dimanche 26 octobre 2008

dimanche 26 octobre - jacques pellarin aux states


... reçu hier cette information. Sans commentaires. Si... On est contents et, avant de partir pour Hossegor avec les "petits" - Toussaint à la plage ! -, cette nouvelle nous réjouit. La conquête de l'ouest continue... On reconnait bien en effet derrière le trio les vastes plaines du Far West. Attention aux bisons...




samedi 25 octobre 2008

samedi 25 octobre - paris jazz corner (9)

Huit heures deux ! Deux coups de sonnette ! Par la fenêtre, je vois une voiture jaune de la Poste arrêtée au milieu de la rue. Une dame, bleue et jaune, attend devant le portail. Je descends quatre à quatre. "Une petite signature, là... dans cette case". Je l'attendais. Il arrive, exactement dans les temps. Un double cd expédié par Paris Jazz Corner toujours aussi régulier et performant. Suivant une attitude qui est devenue un rituel, je pose le colis sur mon bureau et je le regarde quelques instants avant de l'ouvrir.
A l'intérieur, toujours impeccable : la facture et la liste des morceaux du cd1 et du cd2. L'objet est parfaitement fini. On reconnait bien là la marque des éditions Frémeaux.

Les deux cds et le livret rapidement feuilleté me font rêver. Il y a une forme belle ouvrage qui me ravit.

A midi, Françoise, qui a préparé le repas pendant que je faisais quelques courses pharmaceutiques, a eu la bonne idée de mettre le couvert sur la terrasse. 18 ° ! toutes les couleurs sont comme délavées ; le soleil est bas, mais il découpe sur les murs et sur les troncs des arbres des formes au scalpel. Il a fait froid cette nuit et les feuilles craquent sous les pas.


Pendant que Françoise dépose deux poêles - côtes de veau et épinards - sur un coin de la table ronde, je mets le premier cd sur le lecteur. Dès les premières mesures, le charme opère. L'accordéon est bien au centre du jeu. Ligne claire des mélodies ; le grain des 78 tours.

Après le dessert, pour accompagner quelques tasses de café, le deuxième cd. Toujours le même plaisir.
Cet après-midi, petite visite à ma mère, à Nay, en passant, à l'aller et au retour, par Baliros où réside mon père. Au retour, je me remonte le moral avec deux petits verre de porto et une écoute en diagonale des deux disques. Pour un peu, je glisserais dans un petit somme, mais je résiste, car ce serait dommage. Je sens que ce double cd n'a pas fini de tourner.




13567

jeudi 23 octobre 2008

vendredi 24 octobre - deezer : mieux que tintin

Françoise ayant surfé sur la toile jusqu'à une heure avancée de la nuit a fini par atterrir sur Deezer. Puis, ayant surfé sur Deezer, elle a fini par rencontrer Galliano. Plein d'albums à écouter. Certes, nous les connaissions déjà, mais il est intéressant de voir l'importance de sa présence sur ce site qui est plutôt tendance et en tout cas pas dédié exclusivement à l'accordéon.

Bien mieux. Un coup d'oeil sur ses fans montre qu'ils sont âgés de 17 à plus de 85 ans. C'est en cela qu'il fait mieux que Tintin.

Du coup, j'ai envie de republier sur ce blog la playlist que j'avais faite avec "Solo in Finland", album que je n'ai jamais pu écouter ailleurs que sur ce site. Que tous ceux qui ont les oreilles en forme d'accordéon y trouvent leur plaisir !


lundi 20 octobre 2008

jeudi 23 octobre - jazz sur son 31 : photonotes alain bruel

Jeudi 16 octobre, 22h30. Dans le cadre du festival "Jazz sur son 31", Jean-Marc Padovani Quartet invite Jean-Marie Machado dans la cour de l'hôtel du département. Deux places tarif normal : 10 euros + 1 euro de réservation.

Nous sommes assis à quelques mètres d'Alain Bruel, sur le devant de la scène. Des photographies volées malgré l'interdiction, nous gardons ces six exemplaires à titre de photonotes et comme supports d'évocations futures de ce concert dans un lieu magique.

22:55 23:02
23:07
23:35
23:44

23:48






mercredi 22 octobre - des abattoirs, un manège et des accordéons

Samedi 18 octobre. Nadja et Sébastien sont partis avec un couple de copains faire de l’escalade du côté de Narbonne. Ils ne rentreront que vers 19 heures. Après un bain interminable où une grande partie de l’eau de la baignoire se retrouve sur le sol sous forme d’éclaboussures, Charlotte et Camille choisissent avec soin leurs vêtements, en particulier leurs chaussures, et préparent leurs petits cartons à dessins. Nous avons décidé en effet d’aller faire un tour aux « Abattoirs », où nous avons repéré, Françoise et moi, quelques peintures de Saura, des portraits, certains monumentaux, que nous voulons montrer aux « filles ». Pas question, pour leur éducation esthétique, de leur expliquer ces œuvres et de les traduire en discours. Il leur appartient de se les approprier en les copiant, c’est-à-dire en les interprétant à leur façon.





Cette copie est toujours une activité intense et finalement fatigante. Avant d’aller manger dans un restaurant de Saint Cyprien, quelques tours de manège. Un manège magnifique, d’une finition et d’une créativité exceptionnelles. Les pièces, animaux et machines fantastiques, ont été conçues et fabriquées par un collaborateur de Royal de Luxe. C’est tout dire. Les tours sont interminables, les « filles » sont dans un autre monde. Nous sommes fascinés.






Françoise ayant déjà repéré un restaurant, « Mille et une pâtes », nous nous installons à la terrasse. Comme Charlotte et Camille veulent goûter de tout, nous commandons une salade mirifique, des lasagnes, des spaghettis, des tagliatelles et nous faisons pour ainsi dire assiette commune. Les desserts ne sont pas moins mirobolants que les plats.

… mais il est temps de revenir à la maison et d’amener les « filles » chez la voisine, pour participer à l’anniversaire d’Iris. Quand j’apprends que plusieurs gâteaux au chocolat ont été préparés, je m’inquiète un peu…
..........

Entre 19 et 21 heures, retour à Pau. Le disque « De Nulle Part » nous accompagne. La nuit tombe vite. Noire. Une bande rouge barre l’horizon, à l’ouest. La circulation, dès que nous avons dépassé la sortie de Toulouse, est facile. Nous pouvons profiter de la musique. Curieusement, nous constatons que nous aimons autant ce disque que le concert. C’est assez rare pour être noté. Nous apprécions bien le jeu d’Alain Bruel.






