle « le monde de l’accordéon ». Toute la question étant de savoir s’il est fondé de parler de monde de l’accordéon au singulier ou s’il faut se résoudre à penser que cet instrument, sous des apparences assez semblables, appartient à des mondes différents, quasi contradictoires, en fonction de l’usage qui en est fait suivant les intentions des accordéonistes qui en jouent.

- Premier extrait. « Entretien » de Françoise Jallot avec Krassimir Sterev, pages 46-47. On apprend que Krassimir Sterev est concertiste et compositeur. « Il déploie son talent avec des orchestres philarmoniques, au sein d’ensembles novateurs et contemporains comme Art Resonanz (de Graz, en Autriche), des formations de tango, ou en trio avec Sylvie Lacroix (flûte) et Michael Moser (violoncelle). Il est aussi membre du Klangforum Wien depuis 2003. Krassimir Sterev a la passion des lames tout simplement ». L’article lui est consacré à l’occasion de sa participation au spectacle du chorégraphe Alain Platel, « Pitié ! », chorégraphie créée à partir de « La Passion selon Saint Matthieu » de Bach. Plus loin, page 48, Alain Platel, dans le « Portrait » que lui consacre F. Jallot dit ceci à propos de la présence de l’accordéon dans son spectacle : « […] L’accordéon est un petit orgue. Cela fonctionne très bien avec l’œuvre de Bach. Cet instrument, je l’aime justement pour ses aspects contradictoires ».

- Deuxième extrait. Il s’agit d’un extrait d’une « Chronique » portant sur un dvd : « Les Compagnons du musette / La drollière ». Chronique signée R.B. Je cite : « Un dvd des Compagnons du musette, c’est plus qu’une vidéo d’orchestre de danse : c’est un authentique spectacle de théâtre comique, avec des sketchs hilarants et de la musique à danser au son de l’accordéon. Les Compagnons, c’est un peu un orchestre musette, les Vamp’s et les Bodin’s réunis. Ce troisième volume n’échappe pas à la règle avec vingt-et-un titres agrémentés de scènes humoristiques […] Au menu : "Mon cœur au Pays basque", "Battage à l’ancienne" […] "La bourrée des dindes" […] "A la chasse au dahut", etc… Déguisements, pitreries, farces et fous rires, illustrent les différentes séquences filmées en pleine nature […] Quant à la "mobicrotte", elle évoque une nouvelle source d’énergie écolo-révolutionnaire… qui va assurer un bel avenir aux éleveurs porcins ».

Je lis souvent, dans des articles de journalistes, j’entends souvent dans des émissions de radio, plus rarement à la télévision, que l’accordéon, aujourd’hui, ne peut plus se confondre avec son image d'instrument populaire d’autrefois, tellement populaire qu’il est trop fréquemment encore assimilé à un instrument ringard, voire franchement vulgaire. Ils ont certes raison de rappeler qu'en effet il ne peut plus se réduire à cette image péjorative, mais il faut bien admettre aussi que, pour qui ne s’intéresse que de loin à l’accordéon, la multiplicité de ses apparences a de quoi brouiller son image.

jeudi 12 février - rené sopa aboutissement approfondissement

René Sopa écrit dans le texte de présentation de « Carinhos Tango » que ce disque est un aboutissement. Au point de départ, occasionnel, une rencontre avec Marcel Loeffler et Aurélien Noël. L’enregistrement de « Sweet Georgia Brown » sur un minidisk avec Marcel Loeffler en 2005 et, de fil en aiguille, la réalisation du projet de ce disque enregistré entre août 2007 et mai 2008.

Plus j’écoute les quatorze titres de cet album (treize plus « Swett Georgia Brown", 5 :34, en bonus), plus je suis sensible à ce que j’appellerais sa simplicité. Ce mot me vient spontanément à l’esprit. Il faut quelque peu l’expliciter, mais il traduit bien mon sentiment. Ce que j’appelle simplicité, c’est ici le fait que trois titres sont interprétés en solo (même si l’un des trois, "Trafic", implique un re-recording) et que les onze autres sont des duos, à l’exception du dernier (deux accordéons et deux guitares). D’où, suivant une expression que j’affectionne, une sorte de ligne claire, comme un fil rouge, qui traverse et structure tous les morceaux. Un ou deux accordéons, c’est tout, d’où une musique d’une grande lisibilité.

Mais, en écoutant ce disque, un autre mot, à côté du mot « aboutissement » me vient à l’esprit : « approfondissement ». Par exemple, « Porte dorée » s’inscrit dans la tradition des grandes valses, comme « Indifférence », titre 10. Et je ne serais pas étonné qu’un disque futur continue à explorer cette voie, non de retour aux sources, mais d’inscription dans une tradition de l’accordéon.

De même, « Corrininho do montenegro » et « Sol do Algarve » ou « Um passeion ao Algarve » font clairement référence à des racines portugaises. Avec une sorte de relecture du folklore de ce pays. Avec « Sol do Algarve » qui tend à devenir un titre emblématique de l’inspiration et du style de René Sopa.

Approfondissement encore, « Trafic » que j’entends comme une variation sur le forro.

Mais encore « Prélude et fugue en La mineur BWV 543 » (8 :55) ou « Monastère de Firaponte », dont tout me porte à croire que René Sopa ne s’en tiendra pas là. Les mots qu’il dit pour présenter ces deux œuvres indiquent clairement, si l’on veut bien lire entre les lignes, qu’elles lui tiennent à cœur.

Je me rends compte en commentant ce mot, « approfondissement », qui m’est venu spontanément à l’esprit qu’il connote aussi pour moi un approfondissement à venir. Finalement, si je veux traduire au plus juste mon impression, je dirais que cet album m’apparaît à la fois comme un aboutissement et comme un début, comme un approfondissement au double sens de retour vers… et de chemin à explorer.

Bon ! Depuis dimanche, « Corinhos Tango » a tourné je ne sais combien de fois sur la platine… Peut-être devrais-je écouter « Sandunga » ou « Ammondeon »… Oui, mais, justement, à l’instant commence « Lames au cœur »… Je sens que ce n’est pas encore le moment où je vais changer de disque.

lundi 9 février 2009

mercredi 11 février - rené sopa carinhos tango

Dimanche. Françoise est allée rendre visite à sa sœur à Dax. Sur le coup de cinq heures, l’idée me vient de vérifier s’il y a quelque chose dans la boite à lettres. Curieuse idée, se dira-t-on : un dimanche ? Il faut dire que depuis quelques mois un facteur remplaçant n’attend pas l’autre. Conséquence : le courrier n’est pas toujours distribué dans la bonne boite, si bien que nous avons pris l’habitude, entre voisins, de rectifier les erreurs d’aiguillage. Samedi donc à quatorze heures, pas de courrier. Mais, étant donné la situation que je viens de décrire, cela ne m’empêche pas d’aller vérifier ce qu’il en est dimanche après-midi. Heureuse intuition ! Une enveloppe m’attend, tranquille, dont l’expéditeur ne fait aucun doute : René Sopa.

Toujours ce même plaisir du rituel : l’enveloppe recto, puis verso. Ouvrir délicatement ; sortir le cd, précisément le boitier, de son écrin de bulles ; découvrir la pochette ; l’ouvrir et découvrir « l’objet » lui-même en tant qu’objet visuel : couleurs, graphismes, textes, etc…

Et puis, tout de suite, lancer l’écoute. Mais, en l’occurrence, je préfère attendre le retour de Dax de Françoise dans la soirée, afin que nous écoutions « Carinhos Tango » ensemble.













- Tu as fait bonne route ?
- Oui et non. La circulation était très dense. C’était surprenant. Mais surtout les dégâts de la tempête apparaissent encore plus nettement qu’aussitôt après. Il y a encore des portions de routes en circulation alternée tant il y a de troncs et de branches sur la chaussée. Et puis, des quantités d’arbres penchés qui ne se redresseront pas et qui devront être abattus. C’est désolant. Comme pour la tempête de 99, il faudra des années pour effacer toutes les traces de cette catastrophe… Des années…
…….
- Devine ce que j’ai trouvé cet après-midi dans la boite à lettres …
- ???
- « Carinhos Tango » de René Sopa. Il m’en avait annoncé l’envoi en milieu de semaine.
- Alors ?
- Alors, je t’attendais.

Evidemment, le reste de la soirée est consacré à l’écoute de ce dernier opus de René Sopa.