A notre arrivée à Pau, beaucoup de courrier dans la boite à lettres, beaucoup de publicités froissées, et un colissimo envoyé par Alapage : « Accordion’n Drum’n Bass », Turlu Tursu. Un trio belge : basse et guitare ; accordéon, bansuri et melodica ; batterie et percussions. J’avais commandé ce disque après l’avoir trouvé sur Alapage à partir d’une recherche où j’avais tapé « accordion »… pour voir. On y entend des arrangements de morceaux venus de Macédoine, de Roumanie, de Turquie, d’Inde et même d’Auvergne, « La Galinette et Pierre la Chabrette ». Sympathique.

Dimanche, nous déjeunons sur la terrasse en écoutant « Accordion’n Drum’n Bass » et c’est très agréable. Encore la filière Balkans / Belgique : belgo-balkanique !




















mardi 21 octobre - jazz sur son 31 : alain bruel

Jeudi soir, 16 octobre, 22h30. Dans le cadre du Festival « Jazz sur son 31 », « Jean-Marc Padovani Quartet » invite Jean-Marie Machado. Saxophone, batterie, basse, accordéon et piano en invité. L’accordéon, et pour deux morceaux l’accordina, est joué par Alain Bruel. Nous arrivons en avance suivant notre habitude. Installés au premier rang, mon numérique collé contre ma poitrine, sans viser, je vole quelques images – une cinquantaine tout de même -, car il est en principe interdit de prendre des photographies avec ou sans flash.

Le lieu est beau. Un chapiteau dressé dans la cour de l’hôtel du département : un parterre vaste, un déambulatoire parsemé de tables et de chaises, un bar. On croirait une construction « en dur ». Les colonnes et le toit ont quelque chose d’oriental. La configuration nous rappelle l’espace du New Morning. Lors des deux premiers morceaux, nous nous demandons si nous ne nous sommes pas assis trop près de la scène tant les saxophones de Jean-Marc Padovani nous collent à nos sièges. Mais, au fil du concert, peut-être parce que nous nous habituons, nous apprécions de mieux en mieux le jeu des différents instrumentistes, avec, bien sûr, une attention particulière pour Alain Bruel. Une de ses compositions nous enchante, « Rocaille ». Mais nous aimons beaucoup aussi « Soleart » ou « Tolka Polka ». Les rappels sont l’occasion pour le quintet d’inviter Ali Alaoui, percussion marocaine, si bien que le concert se termine crescendo. Comme diraient les aficionados de corrida, on est allé « a mas ».




En sortant, nous achetons « De Nulle Part », Jean-Marc Padovani et le quintet Chants du Monde, où l’on retrouve plusieurs titres de la soirée. Les arrangements sont différents, mais nous sommes contents de garder trace de ce concert.








lundi 20 octobre - 30 secondes

Mercredi. 9h-11h : Pau-Toulouse. Mission de « Papou – Mamou » jusqu’à samedi soir, où nous avons prévu de rentrer à la maison.

Alors que nous nous approchons de la montée de Capvern, alors que nous sommes enveloppés par un brouillard assez dense, alors que nous écoutons « Les pas du chat noir », tout à coup le paysage se dévoile. Il ne se dévoile ni comme un trou de lumière démasquant un soleil bas et lumineux, ni comme un rideau montant au-dessus d’un décor de piémont, il apparaît de manière beaucoup plus subtile et complexe. Il faut se représenter plusieurs voiles de brume d’intensité variable qui se déchirent de manière plus ou moins aléatoire, et qui dévoilent ainsi une végétation tout en nuances de gris, de verts, de rouges et de bruns. Il s’agit bien d’un moment complexe car les variations de la brume combinées à la variété de cette végétation d’automne créent sous nos yeux étonnés un paysage mouvant et quasi impossible à analyser. Ce moment dure environ trente secondes. Instant magique. D’autant plus que, par une sorte d’harmonie préétablie, l’accordéon de Matinier, le piano de Couturier et l’oud de Brahem semblent donner son rythme à ce phénomène de dévoilement. Arrivés près du sommet de la montée, nous sommes éblouis par le soleil, par le ciel immense et par l’éclat de quelques plaques de neige sur les crêtes des Pyrénées.

Trente secondes tout au plus, mais c’est suffisant pour justifier une journée.

lundi 13 octobre 2008

jeudi 16 octobre - frode haltli

Lundi après-midi, Françoise préparait avec un collègue une série d’interventions à destination de formateurs dont le projet professionnel est de contribuer à la réduction de l’illettrisme. Une tâche difficile s’il en est. Une tâche qui implique un bon tiers de dévouement, un bon tiers de technique, un bon tiers d’organisation de l’organisme d’accueil et un dernier tiers d’empathie pour les publics concernés. Une tâche qu’il faut savoir accomplir sans faiblesse jour après jour en dépit des tentations de découragement. Une tâche qu’il faut savoir accomplir en dépit des errements, de l’incurie, de l’ignorance, des a priori idéologiques, des manœuvres minables et à courte vue des politiciens qui multiplient les décisions mal fondées ou simplement et cyniquement démagogiques. Bref, pour laisser Françoise et son collègue à leur préparation, après leur avoir fait une grande cafetière d’arabica du Costa Rica bien serré, je suis allé faire un tour à l’espace culturel de notre hypermarché.

Etrange atmosphère. Des ouvriers s’affairent aux rayons des ordinateurs, de l’informatique et des disques. Il y a du changement dans l’air. Les employés passent et repassent les bras chargés de cds ; ils disparaissent dans les réserves. Il ne reste que les lumières de sécurité et évidemment les lecteurs sont éteints. Malgré ces conditions, la vente continue. Est-ce déjà une préfiguration de ce que sera un espace culturel en période de crise ?

Dans cette atmosphère de pénombre, je laisse aller mon regard sur les disques en sursis de mise en réserve. Pas d’accordéon. Si pourtant. Alors que je suis sur le point de renoncer, une couverture attire mon regard : il faut imaginer une route droite, dans la nuit la plus noire, avec des traits blancs de part et d’autre jusqu’à l’horizon. Image sombre et floue, difficilement lisible. Horizontalement, à peu près à mi-hauteur, je lis, en lettres blanches, « Trygve Seim » et « Frode Haltli », et, en lettres rouges « Yeraz ». Et puis, « ECM ». « ECM », je connais. Jazz contemporain. « Frode Haltli » aussi. Je me rappelle qu’il joue de l’accordéon. Au dos, je vérifie qu’en effet son nom est associé à « accordion ». Celui de « Trygve Seim » est associé à « saxophones soprano et ténor ». Le disque est de 2008. Je lis « 2008, ECM Records GmbH". Je lis aussi « Produced by Manfred Eicher ». Aucune autre indication. Janséniste ! Rien sur le nombre, la durée des morceaux, rien sur leurs titres. Il faut acheter l’album pour découvrir à l’intérieur, avec une photographie des deux musiciens, la liste des morceaux. Dix au total.

De retour à la maison, je prépare du thé pour Françoise et son collègue, et pour moi-même. Ils sont en plein travail. Je me replie vers le bureau où j’écoute le disque deux fois de suite.

Vers 19 heures, Françoise m’appelle : « On a fini ! ». Je lui raconte mon achat. Elle me demande quelle est mon impression première. Je lui dis : « Il y a un saxophone et un accordéon. Frode Haltli ». Je lui dis encore : « Je sens que je vais devoir faire des efforts pour apprécier pleinement ce disque ». « Ah ! Bon ! Pourquoi ? ». « C’est, disons, plutôt minimaliste. Un parcours de notes tenues. Un parcours en demi-teinte. Une tension dramatique permanente, assurée par le saxophone ». Elle parcourt les disques rangés par ordre alphabétique. Elle en extrait un, uniformément vert foncé, qu’elle me tend : « Frode Haltli, Passing Images, ECM ». « Il est sorti en 2007, je me le rappelle ». Elle ajoute : « Tu l’avais trouvé assez raide, non ? ». « Si ! C’est bien la même inspiration. On avance à tâtons dans un paysage de brumes nordiques, mais on avance et alors, quand la lune se lève, des formes mystérieuses et incertaines se dressent de tous côtés, à peine entrevues, déjà évaporées ».

En tout cas, à la troisième audition, je sens que je rentre dans le labyrinthe du premier morceau : « Praeludium / Bayaty / Duduki.12 :39 ». Le processus d’apprentissage est enclenché.

mercredi 15 octobre - deux informations

- info n° 1... reçu ce courriel de Thierry Descaillot, qui annonce une très bonne nouvelle :

L'émission radio "Accordéon sans frontières" revient pour sa 5ème saison sur Radio BLV- Valence
Jazz, musique du monde, accordéon de concert, techno, funk...
Loin des clichés habituels de l'accordéon...
A conseiller à tous les sceptiques de l'instrument.
Retrouvez la rubrique de l'accordéonaute présenté par Sylvie Jamet (découvertes internet)
en alternance avec la chronique Accordéon de concert présentée par Caroline Philippe.
Pour ma part, je vous propose chaque semaine de découvrir mon CD "Coup de coeur",
mais aussi des interviews,des portraits d'accordéonistes...et plein de bonne musique.
Vous pouvez nous écouter sur internet au
www.radioblv.com
vendredi 18h-19h en direct (redif dimanche 13h -14h)

N'hésitez pas à faire passer le message!

Vous pouvez me retrouver sur my space: http://www.myspace.com/thierrydescaillot

Bien musicalement

Thierry DESCAILLOT


- info n° 2... noté la présence de Richard Galliano dans l'émission "Ascenseur pour le jazz" du dimanche 12 octobre. Emission que l'on peut ré-écouter toute la semaine sur le site de France Inter. Ci-dessous, le lien et la notice de présentation.

http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/ascenseurpourlejazz/

dimanche 12 octobre 2008
Entrez dans le sein de la bourse aux valeurs sûres : la planète magique de la Note Bleue ! Pas la peine de spéculer, le Liftier en Chef vous en fait cadeau ! Y'en aura pour tout le monde.
Parce qu'il est un habitué de l'Ascenseur pour le jazz, l'invité du jour
, Richard Galliano, peut prendre quelques libertés avec Le Liftier en Chef, et glisser dans la programmation la musique qu'il aime !
Personne ne peut se plaindre de partager avec lui "Un jour, tu verras", de Mouloudji, par
Claude Nougaro. Bonne occasion de l'écouter évoquer avec émotion cette collaboration devenue belle amitié.
De souvenirs en souvenirs, le temps remonte jusqu'à il y a environ 35 ans quand il accompagnait Serge Reggiani, Barbara, etc.
Et puis il y a les belles surprises d'aujourd'hui, ce projet qu'il a désiré
, Love day. Un album de ses compositions qu'il interprète avec, à ses côtés, Gonzalo Rubalcaba au piano, Charlie Haden à la contrebasse et Mino Cinélu à la batterie et aux percussions, excusez du peu ! Des musiciens hors pair qu'il a retrouvé à Los Angeles, en avril dernier, dans les mythiques studios Capitol. Ceux qu'ont fréquenté avant lui Frank Sinatra et Nat King Cole !
Ce voyage, Love Day, c'est tout à la fois un voyage dans le temps, le voyage d'une vie, d'un jour, un voyage qui commence avec l'aube et finit au crépuscule .

dimanche 12 octobre 2008

mardi 14 octobre - à propos de love day

En consultant les quatre pages de présentation de « Love Day », on trouve en couverture le titre de l’album, la mention « Los Angeles Sessions », le nom des membres du quartet et l’éditeur, Milan 1978-2008. En quatrième de couverture, les photographies de « Solo », du moins le « Solo » édité par Milan, de « Luz Negra », du dvd et du cd « Richard Galliano & Tangaria Quartet -Live in Marciac ». Information classique : description des éléments du disque et inscription de celui-ci dans une collection.


A l’intérieur encore, le volet 2, le plus riche en informations. La liste des musiciens, la production artistique, les ingénieurs et techniciens, et les conditions d’enregistrement : sept jours en tout, ce qui donne une idée de la réalisation du projet de Galliano. Une durée qui indique clairement qu’il en maîtrisait absolument la mise en œuvre. Information de première importance. On imagine que sa notoriété lui permet de dicter ses conditions et que l’intendance suit… Sur le même volet, en français et en anglais, trois paragraphes explicatifs et personnels, signés Richard Galliano :

- quelques mots sur l’inspiration qui a guidé la composition de tous les thèmes de « Love Day » : « évoquer une journée ou une vie, avec la naissance du jour ou d’un être, des paroles simples, les sons de la vie, des oiseaux, de la fête, du recueillement serein et religieux qui précède le crépuscule du jour ou de l’existence […] Avec, toujours omniprésent, un sentiment profond d’amour envers la musique et les êtres chers qui accompagnent une vie… jour après jour ».
- des précisions sur le choix du studio d’enregistrement, le « Capitol Records Studio », présenté comme un lieu mythique, chargé de toutes les vibrations laissées par les artistes prestigieux qui y ont gravé des disques. Un mot sur les musiciens du quartet, rencontrés par Galliano tout au long de ses voyages musicaux.
- deux lignes enfin : « six jours de concentration, de passion partagée, d’immersion totale, loin de tout repère matériel, pour la réalisation et la création de Love Day ».