Nous sommes bien d’accord pour dire que c’est un beau disque. D’abord, parce qu’il a un son, c’est-à-dire un style immédiatement identifiable. René Sopa, d’après le recto de la pochette, joue sur accordéon Fisitalia. On imagine les tâtonnements pour arriver à ce son. J’aurais du mal à traduire notre sentiment en mots, mais il y a une évidence, c’est la personnalité de ce son. Fil rouge qui parcourt tout le disque. Et puis, il y a, ce que faute de mieux, j’appelle le phrasé de René Sopa, l’équivalent dans son jeu de ce que serait la diction pour un conteur. On pourrait parler aussi de lisibilité. Ah, oui, il y a aussi la complicité entre René Sopa, d’une part, et d’autre part Marcel Loeffler ou Aurélien Noël. L’album est en effet composé de quatorze titres : six en duo avec Loeffler (le dernier avec en outre Dino et Franco Mehrstein à la guitare), cinq avec Noël. Restent trois titres en solo.

Les trois titres en solo : « Prélude et fugue en La mineur BWW 543 » de J.-S. Bach, « Monastère de Firaponte » de Vladislav Solotarev et « Trafic » de René Sopa lui-même. Le dernier titre, en quartet, avec M. Loeffler, D. et F. Mehrstein, dont René Sopa dit qu’il est à l’origine du projet de ce disque : « Sweet Georgia Brown ». On pense évidemment au jazz manouche. Tout porte à croire que ces titres tiennent particulièrement à cœur de René Sopa. Je dois dire d’ailleurs que les interprétations de Bach et de Solotarev nous ont impressionnés. Je parlais plus haut du son du Fisitalia et de phrasé… On est en l’occurrence au-delà des vaines distinctions, voire oppositions, entre musique classique, contemporaine et improvisation.

Mais ce n’est pas tout : le premier morceau, « Carinhos Tango », qui donne son nom à l’album, morceau d’une durée de 7 :44, se présente comme une sorte de triptyque qui donne d’emblée sa couleur à l’album. Puis, « Porte dorée » évoque les grandes valses mythiques, que l’on retrouve avec une version (2 :57) en duo avec Loeffler du chef-d’œuvre absolu : « Indifférence ». Que dire encore ? Que « Corridinho do montenegro », « Sol do Algarve » et « Um passeio ao Algarve » évoquent évidemment des racines portugaises. Entre Bach, Solotarev, le jazz manouche et la relecture d’airs portugais, on pourrait croire que le disque est disparate. Justement, il n’en est rien. Tout au contraire, il exprime de toute évidence un style qui se manifeste dans le son et le phrasé que j’évoquais plus haut.

Parmi tous les morceaux, nous avons retrouvé « Sol do Algarve » que nous avions écouté pour la première fois dans « Sandunga », Le Chant du Monde, 2002. Ce rapprochement nous incite à réécouter nos cds de Sopa, ne serait-ce que pour situer sa dernière création :

- « Sandunga »
- « Nuits parisiennes »
- « Crazy Rythm »
- « Swing-a-ning »
- « Hammondeon »

En tout cas, je ne sais si j’ai pu exprimer clairement notre sentiment, mais, c’est sûr, c’est un beau disque, très personnel, où la maîtrise technique sert parfaitement les intentions expressives.






dimanche 8 février 2009

mardi 10 février - l'accordéon et l'orchestre

Après quelques échanges par courriels interposés, j'avais eu l'occasion de rencontrer Yvan Mourton à Bordeaux lors de la venue au conservatoire national de région d'Alan Bern, à l'invitation de Bruno Maurice, son professeur. C'était en janvier 2008. Depuis, nous nous étions quelque peu perdus de vue, mais il y a quelques jours, au cours de recherches sur internet concernant Piazzolla, je suis tombé, sans savoir comment, sur son mémoire de master. Un travail plus qu'intéressant. Occasion de reprendre contact !

En tout cas, j'ai plaisir à donner ici le lien menant à ce travail universitaire, dont le titre suffit à exciter notre intérêt d'amateur d'accordéons :

"L'accordéon et l'orchestre", Yvan Mourton, sous la direction du professeur Marie-Bernadette Dufourcet-Hakim, UFR Arts, Université Michel de Montaigne, Bordeaux III, année universitaire 2007-2008 (environ 100 pages, format pdf).

http://noedrocca.free.fr/pages/memoireY.pdf

lundi 9 février - dernier opus de rené lacaille

... écouté le dernier opus de René Lacaille, "Cordéon Kaméléon". Produit par Connecting Cultures, ce qui est une garantie de qualité. Deux cds : le premier est "vocal", le second "instrumental". Les deux sont excellents, même si mes goûts me portent plutôt vers le second.