Au dos de l’emboîtage, une photographie du quartet hilare, des informations sur le producteur et le distributeur, les titres des morceaux avec leurs durées et - commerce oblige !- la procédure à suivre pour télécharger les sonneries de Love Day sur son mobile.


Je me rends compte que, parmi toutes ces informations, un paragraphe me « laisse froid », celui où Richard Galliano explicite l’inspiration qui a présidé à la création de ce disque. Je crois que le titre, sans autre précision, m’aurait suffi. En tout cas, j’ai bien conscience que ce que j’apprends ainsi n’a aucune influence sur mon écoute. Il y a une dichotomie radicale entre ce que je sais après avoir lu ce paragraphe dévoilant l’origine de l’album et les évocations qu’il suscite en moi. Je l’écoute comme une sorte de parcours méditatif, comme une conversation à mi-voix entre des personnes qui se comprennent à demi-mots, comme un travail d’approfondissement introspectif et cela me suffit.

Finalement, je comprends pourquoi je me suis attaché à l’analyse des informations réparties sur le fascicule de présentation et au dos de l’emboitage : c’est que l’on a affaire à des informations de nature bien différentes. Celles qui sont descriptives ou factuelles contribuent à la qualité de mon écoute et de mes perceptions ; celles qui dévoilent les intentions de Galliano lui-même, qui en quelque sorte dévoilent les représentations qui correspondent à son inspiration, celles-ci me restent tout à fait étrangères. Sans doute est-ce dû à ma conception même de l’écoute qui met à distance tout ce qui pourrait ressembler à une explicitation des idées ou des intentions du créateur, que je reçois comme une réduction de ma liberté, de mon imagination et pourquoi pas de ma créativité d’écoutant.

Au fond, je m’en rends compte, je résiste spontanément à tout discours qui tendrait à m’orienter dans la compréhension symbolique d’une œuvre. C’est vrai pour la musique, mais aussi pour l’architecture, pour la peinture ou pour la littérature… La réception et sa qualité, l’émotion esthétique et sa signification, c’est mon affaire.



lundi 13 octobre - pendant la crise, l'accordéon et la houle continuent

Françoise et sa sœur, Chris, avaient projeté depuis quelque temps d’aller à Bordeaux revoir la façade XVIIIème des quais, de redécouvrir la ville par l’intermédiaire du tramway et de retrouver quelques lieux chargés de souvenirs personnels. Les prévisions météorologiques étant favorables, je les ai accompagnées à la gare de Dax, jeudi vers 11 heures. Comme je devais venir les accueillir vendredi au train de 20 heures, j’ai décidé de m’installer à Hossegor jusqu’à leur retour. Ce sera l’occasion pour moi d’avancer les travaux de peinture toujours en chantier.

Le quartier est quasiment désert. Les voisins d’en face tiennent une boutique de fringues. Ils partent vers 9 heures et rentrent vers 20 heures. A deux villas de la nôtre, un peintre-décorateur travaille sans bruits. De même qu’un peu plus loin un menuisier qui installe des fenêtres. Le temps est magnifique : 7 à 8 degrés vers 8 heures et le soir, 18 degrés dans l’après-midi. Pas un nuage dans le ciel. Au loin le martèlement lourd des vagues sur le sable. Une impression d’être seul au monde. Toutes portes et fenêtres ouvertes, occupé silencieusement à poncer des murs et à protéger poutres et huisseries pour préparer la peinture, j’en profite pour écouter de l’accordéon. Le son emplit la villa et occupe tout l’espace, si bien que j’ai l’impression à proprement parler de vivre dans un bain sonore.

Mon programme :

- jeudi, de 14 à 18 heures, « Beltuner 2 », deux fois, et « Morph » du trio P.A.F., idem.
- jeudi, de 21 heures à 23 heures, « Miroirs », deux fois.
- vendredi, de 9 heures à 12 heures 30, « Live Tango », Juan José Mosalini Orchestra, deux fois – bis repetita !-. Le second disque de l’album en prenant un bain… quel plaisir divin! Tango et, en arrière-fond sonore, le rythme ternaire lourd de la marée montante.
- vendredi, de 14 heures 30 à 18 heures 30, « Stille for Stormen », Flukt, une fois et « Love Day », trois fois.

Comment dire le plaisir de cette écoute d’un accordéon ou d’un bandonéon qui se dilate jusqu’à occuper tout l’espace de la villa et même un peu au-delà ? En tout cas, la possibilité d’écouter ainsi deux ou trois fois les mêmes albums modifie ma perception. Je ne saurais dire précisément en quoi, mais je sens bien que la répétition immédiate me permet en quelque sorte d’anticiper chaque morceau, si bien que toute mon attention se porte sur l’interprétation. D’une certaine façon, je n’attends plus ce qui va se passer, toute mon attention se porte sur le comment. Il y a comme un changement de focale, quelque chose d’analogue à ce qui se passe en photographie lorsqu’on cadre un objet en faisant varier le zoom.

Mais, bien entendu, je n’ai pas consommé tout mon temps en écoutant ces disques. Jeudi, en fin d’après-midi, je suis allé rendre visite à l’océan. Une multitude de points noirs sur la crête des vagues régulières et inlassables : ce sont des surfeurs. Au loin quelques bateaux blancs. Entre ceux-ci et ceux-là deux voiles rouges, comme des cerfs-volants. Energie indéfiniment renouvelable ! En parcourant la plage, j’ai le sentiment très fort d’un accord avec l’environnement. Une sorte d’harmonie qui ne dégrade en rien la nature, une satisfaction qui n’implique aucune consommation des ressources naturelles. Le vent, la marée, le sable, le ciel indéfiniment recommencés.








Vendredi, j’ai déjeuné sur la place des Landais. Moules-frites, pichet de vin blanc du Tarn. Le temps est suspendu. Des moineaux viennent picorer le pain à côté de mon assiette.














Le soir, la villa fermée, je fais le tour du lac. J’ouvre la radio, France-info : «… vendredi noir. Toutes les bourses européennes ont dévissé… effet domino… c’est la crise… ».





mardi 7 octobre 2008

vendredi 10 octobre - julien labro / jazz wagon

Les chiens aboient. Le facteur passe de maison en maison. Il s'arrête devant notre porte. J'entends le claquement du volet de la boite à lettres. Parmi des lettres et un paquet de publicités, une enveloppe. En haut, à droite, la date d'envoi et le lieu : 12, Olemps. Pas de doute, il s'agit bien de "Jazz Wagon", 2007, Jazz Wagon and Ed Klancnik.
J'avais découvert ce disque et surtout l'accordéoniste du quintet, Julien Labro, d'une part à travers un entretien de Françoise Jallot ["Accordéon & accordéonistes", n° 79, octobre 2008, pages 42-43 ], d'autre part par la lecture d'une chronique de la même sur le disque "Jazz Wagon" [idem, page 69]. J'avais été intéressé par son parcours : il vit en effet aux Etats Unis où il fait carrière en continuant des études de composition. J'avais également été intéressé par la description de son disque, interprété par un quintet formé par un accordéon, un piano et keyboards, un saxophone ténor, une basse électrique et une batterie. Aussitôt lu, aussitôt fait : j'avais commandé cet album à son adresse e-mail : julien@julienlabro.com

Tout me porte à croire que ce sont ses parents qui se sont chargés de cet envoi ; je les remercie pour leur célérité.

Pour situer le jazz joué par ce quintet, je note la dédicace au dos de la plaquette bibliographique des musiciens : cet album est dédié à Gaylord Klancnik (1945-2005), présenté comme un grand accordéoniste et amoureux du jazz, et à Lawrence Williams (1938-2006), un héros méconnu de la composition de jazz moderne et batteur de Detroit. Dois-je avouer que je ne suis pas capable de décrypter cette dédicace dans la mesure où je ne connais ni l'un ni l'autre. Il n'en reste pas moins que c'est une façon claire pour ces musiciens de déclarer leur filiation et de s'inscrire explicitement dans un certain courant du jazz. Modernité et tradition revendiquée.
Les compositeurs des neuf titres me permettent de situer cet album :
- "Lead Me" (Darell Campbell)
-"Caravan" (Duke Ellington)
-"Naima" (John Coltrane)
-"Libertango" (Astor Piazzolla)
-"Footprints" (Wayne Shorter)
-"Monk's Dream" (Thelonious Monk)
-"Spain" (Chic Corea)
-"Black Narcissus" (Joe Henderson)
-"Number 3" (Lawrence Williams)
Au terme d'une première écoute, trois impressions dominent : l'homogénéité des interprétations, je veux dire qu'à travers les différents morceaux, on perçoit un style, une manière originale de lire les oeuvres interprétées ; l'équilibre entre les différents instruments du quintet ; le son de Julien Labro et même son phrasé, qui me rappellent parfois le meilleur jeu de Ludovic Beier.
Et puis, s'agissant précisément de Julien Labro, à l'écouter, on a le sentiment d'une culture musicale profondément assimilée, ce que j'appellerais volontiers une culture en acte. Une vraie culture, sans effets faciles comme on pouvait le deviner d'après la liste des compositeurs de l'album. Une rigueur sans concessions.



jeudi 9 octobre - cathie travers accordionjo

J'avais noté, le samedi 4, l'article de Françoise Jallot sur Cathie Travers, une musicienne australienne qui pilote un Titano rutilant comme un camion américain.

- "Accordéon & accordéonistes", n° 79, octobre 2008, "Entretien", pages 39-41 (contact page 74).

C'est un article comme je les apprécie, informatif, bien documenté, et chaleureux, marqué par une sympathie évidente et communicative pour l'accordéoniste interviewée. J'avais été frappé par l'éclectisme de Cathie Travers, par son parcours musical, par sa participation à des formations diverses et variées, par son style, lui aussi divers et varié. Une impression de vitalité débordante, une palette sans limites, du concert classique à des recherches expérimentales. J'avais donc eu envie d'en savoir un peu plus sur cette artiste et surtout de l'écouter.

Pour ce faire, évidemment, j'ai rejoint son site et, tout de suite, j'ai exploré YouTube. On trouve Cathie Travers en demandant son nom, mais aussi par "AccordionJo" où elle publie ses propres vidéos et où elle dialogue avec ses "commentateurs". J'ai beaucoup aimé...

J'ai passé l'après-midi d'hier à enregistrer un grand nombre de vidéos ainsi proposées et j'avoue que celles-ci correspondent bien à l'idée de Cathie Travers, que Françoise Jallot en donne dans son article. La sélection que j'ai faite me plait beaucoup...

Pour donner une idée de son éclectisme, je reprends ici quelques titres, sans chercher à les classer par catégories :

- "Fou rire". On pense à une rencontre avec Galliano.
- "Playback", titre éponyme de son dernier disque.
- "Tombo in 7/4"
- "Besame Mucho". Elle chante et sa voix, qui me parait limitée, est touchante. L'accord entre sa voix et son accordéon est fragile mais justement d'autant plus touchant sur ce standard.
- "Helena's Bossa". Plein de douceur et d'alanguissement.
- "Girl from Ipanema". Tout en alanguissement et douceur.
- "Delirium". Limite expérimental.
- "Road to Marocco". Hommage à un style d'accordéon. Filiation.
- "Oblivion " et "Tanguedia" avec le Juniper Chamber Orchestra. Le tango comme une oeuvre classique.

Finalement, outre sa maîtrise technique, j'avoue que je suis sensible, à l'écoute de Cathie Travers, à une sorte de mélange indissociable entre fragilité, prise de risques et détermination dans l'exploration de pistes multiples, sans limites a priori.

mercredi 8 octobre - "love day" reportage

Françoise, qui parcourt chaque soir, disons entre vingt-trois heures et minuit, un certain nombre de sites d'accordéonistes ou d'annonces de concerts, a repéré sur le site de Richard Galliano un reportage de 7 minutes sur l'enregistrement de "Love Day". Hegel disait que la lecture régulière du journal, c'était la prière quotidienne du philosophe. La promenade nocturne sur le web, c'est la prière vespérale de Françoise aux dieux de l'accordéon. J'imagine qu'ainsi elle se prépare de beaux rêves de concerts... Beaux rêves que l'on s'efforce ensuite de réaliser en explorant les dates de concerts bien réels ceux-là.

Bref, l'enregistrement en question est plein d'intérêt, comme toujours intelligent et plein d'humanité.

http://www.richardgalliano.com/common_pages/video_clip.htm

lundi 6 octobre 2008

mardi 7 octobre - juste reconnaissance

En parcourant une nouvelle fois le numéro d'octobre de la revue "Accordéon & accordéonistes", je note, en "Echos", page 10, en bas à droite, cette information qui me réjouit :

Sur Myspace.
Sur internet, la page http://www.myspace.com/blogaccordeonmusique (créée par Sylvie Jamet) est dédiée à la promotion du piano à bretelles et de ceux qui le pratiquent.

Voilà une information qui me fait vraiment plaisir. Je ne connais pas en effet de site plus militant en faveur de l'accordéon. En lui rendant une petite visite, je note : "3400 amis".

dimanche 5 octobre 2008

lundi 6 octobre - "chauffe marcel !"