En l'écoutant, je me disais que cela ressemblait beaucoup à une somme, non pas compilation, mais synthèse d'une expérience de plusieurs années faite d'enracinement dans la culture de la Réunion et de rencontres multiples, rencontres musicales et personnelles. Disque à la fois bien localisé et résultat d'un vrai métissage.

Finalement, ce passage ci-dessous exprime parfaitement mon sentiment :

"Cordéon Kaméléon est la preuve vivante de l'universalité de la musique de René Lacaille mais aussi de sa fidélité aux traditions dans lesquelles il a grandi. René y célébre avec ses amis 55 ans de vie de musique. L'album est comme le caméléon, il change de couleur avec les invités mais c'est toujours le même animal ! Mais René y a mis son humour, sa bonne humeur, ses émotion et sa sérénité. Bonne fête !"

J'ajoute :"Longue vie à la tribu Lacaille !".

dimanche 8 février - accordéon & accordéonistes

J’ai parcouru le numéro 83, décembre 2009, de la revue « Accordéon & accordéonistes », je l’ai re-parcouru, suivant une démarche de butinage qui me convient assez bien. Laissé reposer, puis re-re-parcouru. Survol d’étape en étape au gré de mon humeur du moment. Laissé décanter.

Au moment où l’envie me prend de faire un point subjectif : « Finalement, qu’est-ce que je retiens ? », deux idées me viennent à l’esprit :

- je rêve d’une exposition de type ethnologique, photographies et commentaires joints, présentant toutes les pages « Pour l’avenir » et « Pur plaisir », autrement dit la collection des juniors et des seniors amateurs d’accordéon. Je rêve d’une salle immense. Images d’une approche ethnologique de la France, qui en vaut bien d’autres. Déjà, la localisation des portraits serait significative. On pourrait y ajouter les « Portraits express », ça ferait une belle exposition.

- D’autre part, et dans un tout autre registre, j’observe une fois de plus que l’accordéon de concert est absent des pages de la revue. Il y a un grand écart entre les affirmations de principe, qui se réclament d’un esprit d’ouverture à l’égard de tous les accordéons, et le comportement effectif, qui manifeste plutôt un ostracisme de fait. Je continue à m’interroger sur les raisons de ce constat : manque de spécialistes, acte manqué, frilosité éditoriale… Je me perds en conjectures.

Maintenant, si je reprends l’ensemble de la revue au fil des pages, je retiens :

- en « Echos », un article sur l’actualité d’Olivier Manoury, qui annonce la sortie du DVD d’un concert donné en quartet au New Morning.
- un « Entretien » avec Laurent Cavalié, explorateur du monde occitan, qui annonce deux CDs à venir en 2009, « Soli Solet » et « Fraternitat ». Entre rapport intime à la langue occitane, à son phrasé, et militantisme lié à une prise de conscience politique. De la place de l’accordéon dans la société…
- la « Tête d’affiche » consacrée au duo Alain Pennec et Sébastien Bertrand. Il me tarde de pouvoir écouter leur cd, « Réunions de chantier », et de découvrir l’articulation, dont ils parlent, entre leurs deux diatoniques.
- Au passage, puisqu’on a, semble-t-il, beaucoup de goût dans le monde de l’accordéon pour les titres de champion du monde, j’ai l’impression (page X, Pédagogie, Découverte cd) que Jérôme Richard doit pouvoir y prétendre eu égard au nombre d’annonce de ses productions dans la revue. Donc, dernière production : « Titres enchaînés pour la danse ».
- un « portrait » consacré à Christophe Delporte. Entre Annie Cordy et « Astoria » qu’il a créé avec sa femme, Isabelle Chardon. Je connais mal l’œuvre d’Annie Cordy. J’aime beaucoup ce disque d’Astoria, édition Outhere, 2007, « Astor Piazzolla / Adios Nonino ». [www.fugalibera.com]. Je parlerais volontiers de création plus que de production. Françoise a aussi une grande estime pur ce disque ; elle l’écoute souvent. J’en profite.
- un « Entetien » avec Daniel Denécheau. Je suis intéressé par son projet et son parcours ; je suis intrigué par son instrument qu’il qualifie de diatonique mixte. A écouter dès que possible.
- un « Portrait » de Yann-Fanch Perroches, dont j’avais dit en son temps à quel point j’appréciais son album « Accordéon diatonique », Cinq planètes / L’autre distribution. Un disque auquel je reviens souvent. Si j’osais, je dirais qu’il s’agit d’un disque de rumination et de remâchement. Le contraire d’une production de circonstance, à l’esbroufe. Un disque à la fois enraciné et un peu hors de l’écume du présent.
- un « Entretien » à propos de « Cocktail diatonique », trois diatoniques réunis pour créer cette formation à Tulle, en 2008. Yann-Fanch Perroches, Fanch Loric et Ronan Robert. Plein d’intelligence.
- un « Portrait » d’Alain Raynaud, sous-titré « l’accordéon fait son cirque ». Un accordéoniste qui cite en référence Bernard Lubat, Jean-François Baez et Christian Toucas a toute ma sympathie. Il est d’origine de l’Ardèche. Comment ne pas penser au « Syndrome de l’Ardèche » ?
- un « Entretien » avec Krassimir Sterev, accordéoniste qui joue dans un spectacle chorégraphique, que l’on a envie d’aller voir. Spectacle du chorégraphe Alain Platel auquel est consacré un « Portrait ». Excitant !

Un bon numéro, à l’égal des livraisons habituelles de la revue. Avec un peu d’accordéon de concert, ce serait parfait.

samedi 7 février 2009

samedi 7 février - cordéon kaméléon

Suite à l’échange de courriels auquel je faisais allusion hier, Jacques Pellarin m’a fait découvrir plusieurs titres de Piazzolla que je ne connaissais pas dans leur version « Piazzollissimo Disc 3 » : Biyuya, Movimiento Continuo, Verano del 79, Chin Chin, Escualo, Marejadilla, Woe et Awake.

Le plaisir d’écouter Piazzolla est toujours neuf, mais en l’occurrence j’éprouve aussi ce sentiment d’admiration particulier qui me sidère chaque fois que je le redécouvre. Car, chaque fois, il s’agit bien de redécouverte au sens où j’ai entendu du Piazzolla, où je l’ai écouté maintes fois avec attention, où donc je crois savoir à quoi m’attendre et puis, pas du tout, il se passe quelque chose d’autre, de radicalement autre que ce que je croyais pouvoir anticiper. C’est particulièrement vrai pour « Escualo » ou « Biyuya » que j’ai entendu maintes et maintes fois, dans des versions différentes, mais qui chaque fois me surprennent.

Mais, après notre retour de Toulouse, il fallait sacrifier aussi au rituel des courses – euphémisme pour dire la corvée. Forcément ! Beaucoup de monde à l’hypermarché : des sacs, des sacs, des sacs… Bref, après avoir chargé la voiture, on s’accorde – forcément – un petit tour à l’espace culturel. Ce lieu est plein de surprises. Par exemple : j’ai trois disques en commande depuis plusieurs semaines, ils n’arrivent pas et chaque fois que je demande à voir où en est cette commande, le responsable du rayon trouve de nouvelles raisons pour justifier la situation. J’ai passé commande de « King Size » le 4 décembre (je voulais écouter Tuur Florizoone, que Patrick E. m’avait fait découvrir), une autre commande pour « A deux » (je voulais écouter K. Paier) le 15 décembre, une dernière enfin, le 5 janvier, pour « Réunions de chantier » de Pennec et Bertrand chroniqués dans la revue « Accordéon & accordéonistes ». Bien entendu, je pourrais me sentir frustré de constater ce délai anormalement long et surtout l’impossibilité où le responsable du rayon se dit de me donner une prévision fiable. Les raisons de ce retard ? Il s’agit de petits éditeurs, de petits distributeurs, d’une période d’avant-fêtes très perturbée, d’intempéries, d’importation, de période d’inventaires, de congés après le moment de surchauffe de décembre – janvier, de colis manquants ou égarés, de retours « non renseignés », ce qui veut dire qu’on ne sait pas ce que ça cache, peut-être même s’agit-il de ruptures de stock… Je devrais être frustré. En fait, je ne le suis pas pour trois raisons au moins : la première, c’est le plaisir de voir si mon interlocuteur va avoir assez d’imagination pour trouver à chacune de mes visites une nouvelle explication ou hypothèse. Ce plaisir n’est jamais déçu. La deuxième, c’est que ma déception relative est largement compensée par le plaisir de maintenir toujours vif mon désir. Les surréalistes avaient ainsi décidé que la périodicité de sortie de leur revue « Le Minotaure » serait aléatoire pour tenir excité le désir de leurs lecteurs. Et ils s’y connaissaient en matière de plaisir. Disons que mes commandes non satisfaites sont une situation surréaliste et c’est bien car ce type de situation est de nos jours rarissime. Et puis je me dis que si je voulais être tout de suite satisfait, il faudrait que j’accepte plutôt d’écouter ce qui est déjà en nombre sur les rayons. Me précipiter sur l’offre, non formuler des demandes individuelles impossibles à satisfaire pour un système de distribution de masse. Insister, c’est mon côté subversif, sans doute. Troisième raison : à chaque visite, j’ai tout loisir de chercher si par hasard un cd intéressant ne serait pas arrivé subrepticement. Eh bien, ma recherche est rarement vaine. C’est ainsi que l’autre jour comme je voulais commander le dernier Titi Robin, le vendeur me dit d’attendre un peu, le temps d’aller dans les réserves et de le rapporter triomphant. L’espace culturel venait justement de recevoir sa commande, que l’on ouvrait pour moi. Spécialement. Autre exemple : le dernier opus de René Lacaille :