Vendredi après-midi, un courriel du « Parvis », l’espace culturel où nous avons nos habitudes de chalandage, m’informe que le disque que j’avais commandé il y a deux semaines est à ma disposition : « Quatuor de saxophonistes inédits, Nouvel Archipel ».

Ce disque est édité par Codaex France. La musique est de Sylvain Kassap. Les quatre saxophonistes (soprano, alto, ténor, baryton) ont invité Sylvain Kassap, clarinettes, sur huit morceaux (sur douze) et Marcel Azzola, accordéon, Lina Bossatti, piano, et Hélène Labarrière, contrebasse, sur les titres 3, 6 et 9, soit respectivement « La valse des petits objets », « Tangazz » et « Mademoiselle Pogany ».

J’avais en effet commandé ce disque après avoir écouté « Miroirs » du même quatuor de saxophones inédits avec Marcel Azzola. J’avais découvert cet album un peu par hasard en tête de gondole des disques de jazz. L’idée de « Miroirs », disons le concept pour avoir l'air moderne, est de donner des versions en miroir de plusieurs morceaux : version quatuor et Azzola / version quatuor seul. Plus quelques morceaux interprétés seulement par le quatuor et Azzola. Ce disque est de 2008. Je l’avais bien apprécié, c’est pourquoi j’avais commandé « Nouvel Archipel », enregistré et diffusé en 2007.

J’avais fait, le 18 septembre, une chronique de première écoute de "Miroirs". Depuis, je l’ai écouté à nouveau. Mon intérêt ne s’est pas émoussé, ni mon plaisir. Je dois même dire que des titres comme « Indifférence », « Swing Valse », « Vesoul », entre autres, m’apparaissent de plus en plus comme de vraies réussites. Je ne saurais dire précisément pourquoi, mais je trouve que les arrangements et les interprétations sont marqués au sceau d’une grande intelligence. Quelque chose de très intellectuel et de très sensible à la fois. Je pense ici à la lumineuse distinction de Barthes analysant les dimensions du plaisir esthétique : le studium et le punctum. Intérêt intellectuel d’une part, émotion affective d’autre part. Distincts et indissolublement liés.

Parmi les différents titres de ce disque, l’un d’entre eux a fini par m’obséder, « Valse des petits objets » de Sylvain Kassap. Un objet ciselé tant dans la composition que dans l’interprétation. Or, merveilleuse découverte, ce même titre figure sur « Nouvel Archipel ». Du coup, c’était inévitable, j’écoute en boucle cette valse dans ses deux versions, en intercalant « Indifférence » ; c’était tout aussi inévitable.

Mais cette écoute, curieusement, m’a fait découvrir Marcel Azzola d’une oreille nouvelle. Bien sûr, je l’avais maintes fois écouté et toujours apprécié, mais pas de cette manière. Maintenant, je trouve son toucher exceptionnel et, j’y reviens, je découvre une sorte d’intelligence, de sens de la construction, qui ne m’avait pas frappé jusqu’ici à ce point. Je me représente un artisan qui, de chaque morceau, fait une pièce originale, sans recherche d’effet tapageur, tout en nuances. Si j’osais, je dirais que l’on sent l’accordéon d’un homme d’âge avancé, qui joue ce qu’il estime devoir jouer, sans rien de racoleur ; il n’a plus rien à prouver, il en est arrivé au stade méditatif. Et c’est comme une vision neuve des œuvres qu’il interprète, une vision mûrement réfléchie qu’il nous propose. L’écoute en particulier de la « Valse des petits objets » a fonctionné pour moi comme un déclencheur ou un catalyseur.

Du coup, évidemment, j’ai eu envie de retrouver Marcel Azzola sur d’autres disques. Je n’avais pas conscience de mes richesses. Mais c’est parti, je suis en train de réduire cette inattention :

- présence sur différents morceaux de « Valverde », de « La Forcelle » et des « P’tites chansons de Marc Perrone ». Je l’avais totalement oublié !
- « Vignola Réunion Trio » avec Galliano et Salis.
- « Musique à la mode » avec Lina Bossatti. Je me rappelais « Rhapsody in Blue ».
- « Trois temps pour bien faire » avec Caratini et Fosset. Je me rappelais « Double scotch » et « Canal Saint Martin ».
- « Waltz Club » de Didier Lockwood. Je me rappelais le disque, mais pas les titres.

En fait, je savais que Marcel Azzola était un accordéoniste exceptionnel. Studium. Je viens de sentir qu’il fait partie pour moi des accordéonistes d’exception. Punctum. Ce saut qualitatif, je viens d’en faire l’expérience, de l’éprouver. Aucun raisonnement, aucun argument, aucun discours n’aurait pu me le faire franchir. Il y a de quoi marquer ce jour d’une pierre blanche.

vendredi 3 octobre 2008

samedi 4 octobre - accordéon et accordéonistes

« Accordéon & accordéonistes », numéro 79, octobre 2008, 5,90 euros est arrivé !

Je viens de parcourir cette dernière livraison arrivée, comme d’habitude, avec ponctualité à l’espace « presse » de l’hypermarché. Comme d’habitude, j’y trouve des rubriques ou plus exactement des rédacteurs que j’apprécie, d’autres qui accrochent moins mon attention ou mes intérêts, d’autres enfin qui suscitent chez moi des intérêts nouveaux. Une revue éclectique donc et qui me satisfait. Même si les rubriques consacrées à l’accordéon de concert me paraissent sous-représentées, notamment parce que j’ai toujours le plus grand mal à savoir où me procurer des disques de cette catégorie, je considère que c’est une revue « ouverte », qui rend bien compte de la vitalité de l’accordéon.

Après l’avoir parcourue en diagonale pour me donner une première impression, je me suis amusé à essayer de saisir la structure ou si l’on veut la composition de ce numéro. Structure significative car, de mois en mois, elle varie peu. Une sorte de vitesse de croisière stabilisée. J’ai donc relevé les occurrences des différents éléments composant l’ensemble des 76 pages de la revue. J’ai relevé les occurrences et non le pourcentage, car plusieurs pages ne sont pas homogènes, mais comportent par exemple des échos et de la publicité. Dans ce cas, je compte donc pour une page une occurrence « échos » et une occurrence « publicité », si bien que le nombre d’occurrence est supérieur au nombre de pages.

Si je rapporte mon observation à 100 pages, je trouve les résultats suivants :

- « annonces » : 1/100. Lire 1 occurrence pour 100 pages.
- « boutique » : 12
- « agenda » : 12
- « échos » : 33
- « édito + sommaire » : 1
- « chroniques » : 7
- « pédagogie » : 7
- « articles du type entretien, portrait, histoire, reportage écrit/photos » : 34

J’ai distingué les quatre premières catégories et les quatre autres en considérant que seules celles-ci relèvent du rédactionnel. Bien entendu, il ne s’agit pas de tirer de cette observation un quelconque jugement de valeur. Il me semble cependant que les quatre premières catégories sont le signe d’une bonne santé, d’une bonne circulation d’informations, alors que les quatre autres sont le signe d’une bonne qualité journalistique.

Parmi les différents articles, évidemment je fais un tri spontané. C’est ainsi que, dans ce numéro, j’ai bien apprécié les suivants :

- « Pour l’histoire : le tango en France, 1er partie » de W. Sabatier
- « Entretien de Cathie Travers » avec F. Jallot
- « Entretien de Julien Labro » avec F. Jallot
- « Entretien de Mika Vember & Martina Winckler & Alexander Nefzger » avec F. Jallot

Ce choix n’est pas étonnant car, de numéro en numéro, je lis toujours avec le plus grand intérêt et le plus grand plaisir les articles « savants » de W. Sabatier et les articles « inspirés » de F. Jallot. Je trouve que ce sont deux remarquables « médiateurs ».

Bon… Je vais de ce pas commander par courriel son disque à Julien Labro, « Jazz Wagon », car la chronique de F. Jallot, outre son article, m’a donné envie de l’écouter. Et je sais que je vais passer pas mal de temps à écouter Cathie Travers sur YouTube, car ce que j'en ai entendu me donne envie...

jeudi 2 octobre 2008

jeudi 2 octobre - morph de p.a.f

Lorsque nous prenions une bière en attendant le concert des quatre accordéonistes daqui, devant la salle des Carmes, à Langon, nous ne pensions pas au festival de Junas, ni au concert de P.A.F. Trio - Paolo Fresu, Antonello Salis et Furio Di Castri. Mais comme nous étions très en avance, nous n'avons pas résisté au plaisir de visiter, de l'autre côté de la place, une librairie d'allure quelque peu marginale, en tout cas à forte densité culturelle, "Entre-Deux-Noirs".

Après avoir parcouru les rayons et les tables de livres et un panneau de portraits d'allure expressionniste, nous jetons un oeil sur les disques. Un choix tout à fait intéressant d'oeuvres de jazz ; des cds d'accordéon que nous avons déjà... Tout à coup, Françoise me dit : "et celui-là, on l'a ?". Eh bien, non, on ne l'a pas. Bien plus, j'en ignorais l'existence.


- "Morph", P.A.F., Label bleu, enregistré du 27 au 30 janvier 2004. Dix-neuf titres composés par Fresu (6), Salis (5), Di Castri (5), les trois (2), Offenbach (ouverture des Contes d'Hoffman).

Notre surprise est grande de retrouver gravée sur ce cd une grande partie, peut-être tout, du concert donné par ce même trio au festival de Junas. Le court-circuit est réjouissant. C'est un vrai bonheur de retrouver ainsi, par un effet du hasard (qui n'existe pas), des moments de ce soir dont nous conservons un souvenir intense. Les photographies nous aidant bien dans ce travail de mémoire.

Beaucoup de morceaux sont interprétés au piano par Salis, mais quelques uns aussi le sont à l'accordéon. Dans tous les cas, je le perçois comme un mélodiste hors pair, capable de nous entrainer sur des chemins pleins d'imprévus et, agile comme un chat, de retomber sur ses pieds à chaque coup. Il faut écouter "Baci di Firenze" ou "Corale Soniante".

Et puis il y a Fresu et Di Castri... Sans oublier les jeux sonores de Salis avec des instruments, je devrais dire des objets sonores comme des sacs en plastique ou des bouteilles d'eau minérale froissés contre un micro.

mercredi 1 er octobre - les 5èmes nuits d'aquitaine : bruno maurice et le trio miyazaki à malagar

J'ai souvent insisté dans ce blog, et encore très récemment à propos du concert de Philippe De Ezcurra à Brouqueyran, sur le rôle du contexte dans le plaisir de l'écoute. Je ne crois pas que le jeu des musiciens et les sensations que l'on éprouve soit distinguables de l'environnement où ils ont lieu. Un phénomène est inséparable du site, en tant que lieu et que moment, où il se manifeste. D'ailleurs, on sait bien pour l'avoir expérimenté au moins une fois qu'une position inconfortable, le bruit d'appareils photographiques, une salle trop froide ou trop chaude, un projecteur dans les yeux, un voisin agité, etc... tout cela suffit à gâter tout plaisir, quel que soit le talent des interprètes et la qualité des oeuvres. C'est pourquoi, Françoise et moi, nous attachons une grande importance au fait d'arriver toujours très en avance aux concerts, pour préparer notre attention et pour nous imprégner de l'âme du lieu.

Et pour ce qui est de l'âme du lieu, on ne peut imaginer mieux que Malagar. Au premier abord, on voit une grande maison bourgeoise plantée sur une crête de vallonnement tout en douceur. En s'approchant, on découvre une voie pavée, flanquée de deux bâtiments que l'on peut identifier comme étant d'anciens chais et ouvrant sur un horizon de nuances : gris, bleu, vert, jaune, roux... une sorte d'aquarelle. Le bâtiment de droite, d'allure quasi monacale, est devenu une salle d'exposition et de concert. Les murs sont couverts de vitrines, le faux plafond masque la charpente et améliore l'acoustique. On devine une charpente digne d'un vaisseau de la Royale.


Au bout de cette voie pavée, on débouche sur plusieurs allées parallèles plantées de charmes et l'on est comme aspiré vers le paysage que l'on devine et qui se dévoile un peu plus à chaque pas.

Cette géomètrie de parallèles et de lignes de perspective - on dirait une peinture italienne, quelque chose comme un air de Toscane - cette géomètrie ouvre à son tour sur un monde de rangées de vignes. C'est Euclide qui serait content !

En revenant sur nos pas, de l'autre côté de la demeure, encore des parallèles : vignes et peupliers. Le soleil déclinant joue avec ces lignes en introduisant son jeu d'ombres.


Mais il reste encore beaucoup de temps avant le début du concert. En passant une nouvelle fois devant la salle, nous entendons le trio répéter. Une porte est restée ouverte. Nous nous glissons derrière le dernier rang. Je ne résiste pas au plaisir de faire quelques photographies. Toujours ce goût pour ces moments de tâtonnements, pour ces essais comme autant de pièces d'un puzzle qui trouvera sa réalisation au cours du concert. Bruno Maurice cherche la meilleure position sur la scène, le meilleur rendement acoustique. Manu Solans et Mieko Miyazaki discutent. Les chaises sont toutes vides.