- « Cordéon Kaméléon », Connecting Cultures, 2008. CD1 : Original vocal version ; CD2 : Instrumental interpretations.
En première écoute, un double cd qui devrait se situer au niveau du meilleur de ce que propose René Lacaille. Mais évidemment je me donne un peu de temps pour l’apprécier. Entre les morceaux de Piazzolla, dont je parlais au début, et cet album, difficile de faire des choix.

vendredi 6 février 2009

vendredi 6 janvier - de sept à cinq

Suite à un échange de courriels avec Jacques Pellarin, je voudrais soumettre les quelques questions suivantes aux bandonéonophiles et piazzollaphiles assez savants pour en connaitre les réponses ou du moins capables de concevoir des hypothèses d'explication plausibles et bien argumentées :

Astor Piazzolla a enregistré en 1983 un disque sous le titre "Sette Sequenze", qui comprend sept titres : 1. Sleeping, 2. Midnight, 3. Woe, 4. Look Out, 5. Desire, 6.Awake, 7.Woe pass away. Plus tard, cinq de ces titres ont été enregistrés pour la première fois en 1991 par le Kronos Quartet sous le titre générique "Five Tango Sensations" : il s'agit de 1. Asleep, 2. Loving, 3. Anxiety, 4. Despertar, 5. Fear. Qui pourrait expliquer pourquoi deux titres ont disparu ? Pourquoi ces variations quant au nombre et aux dénominations ?

D'autre part, je note que "Five Tango Sensations" a été enregistré par exemple par Alfredo Marcucci et l'ensemble Piacevole, dans un album intitulé "Touched by Tango" en 2002. Mais je note aussi qu'il existe un disque enregistré en 2004 par l'Alban Berg Quartett et Per Arne Glorvigen sous le titre "Tango Sensations", qui comprend les quatre titres suivants : 1.Asleep, 2. Anxiety, 3. Awake, 4.Fear. Soit trois des cinq titres de "Five..." et Awake de "Sette..." qui avait disparu de la liste de "Five...". D'où, ma question : qui pourrait m'expliquer ce choix ?

Mais je ne doute pas que d'autres enregistrements existent de nature à soulever encore d'autres énigmes. C'est ainsi qu'à l'instant, en explorant YouTube, je viens de tomber sur cette adresse, qui vaut le détour :

http://www.emusic.com/album/David-Geringas-PIAZZOLLA-A-5-Tango-Sensations-Bandoneon-Conc-MP3-Download/11260385.html

On y retrouve en effet G. Draugsvoll interprétant "5 Tango Sensations".


dimanche 1 février 2009

lundi 2 février - où il est question du rôle ambigu des préjugés

On peut lire les phrases suivantes dans l’éditorial du dernier numéro de la revue « Accordéon & accordéonistes », n° 83, février 2009 :

« Quel instrument dans son histoire a conquis autant de musiciens et de musiques que l’accordéon ? Alors, loin des querelles [musette vs jazz vs classique], nous nous passionnons pour la petite lame dans tous les corps à soufflet possible ! Notre joie, nos émotions sont (et seront ) toujours les mêmes quand les musiciens sont bons, qu’ils jouent du forro au fin fond du Nordeste brésilien ou du classique au Conservatoire national supérieur de musique de Paris. Rien n’est beau sans la diversité ».