Après des essais acoustiques, le trio se réunit et tâtonne encore. Derniers peaufinages pour ajuster la prestation au lieu.

... Le concert a commencé. D'emblée le charme opère. Pour le coup, les mots me manquent pour traduire nos sensations et nos sentiments.


J'avais déjà noté, à l'occasion de précédents concerts, à quel point le trio est "géométriquement variable". Variable, car "le sommet" Bruno Maurice introduit une sorte de pulsation en s'approchant ou en s'éloignant de ses partenaires. Ce mouvement donne beaucoup de vie à la musique même.

Et puis, un moment solo, très intense. Je parlerais volontiers de recueillement avec l'attention complètement focalisée sur un seul objet : l'accordéon. Son mouvement a quelque chose pour moi de fascinant et de quasi hypnotique.


Mais puisqu'au début de ce texte je notais l'importance primordiale du contexte dans la perception esthétique, je voudrais mentionner ici un comportement du trio qui corrobore mon opinion. Contrairement à certains stakhanovistes de l'accordéon qui enchainent les morceaux sans un mot, sans même en donner les titres, qui parfois même semblent inaptes à la communication orale, les membres du trio savent faire, entre chaque interprétation, une pause pour expliciter le titre ("Asakusa - Notre Dame" (Paris - Tokyo, si j'ose dire), "Caresse", "Saï-Ko", etc...)), pour l'inclure dans une anecdote ou en donner la date, pour dire leur intention, etc... Alors, l'accent de Mieko est délicieux, Manu dévoile tout son humour - il ne faut pas se fier à son allure de nounours ; il faut regarder ses yeux qui pétillent derrière ses lunettes. Alors, Bruno expose toute sa gentillesse, qui est pour moi une très grande qualité. En tout cas, la marque d'une personnalité forte, ouverte, bienveillante.

A propos de l'humour de Manu Solans, j'ai bien aimé ce moment où, expliquant assez longuement l'origine d'un morceau, il s'interrompt pour dire que son explication a d'abord pour but de permettre à Mieko d'accorder son instrument. J'aime bien cette distance associée au plus grand sérieux. Ces parenthèses, ces intervalles, ces interstices font pour moi partie intégrante du charme de ce trio.









mercredi 1 octobre 2008

mercredi 1er octobre - les 5èmes nuits d'aquitaine : les quatre accordéons daqui aux carmes

Ce qui distingue essentiellement un système organique d'un objet mécanique, c'est la caractéristique suivante : dans le premier cas, le tout est plus que la somme des parties alors que dans le second cas le tout est égal à la somme des parties. Dans le premier cas, les interactions entre les éléments produisent des effets émergents, inattendus, imprévisibles, radicalement nouveaux ; dans le second cas, les éléments sont interchangeables et se réduisent à la fonction pour laquelle ils ont été produits ou programmés. Dans ce cas, un élément peut être remplacé par un autre équivalent sans que le résultat final en soit modifié ; dans le cas d'un système organique, tout changement d'un élément entraine une modification des interactions et par conséquent la reconfiguration du système en tant que tel. Cette distinction entre des objets mécaniques, faits de pièces juxtaposées, et des systèmes vivants, composés d'interactions dynamiques entre leurs composants, m'a toujours paru très éclairante. Simple et capable de bien expliquer ce que l'on observe ou ce que l'on perçoit.

Si l'on applique ici cette distinction on comprend clairement que la réunion ou plus exactement la rencontre entre les quatre accordéonistes daqui donne vie à un système organique. D'abord, un élément : René Lacaille, face au public, jouant avec délectation le rôle du patriarche bienveillant mais toujours capable de mettre le feu. Un alcool fort sous l'apparence d'un breuvage sucré ; du piment dans un pot de miel !
Et puis, la rencontre de deux éléments : Lacaille et Michel Macias. C'est à qui réveillera le mieux le fantôme de Clifton Chenier. C'est à se demander s'il n'est pas là, entre eux, même s'il reste invisible à nos yeux. En tout cas, l'échange de regards entre les deux complices dit assez concrètement ce que c'est qu'une interaction entre deux musiciens.

Ensuite, encore sous l'influence de l'échange précédent, Macias solo. J'ai parlé ailleurs à son propos de duende vociférant. L'écoutant, je pense souvent à une sorte de sorcier feignant la folie, un intercesseur qui nous permet d'accèder à un autre monde et qui traduit ses visions en langue d'occitanie.


Et puis, le chaud et le froid, chacune de ces qualités passant alternativement de l'un à l'autre : Macias et Jean-Luc Amestoy. le calme de ce dernier est impressionnant. C'est d'un tout autre monde intérieur que de celui de Macias qu'il s'agit. Alors que ce dernier lève les yeux au ciel, Jean-Luc Amestoy se penche souvent, yeux clos, sur le soufflet de son instrument. J'ai l'impression qu'il l'écoute respirer et que peut-être il lui fait des confidences que l'autre, son accordéon, traduit tout de suite en notes.


Amestoy seul, c'est un toucher inégalable. La fluidité même. Si c'est du piment, c'est du piment doux d'Espelette, pas le cayenne de Lacaille.


A chaque bout de la scène, Amestoy et De Ezcurra. Touches piano de l'Accordiola d'un côté, accordéon de concert de l'autre. Ils se répondent. L'accordéon de concert, d'abord inattendu, apporte sa spécificité, sa sonorité et l'on sent bien que sa présence va profondément influencer l'ensemble. Ils jouent ensemble une petite valse...


Resté seul, Philippe De Ezcurra, dans cette salle des Carmes, si différente de l'église de Brouqueyran par son volume et par son acoustique, Philippe donc prend des risques : final de la suite de Cholminov, "Pavane..." de Ravel, un compositeur basque bien sûr. Pays basque et Russie, deux références qu'il nous fait partager.


Quand les quatre se retrouvent ensemble, c'est "autre chose" et tout en les écoutant inventer leur feu d'artifice, je ne peux m'empêcher d'être attentif à leurs échanges de regards, qui tissent entre eux un réseau complice.


Beaucoup plus tard, alors que Michel Macias et son trio ont fini par épuiser les danseurs, tout le monde se retrouve sur scène et de cette rencontre, comme si l'on était au coeur d'un réacteur, nait une énergie "hénaurme". Oui, mais une énergie sans risques, sans pollution, sans effets secondaires nuisibles. Une énergie qui ne se monnaye pas en dollars, qui ne s'échange pas dans des rapports mercantiles, mais qui se transmet de l'un à l'autre et, chemin faisant, se multiplie...