Cette prise de position me convient bien et j’approuve spontanément cette affirmation pour des raisons à la fois esthétiques et éthiques. Bien plus, je dois dire que, même s’il est bon de rappeler sans cesse cet impératif d’ouverture d’esprit, je le lis comme une évidence pour moi. Et puis, je parcours ce dernier numéro d’ « Accordéon & accordéonistes » où je peux de page en page vérifier son application, sauf peut-être en ce qui concerne l’accordéon de concert. En tout cas cette première lecture me conforte dans mon opinion.

Mais voilà qu’en parcourant les chroniques, je tombe sur l’une d’entre elles, qui attire mon attention. Signée C.L., elle présente un cd : « Les Bouses Brothers / Les cultivateurs ». Chronique synthétique, mais qui donne une bonne idée de ce que l’on peut attendre de ce disque. Je cite : « Un CD atypique autour du succès Vive les cultivateurs, écrit par René Grolier et Marc Provance. Bérets de travers et bottes de caoutchouc mais en costumes endimanchés, on s’en va à la campagne… ». Pour ne pas citer la chronique in extenso, je résume : il est question de valses, de tangos, de twists, de country, de marches, de pasos… « Sans oublier une bonne grosse dose d’humour ». Les musiciens ne sont pas, nous dit on, identifiables, mais ils sont talentueux. Et plus loin, « Avec l’accent du terroir, les poules et les coqs en fond de piste, la bonne humeur règne ».

Je prends conscience alors que malgré toute la précision et sans doute la pertinence de cette chronique, je n’ai pas envie d’écouter ce cd. Pourtant, lisant l’éditorial et l’approuvant spontanément, je pensais faire preuve de plus d’ouverture d’esprit. Je prends donc brutalement conscience d’une limite à mon éclectisme et donc de la force de mes préjugés. Je savais bien, abstraitement, que l’on n’y échappe pas, mais la prise de conscience est brutale.

Qui sera capable de me faire apprécier à sa juste valeur cet opus des Bouses Brothers, « Les cultivateurs » ? Qui saura m'en faire percevoir l'humour ? M'initier à la bonne grosse dose d'humour qu'il recèle ?

Et justement à propos de préjugés ou plus exactement de pré-jugements, cet autre exemple me vient à l'esprit : au cours du déjeuner que nous avons partagé, le samedi 24, avec Bruno Maurice et Eléonore, à leur invitation, nous avons parlé de la série du « matin des musiciens » consacrée à l’accordéon. De l’émission consacrée à Bruno et de celle qui présentait Yuri Shishkin. Comme nous lui disions notre plaisir d’avoir découvert et apprécié cet accordéoniste, Bruno nous dit en quelle grande estime il le tenait. Il n’en fallait pas plus pour nous inciter à nous procurer son disque composé de la Sonate n°6 d’Anatoly Kusiakov et des Tableaux d’une exposition de Mussorgsky. Et pour nous préparer à son écoute dans les meilleures dispositions d’esprit. Il s’agit bien donc en l’occurrence d’une attitude de pré-jugé. La confiance que nous accordons à Bruno nous a renforcés dans notre impression première et a formé en nous une attente positive, attentive et bienveillante. Et de fait le plaisir est bien au rendez-vous.

J’ajoute qu’en écoutant cet album, nous nous sommes avisés, ce que nous avions oublié, que nous avions une autre version des "tableaux" sur le disque « Duos for Classical Accordions » de James Crabb et Geir Draugsvoll, 1997, EMI Classics. L’écoute croisée de ce cd et de celui de Yuri Shishkin nous enchante. Nous sommes encore dans la phase d’immersion et bien loin de pouvoir expliciter les différences que nous commençons à percevoir. Mais l’apprentissage est en cours.

Bon… Je reviens à mon propos initial : que ce soit avec des effets négatifs (attentes réservées, froides, voire hostiles) ou positifs (attentes accueillantes, bienveillantes, chaleureuses), les préjugés ont souvent un rôle déterminant dans nos perceptions. Mais finalement ce n’est pas si mal, car nos préjugés se forment aussi en grande partie sur nos expériences et nos jugements antérieurs. Ils peuvent parfois orienter nos choix de manière à nous éviter des erreurs ou de nous fourvoyer ou a contrario nous aider à faire des choix intuitifs bien fondés. Parfois, mais pas à coup sûr !